ÏÏItbrary Darlington Mémorial Library ailaB0.^..\^..'î>-5>. 170.^ V.Sv L'AMERIQUE SEPTENTR TON AÏ:E . ou LA SUITE DES VOYAGES DE Mr. LE BARON DE LAHONTAN s Quî contiennent îaDeferîption d'une grande étendu*é de Païs de ce Continent , l'iatérct des Franfoh & des Anglois , leurs Commerces, leurs Naviga- tions, les Mœurs & les Coùtunaes des Sauvages , âvHunfm DiCTioNAiRE^r /^ UnguîdufMU Le tout enrichi de Cartes 5: de Figures. TOME SECOND. Seconde Idithn y augmentée de la manUn dont Uf Sauvages fe régulent. A AMSTERDAM j M. OÇG XXViii éô^"^ 4^>- Pjg. 1 MEMOIRES D E LAMERIQUE SEPTENTRIONALE. G U LA SUITE DES VOYAGES DE Mr. LE BARON DE LAHONTAN. E vous ai parlé des Colonies ^«- ghîfc s & Françoffes ,da Commerce de Canada , de k Navigation des Fleuves & desRiviéres de ce P aïs- là , de celle de V Europe dans V Amérique Sep- tentrionale , des Entreprifes que les Anglais cnt fait pour fc rendre les Maitres des Colo- nies Trançoifes , des incurlions que les Vran- pis ont t-ait à la Nowvelîe Angleterre & chcE les Iroquois : En un mot^j'ai dit tant de cho- fes qui jufqu'à prélentont été cachées psr lowe IL A î. Mémo i r e s raifon d'Etat ou de Politique , qu'il ne dé- pendroit que de vous de me faire de très* mauvaifes aiFaircs à laCour, Il vous étiez capable de me lacrifier à Ton ixfleniiment par la produélion de mes Letires. Tout ce que je vous ai écrit, & tout ce .que" vous verrez encore dans ces Mémoi- res font des véritez plus claires que le jour. Jeneflâreni n'épargne perfonne. Je ne fuis pointpartial , jclouedes gens qui ne font pas en état de me faire du bien, & je con- damne la conduite de plufieurs autres qui pourroient indiredtcment me faire du mal; je n'ai point cet efprit d'intérêt & de par- ti qui fait parler certaines gens ; je l'acriiie Cout à Tamour de la Vérité ; je n'ai point d'autre but que celui de vous marquer les chofes comme elles font ; je n'ai diminué ^•j! altéré les faits contenus dans les Lettres .que je vous écris depuis i i. ou 12. ans ni dans ces Mémoires. J'ai eu foin de faire .des Journaux très-particularifez pendant le cours de mes Voyages ; le détail en feroit ennuyeux pour vous, & la peine de les co- pier avant que de vous les envoyer , deman- deroit trop de temps. Vous trouverez ici dequoi vous former une idée parfùte du vafte Continent de l'Amérique Septentrion pdle. Je vous ai écrit vingt- citaq Lettres de- puis l'année 1689- jufqu'à préfcnt , j'en ^rde les copies avec beaucoup de. foin. Je DE l' a ^i r^ I CLu E. 5 ne me fuis attaché qu'à vous mander leî chofes les plus efTcntielles pour ne pas jetter vôtre efprit dans mille embarras d'affuresr extraordinaires qui font arrivées en ce Païs- là.Si vous confultcz mes Cartes àmefure que vous relirez les Lettres que je vous ai écrites depuis Tannée 1685. vous trouverez tous les lieux dont je fais mention : elles font très- pârticularirees,& j'ofe vous affurer qu^iln'em a j.imais paru de fi corrcéics. Mon voyage de la 'Rivière Imgiie m'a donné lieu de faire la pe- tite Carte que je vous aienvoyce de-3/,i^J7-/i- makjnacQn 1699. dans ma i 6. Lettre, lleft vrai qu'elle ne marque (implement que cette Rivière &: celle des Miffourts , mais il falloit: plus de tems que je n'en ai cupour pouvoir la rendre plus parfaite parla connoilLnce des -Païs circonvoifins , qui jufqu'à préicnt ont été inconnus à toute la Terre auffi-bienque cette grande Rivière dans laquelle je n^au- rois pas eu la témérité d'entrer fans en avoir été inftruit à fond, & fans une bonne ef- corte. J-e mets la Carte du Canada à k tête de c^s Mémoires ; la -grâce que je vous demande , c efl de ne la communiquer à perfonne fous mon nom. J'ai ajoilté à la tin de ces Mémoires Texplication des ter- mes de Marine & autres qui y font conte- nus, aufli-bien que dans mes Lettres ; ain^ vous la pourrez confulter lorfque vous-lrire^. des moîsque vous n'entendrez pas« V M t M O ï R E f Dcfcrption abrégée âf« Canada. Oiis croirez, Monfîeur , que j'avance un paradoxe en vous difant que laNoa- ^'i/elle France yulgairennent appellce le C4«^- da , contient plus «de terrain qii£ la moitié de l'Europe, m2\s voici comment je le prouve. 'Vous ia.vi:Z que l'Europe s'ctend du Midi au Septentrion depuis le 3.5 . degré de. Latitude j.u(quesau7,2..-iN:deLongitude depuis lepce- gréjurqucsau ^4. Cependant à prendre VEu- r-û^^cnia plus grande largeur d OrienterOc- cident, par exemple duCaiial imaginaire du Tmdis au Volg.t , jufqu'au Cap d' Angle - E^ij en Irlande , elle n'a.que.c^. degrez en Longitude , qui xontiencent plus delieuè's que les degrez qu'on lui donne vers le Cer- cle Polaire j quoiqu'ils foient en plus grand JKombre , parce que les dw^grez de longitude fbnt inégaux ; & comme c'efl: par i'elpace du terrain qu'on doit mcfurer les J^rovinces , les Ifljs 5 & les.lvoyaumes , il me femble qu'on en devroit faire de même à l'égard des quatre parties du Monde. Mcfiieurs les f Géographes qui partagent la Terre au gré de leur iniagin.atjon jdans leur Cabinet , au- roientjjien pu prendre garde à ce que j'a- vance , s'iisy avoient fait plus d'attention. •Vçnons au Canada. Tout le monde fait qu'ij s'étend depuis le 5 9. degré de latitude Jul^ues ail ,6 y, c VJl-à-dire du Sud du IM V M £ M O I «. E § Dcfcrption abrégée du Canada. Ous croirez, Monfieur , que j'avance Lin paradoxe en vousdifant que laNa«- ^elle France vulgairement appellce le Cana- da, contient plus «de terrain que la moitié de V Europe -m2ïs voici comment je le prouve. ^V^ous fave^quel'EMrûp^ s'étend du Niidi au Septentrion depuis le 35. degré de. Latitude i^uiques ai)j:t.>k deLongitude depuis le pde- giéjulqucsau 9 4. Cependant à prendre ÏEu- ,r.i?/f en la plus grande largeur d OrienterOc- eident, par exemple du Caiial imaginaire du Tandis au Volg.t , jufqu'au Cap d'Angle- JB^iJf en Irlande , elle n'a que. 6 6. degrez en Longitude , qui xontiennent. plus de lieues que les degrez qu'on lui donne vers le Cer- cle Polaire , quoiqu'ils foient en plus grand jhombre , parce que les degrez de Iongiuiû£ ibnt inégaux ; &: comme c'eft par i'elpace du terrain qu'on doit mefurer les Provinces , Les IOjs , & les. Royaumes , il me femble qu'on en dfivroit faux de même à l'égard des quatre parties du Monde. Meilleurs les ^Géographes qui partagent la Terre au gré de leur imagination jdans leur Cabinet , au- roientjiien pu prendre garde à ce que j'a- vance , s'ils y avoienc fait plus d'attention. -.Vçnons au Canada. Tout le monde fait qu'ij s'étend depuis le 5 9 .degré de latitude Jur(]uçs aii,^j. c'cii-à-dire du Sud du IM 3^/\ 5--^, ^1\ „„ 3'-'^ _ r^-^-i-ii-y- GRAND H.SVACE, DE T£RR£ *r>£ L 4IiKADOn O LT DES Esi 6 Mémoires peine à s'y établir , à caufe des SaïU'agcSi Quoiqu'il en foitjil cil aujourd'hui fi peuplé qu'on y compte 180000. âmes. Je vous ai^ d éja dit dans mes Lettres quelque chofe de ce Païs là , ain(i je ne m'appliquerai qu'à vous- marquer les principaux endroits, & ce qui peut fatisfaire davantage vôtre curiolîté. La four ce du Fleuve Saint Laurent nous a été, inconnue jufqu'à prefent ; car quoi* qu'on Tait remonté juiqu'à fept ou huit cens lieues, ou n'en a pu trouver l'origine. Le plus loin que les Coureurs de bois ayent été, c'eft au Lac de Lenemipigti qui fe déchar» ge dans le Lac Supérieur ; le Lac Supérieur dans celui des Rurons ; le Lac des Murons dans le Lac Irrié ou de Contt;\Q Lac Brrié dans le Lac de Frontenac , 6: celui-ci forme ce grand Fleuve qui coule vingt lieues aflez paifiblernent , & cnfuite trente autres avec beaucoup de rapidité jiifqu'à la Ville de Mon- real i d'où il continue Ton cours avec mo- dération jufqu'à Owekc, s' élargifTant de-là ppu à peu jufqu a ion embouchure , qui en trc: éloignée de plus de cent lieues. S'il en faut croire les Sauvages du Nord , ce Fleu- ve fort du grand Lac des Ajjinipouals , qu'ils difent être plus vafte qu'aucun de ceux que j'ai nommé , & ce Lac des AJfinipottals cfl fi- tué à 5 o. ou 60. lieues de cdui de Lenemipi- gii* Ce Fleuve a 20. ou 2 i. lieues de largeur à fon embouchure > au milieu de laquelle DE L' A M E R I QJf' E. 7 on voit rifle d'AnticoJhe , qui en a vingt de longueur. Elle appartient au Sieur foliet ^ Canadien , qui y a fut faire un petit Ma- gafin fortifié, afin que les maich.ncîiles Sc fa famille foient à l^abn des furprifes des Bskjmaux , dont je vous parlerai dans la fuite î c'eft avec d'autres Nations Sauvages ^ favoir les Montagno'ts & les Papipanachois , qu'il trafique d'armes & de munitions pour des peaux de Loups Marins , Ôc quelques autres Pelleteries. Vis-à-vis de cette Ifle ^ on trouve rijle per^ iéeïh Cote du Sud. C'eft un gros rocher percé à jour Ibus lequel les Ch.aloupes feu- lement peuvent pafTcr. Les Bafques èc les Normands ont accoutumé d*y faire la Pèche des Moluës en tems de Paix- Elle y eft îrès-abondante , &^ ces Poiifons y font plu«5 grands & plus propres à faire lécher que ceux de Terre Neuve ; mais il y a deux gran- des incommoditez. Tune que les Vaiifeaux y courent du ri'que, s'ils ne font amarres à de bons cables & arrêtez par de bonnes ancres. L'autre inconvénient , c'eft q^u'il n'y a ni gravier ni cailloux pour étendre ces Poilïons au Soleil , & qu'on eft oblige de fe fervJr de vignaux, qui font des efpéces de clay.is. Outre ce lieu de Pèche , il y en a d'autres du même coté à quelques lieues plus haut dans le Fleuve, favoir celui de Gafpé , oij A 4 s M E M 0 r R. È ï les équipages des VaiiTeaux font quelque- fois le commerce de Pelleteries avec les Gaf- fejïens, ce qui porte préjudice aux Propriétai- res de cette Rivière. Les autres font vers les Monts ^ôtre-DAmc dans les petites Bayes ou Rivières qui fe déchargent dans le Fleuve, De l'autre cdté du Fleuve, on voit là grande terre de Labrador ou des £skimatLK ^ qui font des Peuples ii féroces qifon n'i jamais pu les humanifer.. Il femble que le bon homme Homère veuille parler dé cette maiheureui'e Nation Sauvage , en par- lant de (es CyclopeSy car il y a trop de rap- port entr'cux., comme il paroît par ces qua- tre vers du neuvième Livre de fon Odyjféé^ que je trouve trop beaux pour ne pas les, rapporter ici :, A-M o"> u-^i/\\(ji>t Q^iCùv faioiffi Hjxniu "Bv cmm y's a (pu 1^01 ai' d-iuiç.ôu cTî ^kuçoç Gela veut dire que ces Peuples ne s'cm- barraiïent pas de Plaidoyers , ni de mul- titudes de Loix , qu'ils le plaifènt feule- ment d'habiter le fommct des Montagnes ou les Cavernes les plus profondes, que 11 chacun borne fon droit à régler fa Famil- Iç fans fc mettre en peine de fon Voilln, Les DauQJS font les premiers qui l'ont dé- D-E L* À ME R T QJLJ E, 9 couverte, elle efl: remplie de Ports, de Havres & de Biyes , où les Barques de Qj.ebec ont accoutumé d'aller troquer les peaux de Loups marins durant l'Eté avec CCS Sauvages. Voici comment cela lé fait; dès que ces Barw]ues ont mouillé Tari- cre 5 ces Démons viennent à bord dans de petits Canots de peaux de Loups ma- rins coufuës enfemble , qui font faits à peu près commes des navettes de tifkran , au milieu defqiieîs on- voit un trou en forme de celui d'une baurfe , oi^i ils le reniermcnt aîïïs fur les talons aivec d^s cordes. Ils ra- ment de cette manière avec de petites pa- Ictcs , tantôt à droit & tantôt à gauchc^j fans par.chcr le corps ', crainte de rcnver- iér. Dès qu'ils arrivent près de la Barque ils montrent leurs Pelleiéries au bout de Faviron &• demiandem en méme-tems les couteaux 5 la poudre & les-' balles dont iJs ont bcfoin , des fu fils , des haches , des chaudières, &c, enkn chacun montre ce qu'il a, 6c cequ^il prétend avoir en échan- ge ; le marché conclu , ils reçoivent &: don- nent tout , au bout d'un bâton. Si les co- quins ont îa précaution de ne pas entrer dans nos- BâtJmens ,. nous avons audl cel- le de ne nous pas iailTer invellir par une trop grande quantité de Canots ; car ils- ont enlevé afTez fouvent de petits Vaif- ièaux , peu daat que h% Maceiots etoicnt A '5. îo Mémoires occupez à manier de a remuer les Pelle- teries & les Marchandifes. II. faut fe tenir bien fur Çc? gardes durant la nuit , car ils favent faire de grandes chaloupes , qui vont aufTi vire que le vent, & dans Icfquclles ils fe mettent trente ou quarante. C'cfl: pour cela que les Malouins , qui font la Pêche des Moli.ës au petit Nord & les Efpagnols à Vonochona , font obligez d'armer des . Barques longues pour courir la Côte & les pourfuivre , car il n'y a guéres d'années - qu'ils ne furprennent à terre les équipages, . & qu'ils ne les tuent i enlevant audi quel- quefois les Vaiiïeaux, 11 efl confiant qu'ils - font plus de trente mille Combattans, mais - fî lâches & fi poltrons que cinq cens . Clifi'mos de la Baye de Jîudfon , ont accou- tumé d'en battre cinq ou iïx mille. Leur PaVs eft grand , car il s'étend depuis la Cote , qui efl vis-à-vis' des Jfles de Ming.tn , jufques au Détroit de Btidjon. Ils p^iTens ÎO )s les jours à Vljle de Terre-Neuve par le Détroit de Bellijîe , qui n'a que fept lieues de travcrfe , & s'ils ne viennent pas jufqu'à Tlajfance , c'efl qu'ils craignent d'y trouver d ^autres S;Uivages. A cette terre de Labrador , efl jointe la jSaye de Hudfon, qui s'étend depuis le cin- quante- deuxième degré de latitude , &: tren- te minutes jufqu'au foixante - troifîéme. Voici d'où cette B^ye a tiré fon nom. Le DE L* A M F R I Q^U E. î î" Capitaine Henri Hudfon , Anglois de Na- tion , obtint un Vaiflcau UolUndois pour aller à la Chine p-ir un Décroit imaginai- rement fitué au Nord de Y Amérique Sep- tentïtonde. Ce fut fur les Mémoires d'un Pilote Daugis Ton ami , qu'il abandonna le premier deiTcin qu'il avoit formé de pren- dre fa route par la Nouvelle Zemble. Celui- ci , qui s'npelloit Frédéric Anscbild y étoic parti de Norvegue ou à'ifiande , quelques années auparavant , à dcilein de trouver un paffîge pour aller au fapon, par le Dé- iiokde Da^jis ^ qui cil c^ Détroit chiméri- que 5 dont je parie. La première terre qu'il découvrit, fut la B.iye Sauvage fituéc fur la Cote Septentrionale de la Terre de Labrador; de-Ja rangeant cette Côie , il entra dans un Détroit qu'on appeila vingc ou trente ans après le Détroit de Hudfon, Eufuîte naviguant toujours vers rOiieft a il aborda certaines Cotes (ituées Nord Se Sud. Alors il courut au Nord , fe flâtant de trouver un chemin ouvert pour travcr- fer à la Mer de fejfo ; mais après avoir lin- glé jufqu'à la hauteur du Cercle Polaire, Ôc couru rifque de périr mille fois dans les glaces , fans trouver aucune ouverture ni pallage , il prit le parti de retourner fur fes pas. Mais comme h faifon étoic fort avancée , & que les glaces coûvroienc déjila furface de Teau , il fuc obligé d'en- A 6 la Mémoires trer dans la B^^e de Hudfin , & de pofTcf ' l'Hiver dans un Port où plufieurs Sauva- ges fournirent à Ton équipage durant l'Hi- ver 5 des vivres & de très- belles Pelkte- • ries. Dès que h Navigation fut libre poul- ies Vaifleaux , il s'en revint en D;i}i€marc. Cependant Htdfon- Tayant connu dans la fuite, entreprit fur les Journaux de ce D.if- 7Ï01S ^ de palTer au.f /tDow par le Dcrroit de. - T>avis , mais fon entrcprife cchoiia , de même que celle d'un ccrcain 'Bîttmi , & de quelques autres. QHn qu'il en foit , Ilild- fon entra dans la Baye de ce. nom , où il j-eçût quantité de Pelleteries des Sauvages, cniuite il fit la découverte de la l^ûinelle ■ Hollande, appcllée aujourd'*hui la Nouvelle - Tork, , & de quelques autres Terres de h Nouielie Angleterre^ Cependant , on a tore d'appeller du nom de Hudfin y ce Détroit: & cette Baye, puis que celui qui les a pve- jniérement découverts, eft le Danois F,»/- deric .Anschild., dont je viens de vous par- ler , étant le premier Européen qui ait vu . les Terres de l'Amérique S eptentrjonMe, & frayé le chemin aux autres. Ce fut en- fuite, fur les Mémoires de ce Hudfin , que . les Angloïs firent des tentatives pour éta* Klir un commerce avec les A-mcriquahs,. La quantité de Càftors ^ d'autres belles Pelleteries qu'il trafiqua durant l'Hiver avec les. Sauvages, donnéient dsn^ la vûp.:' DE t' A M E R I a^U E. 13 à- quelques Marchands Anglais , qui for- mèrent une Compagnie pour entreprendre ce nouveau Commerce. Ils fournirent pour cet effet quelques Batimens au Capi- taine N^lfon^i qui en perdit quelques-uns dans les. g lacs vers le Détroit, après avoir failli lui rnêmeà périr. Cependant , il en- tra dans la Baye & fe plaça à fembonehu- re d'une grandt Rivière, qui prendfa four-» ce \crs le Lac. des /.Jjimpoujils ^ & fe dé- charge dar^s cette Baye à l^ndroit où il fît conftruire une redoute défendue par quel- ques Canons. Au bout de trois ou quatre ans les Angloïs firent d'autres petits Forts aux environs de cette Rivière ; ce qui ap- porta un préjudice coniidérable au Com- merce des François , qui ne trouvoient pins au Nord du Lac Supérieur les Sauva- ges, avee leiquels ils avoient accoutumé de trafiquer des. Pelleteries, Je ne fai par quelle avanture, les nonmiez des Groz-e^ tiers & Ratijfon rencontrèrent dans ce grand Lac quelques Clïftinos ^ qui leur proiiTirent de les conduire au fond de la Baye, où les Anglais n'avoient pas encore pénétré. En effut , ils leur tinrent parole, ils les y me- nèrent & leur montrèrent plufleurs autres Rivières., au bord defquelles il y avoir ap- parence de faire des établiffemens propres pour y. attirer un grand Commerce de P^aux avec pluiicurs Nations Sauvages. 14- M E 3VrO I R E s Ces François s'en retournèrent au lac Su- péfieur par le même chemin , & de -là ils p^ifTérent à Québec où ils propofércnt aux principaux Marchands de conduire dans la Baye de Hudfon des Vaiiïeaux , mais on fe moqua de leur projet. Enfin fe voyant rebutez , ils allèrent en France , croyant qu'on les écouteroit mieux à la Cour; ce- pendant après avoir prefenté Mémoires fur Mémoires, & dépenfé beaucoup d'argent, on les traita de Viiîonnaircs. Dans ce tems-là, le Miniftrc du Roi à' A:'igUîcrrs ne perdît point roccaficn de les perluader d'aller à Londses , où ils furent fi bien écou- tez j qu*on leur donna plufiairs V^^iifeaux qu'ils y menèrent avec a fiez de difficulté, & conflrui firent en diifcrens end roi rs plu- fleurs Forts tiès-avantageux pour le Com- merce. On fe repentit alors en Fiance , mais trop tard , de n'avoir pas fait alTez d'attentions à leurs Mémoires, & ne pou- vant plus y remédier , on fe rèfolut d'en chafTer les Angloïs à quelque prix "que ce fût : En eflvt, on y réliflic après les avoir vigoureul'ement attaquez par Mer ^ par Terre , à la réferve du Fol't de Neljon où il n'y avoit point d'apparence de mordre il facilement. Les Anglais , quelques années après fc réfolurent de faire tout leur poflîble pour reprendre ces pofles, à quoi ils rtiiP iirent hcureufcment ; car ne voulant pas \ DE l' A ME R I Q^U E, I 5 en avoir le démenti , ils débui'quérent à leur tour les François ; & aujourd'hui ceux- ci fe préparent à leur rendre le change : Au refte, cePaïs-là eft fi froid durant lept ou huit mois de Tannce , que la Mer fe glace dix pieds d'épailTeur , que les arbres & les pierres mêmes fe fendent , qu'il y tombe dix ou douze pieds de neige qui couvrent la terre plus de fx mois, & que pendant ce tems on n^oferoit fortir de fâ n^aifon , fans rifquer d'avoir le nez , les oreilles & les pieds gckz. La Navigation eft fi difficile & fi dangereufe d'Europe en ce Païs-là 5 à caufe des glaces & des cou- rans, qu'il f^ut erre réduit à la dernière raifére , oupoiridé d'un aveuglement juf- qu'à la folie, pour entreprendre ce détefla- ble Voïage. Il efi: Tems de pnffer maintenant de la Baye de Eudfon au Lac Supérieur, Ce voVa- ge ed: plus facile à faire fur le papier que réellement , car il faut remonter près de cent lieues la Kiviére des Mailhi^^indibi\ qui cft fi rapide & li pleine de Catarades , qu'à peine fix Canoteurs dans un Canot allégé, peuvent-ils en venir à bout en tren- te ou trente -cinq jours. On trouve à la fource de cette Rivière un petit Lac de même nom , d*oii on eft obligé de faire un portage de fept lieues pour attraper la Ri- viéxe de MUhi^itkpton , qu'on defçend en-^ ï ^ M EMOiFv'HS ^uite en dix ou douze jours , quoi-qii'cHl Toit obligé de Faire quelques portages. Il eil: vrai qu'on (àute plufieurs Cacara(5tes eu defcendant , où Ton: çft- contraint de porter les Canots ou de Jes traîner en remontant. Nous voici donc à ce grand Lac Supérieur qu'on eftime avoir cinq cens lieues de cir- cuit, y comprenant le tour des Anfes 6c àts petits Golfes, Cette petite Mer douce efl allez tranquille depuis le commence^ ment de Mai juiqu'à la fin de Septembre, Le côté du Sud eft le plus affaré pour la Navigation dts Canots par la quantité de Bayes &: de petites Rivières oi^i l^n peut relâcher en cas de tempête. Je ne faclic point qu^il y ait aucune Nation Sauvage fédcntaire fur les bords de ce Lac , il cil: vrai que durant TLté plulietirs Peuples du Nord , vont chalïer- & pêcher en certains endroits oii ils apportent en même terris les Caftors qu'ils ont pris durant l'Hiver , .^pour les troquer avec les Coureurs de bois qHÎ ne manquent pas de les y joindre tous les ans. Ces lieux font Bagouafch , Lemi- pfikj & ClhigoÛAmïgon. Il y a dcji quel- ques années que Mr. Dulhut avoir con- jftruJt un Fort de pieux , dans lequel il avoic des Magasins remplis de toutes fortes de Marchandifes. Ce pofte , qui s'appelloit Camanifl'fgoyan y faifoit un tort coiiiklcrablo ^Mx Anglçts de la Baye de Hudfon y paicç ^DE lAmfri Q^tJ E. rj qu'il cpargnoit à quantité de Nations lapei- "e de craniporter Jeurs Pelleteries à CQ^ac Baye. Il y a fur ce Lac des Mines de cuivre, dont Je métal eft fiabondant & fi pur qu'il n> a pas un feptiéme de déchet. On y voit quel- ques lUes afTez grandes , remplies d'Elans & de Caribous, mais il nVa guéres de gens qui s avifent d> aller exprès pour chalTer , à eau- ie du rifquc de la traverfe. Au refte , ce Lac eft abondant en Eturgeons, Truites & PoifTons blancs. Le froid y eft excefîiF du- rant fix mois de Tannée, ^' la neige fe joi^ gnant à la ^t\éc , glace ordinairement les eaux de ce Lac jufqu à dix ou douze iieuës au large. Du U4 Supérieur , je pafTe à celui des Humis, auquel je donne quatre cens lieues de circonférence. Or pour y aller il faut dzCcQndrç le Saut Saintg^Marïe^ , dont je vous ai pnié dans ma quinzième Lettre- Gc Lac eftluué fous un très-beau climat., comme vous le voyez fur ma Carte. Le coté du Nord efl le pîus navigable pour les Canots, à caufe de. la quantiic d'Iflcs ious lefquelles on peut fe mettre à fabri du mauvais tem.s. Celui du Sud eO: le plus beau & le plus commode pour la chaf- ie des Betes fauves , qui y font en aiîl^z grande quantité. La f gure de ce Lac , ^ii à peu près celle d'ua tnangie équilaté- îS Mémoires rai. Parmi fes Ifles , celle de Manhoualhy eft h plus confidérable. Elle a plus de Vingt Jietiè's de longueur & dix de largeur. Les Outaouas de la Nation du T^lon ik du Saèie y habitoient autrefois, mais la crainte des Iroquo'îs les a contraints de fe retirer avec les autres à Wjfilimakinaçi Vis-à-vis de cette lile habite en terre- ferme les N(?r- hes & les MïjfiUgiies en deux Villages dif- ferens , éloignez de vingt lieues Tun de- l'autre. Vers le bouc Oriental de cette même Ifle , on trouve la Rivière des Tran^ cois y dont je vous ai parlé en ma feiziéme Lettre ; elle eft au {H large que la Seine à Taris ^ & de fa iburce , qu'elle tire du Lac de ^epïcerim , jufqu a ion embouchure , elle n'a tout au plus que quarante lieues de cours. On voit au Nord^Eft de cette" Rivière la Baye de Toronto qui a vingt ou vingt-cinq lieues de longueur & quinze d'ouverture , il s'y décharge une Rivière qui fort du petii Lac de même nom , for- mant plufieurs Catarô^dics impratiquab'cs , tant en defccndant qu'en montant. Cette tête d'homme > que vous voyez marquée fiir ma Carte au bord de cette Rivière, ■ défigne un gros Village de Hurons , que les Iroqiicis ont ruiné. De fa fource on ' peut aller dans le Lac de Frontenac en fai- iant un portage jufqu'à la Rivière de Ta- ?mwaté ^l^i s'y décharge. Vous pouvez î) E l' A M E R I CLtT E. ï J? remarquer au côré Méridional de la Baye déToronro, le Fort fuppo/éy dont je vous'ai fait mention dans ma vingt -troifiéme Let- tre. A trente lieuës de -là* vers le Sud , Von trouve le PaVs de Theonomate que \qs Iro* quoïs ont tout-à-faic dépeuplé de Hurons* De -la. , je paiïe droit à mon Fort, fans ni 'arrêter à vous faire une defcription inu« tile des PaVfages differens <^u on voit dans rcfpace de plus de trente Iku'és, Je vous ai parlé tant de fois de ce pofle , que je fauterai droit à la Baye du Sakjnac , fans vous parler de la quantité de battures & de rochers qu'on trouve.cachez fous Teau iufqu'à deux lieuës au large. Cette Bayera feize ou dix-iépt Jieuè's de longueur & fîx d'ouverture, au milieu de laquelle on voit àQxxx petites ifles très-utiles aux Yoiaaeurs - qui feroient obligez le plus fouvent de fai- re le tour de la Baye, plutôt que de s'ex- pofer à faire cette traverfe en Canot. La Rivière du Saktnac fe décharge au fond de la Brîyc. Elle a foixante lieuës de cours afiT.z ■ paifible n'a-ant que trois petits Catarades qu'on peut fauter fans rifque. Elle eft auflî large que la Seine au Pont de Sé:v€. Les Ou- Uouas 8c les Hur&ns ont accoutumé d'y faire tous les deux ans, de grandes chaiïes de Ca- ûors. DecetteRiviérel M'^filimakhiac il n'y a, . point d'endroit qui mérite la peme d'en par- - 1er ; je vous ai dit tout ce qu'on pouvoit dire *0 M E N O I R F. s de ce porte , fi utile pour le commerce , 'cry vous en cnvoiant le plan. A^nfi je pailerai à la dcfcription du Lac Errié, me fou venant de vousavc«r fait celle du Lac d^s Uinoh dans ma feiziéme Lettre. L'on n'a point eu tort de donner au- Itti Irrie un nom aulTi illufVre que celui de Contï , car c'ef]; apurement îe plus beau qui Toit fur la terre. L'on peut ji-igei' ^^^ la bonté' de Ton elirnsc par les latitudes des Païs qui Tenvironnent. Son circuit tO: de deux cens trente lieues , mais par tout d'un afpcâ: fi charmant qu'on voit le long de fes bords d^s Chênes , des Ormeaux , des Châtaigniers, des Noyers , des Pommiers, des Pruniers , & des Treilles , qui portent leurs belîes grapes jufqu'au Tommet des Ar- bres fur un terrain uni comme la main ; ce qui doit lufEre pour s*en former l'idée dw monde la plus agréable. Je ne faurois d'ail- leurs vous exprjn-îer la quantité de betes fauves & de Poulets-d'Inde qu'on voit dans ces bois & dans les vaftes prairies , qn'oa découvre du cô-té du Sud. Les Boeufs Sauvages fe trouvent au fond de ce Lac fur les bords de deux belles Kiviéres qui s'y déchargpnt fans rapides ni caiarades» Il eft abondant en Eturgeons & Poidbns blancs , mais les Truites y font rares auQi- bicn que les autres Poiffons qu'on pèche dans les Ucs des Ihmns &: des llirms. Il DÉ L^ A M E R I QJO g, 1 X cft aufïi fans batures , fans rochers ni banc^ .de fable ; la profondeur eft de i 4. à 1 5, bralTes d'eau. Les Sauvages afTûrtnc que hs gros vents n'y fouflrnt qu'en Dccem- :bre , Janvier & Février , quoique rarement, ce que j'ai lieu de croire par le peu qu'il en fit durant FHiver que je paflai à mon ■'Fort en r68 8. quoiqu'il fut expoféau Lac des H 'irons. Les bords de ce Lac ne font ordinairement fréquentez que par des .?uer- Jiers , fohirûquâis , Hlnoïs , Oiîjn^mïs , &c. &: le rifquedes'y ariêcer à la chaflc cii rrop grand. Ce qui fait que les cerfs , les ché- Vi'eiiils &les poulets d'Inde courent en trou- peaux je long du Rivage dans toute l'éten-- àué des Terres dont il cft environné. Les Errîeronons & les IndaJIogueronons qui habi- r-oicnt au bord de ce Lac aux environs, ont été détruits par les Iroquols , aufTi-bicn que d'autres Nations marqu-ées fur ma Carte. .0n découvre une pointe de terre du c6:c du K'ordquia^;ance quinze lieues au large 5 ëc à trente 1-iei.ës de.là vers l'Orient , on trou- ve^une petite Rivière qui prend fa fource près de h Baye de Ganarask^ fiiuée dans le Uc Fwntenac, Ce feroit un pafïage aflez court d'un Lac à fautre fi elle '''n'a voit point de Catarades. De-Ià au détroit .c'cfl- à dire à h décharge de ce -Lac , il y a trente lieues. Ce détroit en a 14. de longueur ôc ,Kiie. de largeur. Ce Fort iupofé .q\ie v-ou;s iti 'Mémo ï r es voiez fur ma Carte en ce lieu-là, efl utî de ceux donc je vous ai parlé dans ma vingt- troificme Lettre. De ce prétendu Fort à la Rivière de Condé il y a vingt lieues. Cette ^Rivière a {oixante lieuè's de cours lans Ca- tarades , s'il en faut croire les Sauvages , qui liJ''ont ailuré que de fa (ource , on pou- voit aller dans une autre qui fe décharge a Iz Mer , n'y aiant qu'un portage d'une lieui*. De Tune de ces Rivières à Tautre je n'ai été qu'à l'embouchure de celle de Condc c\x nos O«wo«4/ éprouvèrent leurs j.imbes , comme je vous l'ai expliqué dansmaquin- 2,iéme Lettre. .Les Ifles que vous voiez fur ma Carte fîtuées au fonds du Lac font des parcs de chevreuils, & des arbres frui- tiers que la Nature a pris plaifir de faire poufîerpour nourir de leurs fruits les Dm-» dons 5 les Faifans , & les Bêtes fauves. En- fin fi la navigation d€S VaifTcaux étoit libr€ de Québec julques dans ce Lac , il y auroit dequoi faire le plus beau , le plus riche & le plus fertile Roiaume du Monde : car outre toutes les beautez dont je vous p.irle , il y a de très-bonnes mines d'argent à 20. lieues dans les terres le long d'un certain coteau d'oùles Sauvages ont aporté de giofl^s pier- res qui ont rendu de ce précieux métal avec peu de déchet. Du Lac Erri^ je tombe dans celui de î^rontemtc , dont je n'ai pu m'empêcher de DE L* A M E R I Q_t? E. ^ 5 VOUS parler dans mes feptiéme de troifiéme Lettre?. Ce Lac a , comme je vous ai déjà dit, iSo.licuè'sde circuit; fa figure eft ova- le, & la profondeur de 20. 325. braffes d'eau. Il s'y. décharge du côté du Sud plu- fleurs petites Rivières , favoir celles des TfimntQuans, des Onnontagues & de la F**~ fuinéidu coté du Nord , celles de Gaturaske & de Téonontaté, Ses bords font garnis de ,bois de haute - futaie fur un terrain sfTez égal , car on n'y voit point de côccsefcar- pées , y âiAntplufieurs petits Golfes du côté du Nord. On peut aller dans le Lac des Murons par la P^iviere de Tanaouatê en fai- fjnt un portage de fept ou huit lieues jufqu^'à rcc\\x\ de Toronto y c^m s'y décharge par une ivivierede même nom. On peut aufTi paT» fer dans le Lac Errié' par la Baye de Gam^ .rashj , en faifant un autre portage juiqu a une petite Rivière pleine de Catarades. Les Villages des Onnontagues , Tfonontouans, Goycguoaîis & Onmjontes , ne (ont pas fort éloignez du Lac Frontenac. Ces Peuples Iroqucis font très-avantageufement (ituez. Leur PaVs efl beau & fertile , mais les Chevreuils & les Dindons leur manquent aufli-bien que les Poiiïons , car leurs Riviè- res n'en portent point ; de forte qu'ils Vont obligez de faire leurs pêches dans le Lac^ & de les boucaner enfuite pour les pou- voir garder & tranfporter à leurs Villa- 24 Mémoire s ges« Ils font obligez aufîi de s'écarter de kiirs tcries pour faire chafllr des CaftoF-s durant l'Hiver, (oit du côté de Ganara^ke\ du Lac Toronto ,ou de la grande Eiviere des Cutiîouas 5 où il feroit facile de leur cou- per la gorge , (i Ton sy prenoît de ia ma- nière que je vous Tai explique. Je vous ai auffi parlé des Forts de trontenac éc de Nia- gara j &: du Fleuve Saint launnt qui f.m- ble avoir abandonne les Lacs pour courir plus étroitement le lonc; du Mcnnal 6- de Quibcc , où fes eaux fe mêlant av^c ce'lc-s de la Mer , deviennent ii faiées qu'on n'en fauroit plus boire. 11 ne me rcfle plus qu'à filrela defcri- ption de VAcadie èc de Vlfle de Tcrre'Keuvey qui font des PaVs bien dilfcrcns f un de l'autre. Les Cotes de ÏAcadte s'étendent depuis Keneùc^'î y qui ^R la Pl^ce frontière de la Nouvelle Angleterre , jufqu'à V^flc Fer* €ée , (ituée vers l'ernbouchure du Fleuze St, Laurent. Ce PaVs d'Acadie contient près de trois cens lieu^'s de Cotes Mnritimes , le long defqueîlcs on trouve deux grandes Bayes navigables , favoir la Baye Fran- €oife & celle des Chaleurs. Il y a quant uc de petites Rivières , dont les entrées font fiincs & profondes pour les plus grands VaifTeaux : elles abondent en Saumons, dont on pourroit faire des Pèches confdé- rablc5 fi on vouloit rcntrcprendre,cn j-e- ch croit t> E l' Amérique, 2 -a cheroit auffi , dans ia plupart de ces Rivi^ res & des petits Golfes qui -les précédent, •quantitede Morues telles qu*à Vip Percer. Car ces Poiiïbns donnent à la Cote en* abondance durant IXcé , & iur-tout aux environs des Ifles du Cap Breton & de Saint pan. Il cfi vrai que les Ports de la pre- iniere ne peuvent fervir qu'à retirer de» i^arques , & que la féconde n'en a poinn du tout , mais fi ces deux ïflcs t coient peu- pices , leurs Habitans pourroicirt envoler tous les jours leurs Chaloupes à ia Pèche ^ & lors que leurs Morues ferofent prêtes a la fin d'Août , les Vaiffeaux pourroient niomller près de terre & sen charaer. U Kiviere de Saint fe an , où les Sieurs d'A^ mur de ô^lpec ont un établiffement pour le Commerce des Caftors, ed très-belle & tres-fertile en grains . elle eft naviguablq jufqu'â douze lieuè's de fon embouchure, Entre la Pointe de ÏAcadie & Vip du ca» breton, il y a un Canal ou Détroit de Mer d'environ deux lieues de largeur , affez pro- fond pour porter le plus grand VaiOeau de ^rance , on l'appelle le p^iffage d$ Can. fijtux , il feroit plus fréquenté qu'il n'eft , fi les Navires Marchands qui vont en Ca- nada , vouloient partir de Frat$ce vers Ifi M. de Mars, car ils pourroient palTer par- ia , étant afllircz de trouver en toute faifoa ce piiTige libre , au lieu que le chenal du Tonu IL M »^ -M E M 0,1 R B s ,-C4p de Krf^^ efl: fou vent rempli de gîac« €n Avril. De cette manière, les Vaiffeaux devroient arriver à Q^iebcc au commence-' ment de Mai. Prerque toutes les terres de ÏAcadie font fertiles en bled , pois, fruits & légumes ; on y diftingue aflez bien les quatre faifons de l'année ,, quoi- que les trois moisd-Hiver y foient extrêmement froids. On tire de plulieurs endroits dc5 jT>âtures aufli fortes que celles de Norvège , & Ton y pourroit conftruire toutes fortes de Bâtimens s'il en étoit befoin , car les Chênçs furpalTent en bonté ceux de notre îurape , s'il en faut croire les Charpen- tiers : En un mot s ce Pa'ù-là eft tout-à-fait beau ; le climat pafTablçment tempéré , Tair pur & fain , les eaux légères & claires , ^c Ja Chaireôc la Pêche y font abondantes. I.es Caftors , les Loutres , 6c les Loups ÎAânnSy font les Animaux qui s'y trouvent Je plus communément , ils y ibnt miêmc » en très-grand nombre ; ceux qui en aimept Jes viandes, Xont bien redevables aux Doc» teurs qui perfuadércnt aux Papes deméia- jrjorphofer ces Animaux terreftres en Poif» fons , car ils en peuvent ufer librement Se fans fcrupule pendant le Caiénie. Au ^eÛe , la connoiflance que j'ai de ce Païs- là > me fait prévoir que lot ou tard les An£lois s'en rendront les Maîtres. Les wilbûJ que j'enpourrois donner foxi.ci r^s- D 1 L'  74 E R I QlXJ «% E7 ;flaufibles; ils ont dcja commencé à ruiner le Commerce des Pelleteries que nosFrm^^ fois avoient accoutumé de faire avec le$ ijauvages , & ils achèveront bi.n-tôt de le perdre entièrement. "N os François veulent vendre trop cher leurs Marchandifes, quoi qu'elles ne foient pas fi bonnes que c^-Iles des Anglots , qui les donnent }.ourtant à meilleur marché. Ce feroit dommage de laifllT aux Anglots un PaVs dont le Com- merce des Pelleteries & les Pêches de Mo- rues leur en ont fait fi fouvent tenter k conquête. Il eil: impoffible qu'on les em- pêche d'enlever les ccablifTemens des C 6- tesdsjV Aca die i parréloigncmentoù ils font les Uiis des autres , ils v rc-lilTiront comm^ ils ont déjà fait. Les Gouverneurs Fran-- ^ois ont les mêmes vues que ceux de bien d'autres poftes d'Outre- Mer. Ils coniidé- rent leur emploi comme une mine il fe jetta chez ces S^iuvages dont il avoir apris la Langue. 11 fe maria à leur manière , pré- férant les Foiêts de VAcadie aux Monts Pîreîfees dont Con PaVs cfl: environné, if vécut hs premières années avec eux d'une manière à s\n fa i-rc eftimcr au-delà de touc ce qu'on peut dire, ils le firent gr^nd Chef, qui eft comme le Souverain de la Nation, ôc peu- à-- peu il a travaillé à fe faire une fortune dont tout autre que lui fauroit profiter , en retirant de ce Païs-Ià plus de deux ou. trois cens mille écus qu'il a dant Tes coffres en belle monnoie d'or. Ce- pendant il ne s'en (ert qu'à acheter des Mar- chandifes pour faire des prefens à fes Con- frères les Sauvages , qui lui font enfuite , aii retour de leur. chaiTes , des prefens de Ca- ftors d'une triple valeur. Les Gouver- neurs Gér.éraux de Canada le ménagent, & ceux de la Nouvelle Angleterre le crai- gnent, n a pluiîeurs hll-cs & toutes ma- riées t'ès-avanrageufemcnt avec des Fran- tois , aiant donné une riche dot à chacune B3 ,._., ^ty M E M o I R ! s- il n'a jamais changé de femme, ponrapre»* dre aux Sauvages que Dieu n'aime point les hommes inconflans. On dit qu'il lâche de convertir ces pauvres Peuples , mais quefes^ paroles n^prodiii Tant aucun fruit, il eft donc, inutile que les Jéfuites leur prêchent les vé- jitez du Ghriflianifme : cependant ces Pères ne fe rebutent pas , ils eftiment que le Bjptê-- sue conféré à un enfant mourant , faut dis fois la peine & îe chagrin d'habiter avec ceS Beuplcs. Le Porr^Roial , Ville Capitale ou Tuni- que deTAfadie , n'efl: ,au bout du compte, qu'une très petite Bicoque , qui s'eft un peiï agrandie depuis fe commencement de la guerre i 6 8 9 • par l'abord de quantité d'Ha- bitans des Côtes du voiiinage de BâftoK^ Capitale de la Nouvelle Angleterre. 11 s'y «n jetta beaucoup ; dans la crainte qu'ils eu* rent que les Anglois ne les pillaiïent & nô les amenaient en leur PaVs. Mr. de Men^^ ^/il, comme j'ai déjà dit, rendit cette Pla- ce aux Angle'îs , ne pouvant foûtenir c€. pofte avec le peu de François qu'il avoir, parce que les paliiïades ctoicnt balTes & mal en ordre. Il fit fa Capitulation avec le Commandant du Parti qui l'attaqua j mais il lui manqua de parole , car il en fut traité avec toute forte d'ignominie ÔC de dureté. Cette Ville eft fituée au 44. degré ôc 40» minutes de latitude fur 1« 2)' E ïf A ME R'r ^ qui a vint &: quelques lieues de longueur & dix ou douze de lar- geur. Le Fort ed: placé fur le bord d'un-.; '€oulei o\i petit détroit de foixante pas dé- largeur , & de (ix b rafles de profondeur» Il faut que les VaifTeaux rafent , pour ainfi dire , l'angle des Haftions pour entrer dans le port , qui peut avoir une lieuë de longueur ♦ Kcjfiç i mouvtmmt inftnfj'-yit it U M'f , m v*^t4et é^.- ' ^êniti 5«* rciéUnt fur U furfAct 4t U tAtr, D E l' a m E R I QU ï- ST ^'""un demi quart de largeur. Ce port eft précédé d'une grande & belle Rade d'une lieue & demi d'étendue , mais tellement ex} ofée au vent deNord-Oiieft & Nord- Nord-Oiiell: (qui font les plus terribles dc les plus opiniâtres de tous les vents )& au furieux fouBe dcfquels ni cables ni Ancre» ni gros VaiiTeaux ne iàuroient réfiflcr , ce oui n'arrive guère que dans rarnere-riifon. Il en coûta un fécond VaifTcau au Roi de 64. Canons nomme le Bvn la même an- née que le fotï fe perdit ; di fi les quatre ou cinq autres de cette Efquadre n'euflenc eu 1,1 précaution d'entrer dans le port ils 3-uroient infailliblement couru le même fort. Cette Rade quin'eO: donc cxpofée qu'à ces vents de Nord-Giieft & Oiieft- Nord Oued cache quelques rochers de la- bande de Nord , outre ceux de la pointr %'^rte , ou plulleurs Hjbicans ont accoutu- mé de faire la pêche. Vous pouvez con- iidérer toutes ces cliofes fur le plan donc j'accompagnai ma vingt-troifiéme Lettre- Il vient pour l'ordinaire trente ou quarante Vaiffeaux de France à Pîaiftnce tous les ■ ans , & quelquefois plus de 60. Les uns y viennent pour faire la pêche , & les autres pour faire la troque avec les Habitans , qui demeurent l'Eté de l'autrecâté du Fort» Le terrain des Habitations s'appelle U Gran-^ âêGravf , parce ^u'^n eitst ce n'eft'quç du • $6 Mémoire?^ gravier fur lequel on étend les morii?^ pour les faire fécher au Soleil après qu'cl- ks font Talées. Les Habitans & les VaiC- feaux pêcheurs envoyent tous les jours leur» Chaloupes à la pêche à deux lieues du port^ ÎElles reviennent, quelquefois fi chargées- qu'elles pa^roilTent comme enfevelies dans la Mer , ne rcfrant que les fargues. Cela furpaile- l'imagination. Il faut avoir vu la- «hoie pour la croire. Cette pêche com- .snence à 1 entrée de Juin & finit à la mi«^ .Aoûr> On pêche la boëte dansle Port , c'efl:-à-dire,ic5 petits Poiiîons dont on feferc pour garnir les Hameçons des morues. Les graves manquent à Plaifance,^ ce qui fait qu'il i^'t'il pas il peuplé qu'il le devroit être : fi -les GC)uverncurs piéfcroicnt le fervice du Roi à Tavidité du- gain on en fcroit un pofte confidcrablc , & où. bien des gens vicndroicnt Faite des graves à leurs dépens; mais perdant que les Gouverneurs pilleront Je bien des parriciiliers , fous le beau pré- texte du- fervice- du Roi qu'ils nomment par tour , je ne voi point d'apparence que cette Habitation grciliUe &: s'étende jamais. K'eft ce pas deshonorer fon Prince t^ fon JEmploi , que de farre le Pérheur, le Mar- chand , ie Cabiretier & cent autres me*- tiers de la plus balfe mcchanique ? N'eft- «e pas une tirannie , de forcer les Habiw ^"ks d'acheter d'un tel ûu tel Vaifleau i«$ DE l'A M E RI QJJ E. $Y^ marchandiles dont ils ont befoin , & de vendre les morues à d'autres VaifTeaux où Melîieurs les Gouverneurs ont le prin- cipal intérêt ? N'efl^ce p^s contrevenir aux Ordonnances de Lokis XIJ^o que de s'apro- pricr les agrêts &• les apparaux des Vaif-* féaux qui pépiffent à la côie ; de retenir les équipages des Navires-Marchands pour fai» re fa pêche ; de vendre les Habitations , d'^mpécBer de hauder les-enchcres des effets vendus à l*encan pour fe les appro- prier dépure autorité; de changer les vi- vres des troupes dans les Magazins , y pre- nant de bon bilcdt pour yen remettre de mauvais 3 en faire aurant du bœuf & du lard deftinez à fentretien de la garnifon ; obli- ger les Habirans à donner leurs Valets ôC leurs Charpentiers pour les employer à des travjtux où le fervice de Sa Majefté a moins de part^que celui de la bcurfe. Voi*- îLdes abus qu'oa devroit réformer , Ci Von veut que le Roi foit bien fervi. Cepen- dant on ne le fait pas : j'en ignore la rai- fon ; qu'on la demande aux Commis de Moniîeur de.P**'^» Je fuis pariuadé que îoutes CCS pirateries ne viennent point à la connoidance du Roi , car il eft trop juflè pour les fouiï-nr. Au rctte il ne croit ni bled, ni feigle., ni pois à Plaifance, car la terre n'y vaut rien. Outre que quand elle iefoic aiiffi, bonne 6cauirz-fertile qu'en C^ 58^^ M E M o ï R 2 r ?taîia, "perfoniie ne s'amuferoit à la cultiver.^ car un homme gagne plus à pêcher des Morues durant TEté que dix autres à tra- vailler à la terre. II y a quelques autres petits ports dans la grande Baye de Plaifincg oh les Bafques vont aufll faire la pêche, C'eft le petit & le grand Burin , Sdint Laurent y Martyr, chapeau rouge , ^c. Toile des Nations Sauvages di Canada» - De l'Acadie. Les Abèn^ki^à ^ ^ . r i -^ LcsMikemac, ) Ceux-ci font bons. LesCanibas. / Guerriers, pFus alertes LcsMahingans. ).& n)oins cruels que les T« r^ ^ ( Iroquois, Leur Langa- Le^ Openanîzos. V ^ . n- i ^i T ^.^ c ^^ 1 • \ se diltere peu de la,- LesSoccckis. \ ^ , ; » . c. L • J Langue ^/eowie/Wf. Les Etechemins. ^ & <^ ^ Du Fleure 'Saint Laurent depuis la Mer jufqu'a MonieaL EesPapînachois. -v Les Montagnois. > Langue Algonkjne^ Les Gafpf liens, -^ EesPapînachois. Mont Gafp Les Hurons de Loreta, Langue hoquoife. Les Abenakis de Sciller ? Langue Algen^ Les Algonkins. 5 ^^^* •ILçs Agnicz du Saut Saint Loiiis , Langue ryiË. l' A M :e R I Qja «; 39 Iroqmife , braves & bons Guerriers. Lés Iroquois de la Montagne du Monrcaî j Langue Iroqtmfe , bons Guerriers, ^ Du lac des Hurons, Lés Hurons , Langue Iroquoïfe* -^ Les Outaouas. ^ LesNockcs. f Langue Algonktne. Les Miflifagues. f ° *^ Les Attikamek. -^ Les Outehipoues , appeliez Sauteurs , bont Guerriers. Bu Lac des I lin ois é" des environs. Q25lqucs Ilinois à Chegakou. Les Oumamis , bons Guerriers LesMd^koutens, Les Kikapous , bons Guerriers. LesOutagamis, bons Guerriers. LesMalomimis. Les Pouteouarami«, LesOjatinonSi bons Guerriers^ Les Sakis. Lan^îiç ^Algenkim^ alertes. Aux environs lu Lac de Frontenac, Lès Tfonontouans. -v ^ jrr Goyoguans. T. Langue différente Onnotagues. S à^ ^ Alg.nkjne. Onnoyouces & Agniés , un peu éloigne» ^ë Mémoires^ Aux environs de la Rivière des Outaou*?, Les Tdbitibi. Lès MonzonK Les Machakandibî. Lés Nopemer» d'Achirini. LésNfpifirini. Les Temiskamink.- Langue Algû&- > kjne, touspoi-' trons, - Ju Nord du Milîîfîpi , & aux environs dn Lac Supérieur &.deh Baye de Hudlon» • Les Afiimpouaîs. Les Sonkaski tons. Les Ouadbatons, Lis Atintons. > Langue AÎgonkinic Les Ciiftinos , brave»; Guerriers & alertes, Les £ski maux. Table des Animaux des Pais Meridiojtàux dw Canada. Bëeufs Sauvages. Cerfs petits. Chevreuils de trois efpêces différentes. Loups, comme en "Europe, Loups cerviers , comme en Europe, Michibichi , efpece de Tigre polcroD;, • Furets ? Sclctte Ç '^^^^^ ^n ^«^^P^« DE L' A ME RI OJ^ t* \t\ jË alors il femble qu'il ne craigne perfonne , il s^é-» lance avec fureur fur la bête qu'on pour* fuit. Lès Siuvages difent que ce font des Mankotts, c'eft-à-dire des efprits qui aiment les hommes , cequi fait qu'ils les honorent & les confidérent à tel point qu'ils aimeroient • mieux mourir que d'en tuer un feul. Les Caftors blancs iont fort e (limez à caufe ^ de leurs rarercz. Quoique leur poil ne foit ni fi grand ni fi fin que celui des Càftors qui font les ordinaires. Il s'en trouve anlfi peu de ces blancs que de parfiitement noirs. Les Ours rougeâtres Iont méchans , ilj "= viennent effrontément attaquer les chaûeursy -» * Ammâux MéridiofiâtéiSi ' Sr ï t* A M É R I Q^ «. 4f tu Ikn que les noirs s'enfuïent. Ces pre- miers font plus petits & plus agiles que les derniers. Les croioà'iks du Mijfijlp't ne différent en rien de ceux du Kil ou des autres endroits, J*ai vu celui d' Angoulême qui eft de la mcmfl figure que ceux- ci , quoique plus petite. La manière la plus commune dont les Sau- vages les prennent en vie, c'efl de leur jettcr de groiTes cordes d'écorce d'arbre à nceud coulant fur le col, fur le milieu du corps, dans les pattes, &c. tellement qu'après êtr« bien fàifi , ils les enferment entre dix ou douze Piquets oii ils les attachent après les avoir tourné le ventre en haut. En cette pofture il les écorchent fans toucher à U tête ni à la queue , & leur donnent un habit d'écorce de fapin où ils mettent le feu era coupant les cordes qui les retiennent. Ils font des cris & des hurlemens efFroiables. Au rcfte les Sauvages font très-fouvent dé- vorez par ces animaux , foit en traverfanc les Rivières à h nage , ou s'endormant fur le bord. Voiez ce que dit V Amfte de cet Animal dans la 68^. Oélave de fon i j, - Chant, Vive sut litê e dentro a U Rivera ^ ^ i CorpiVmani fon le fue vivands De le perfone mifere e incaute Mi v'tAndénn e d'mfdiçi naute^ 44 Mémoires U faut être aufîi fou que je le fuis pour m'ériger en Poë'te & Tradudeur. N'im- porte , voici comment j'explique cette demi Odave; Il vit fur le ^:vage & dedans U tïvtére ^ Il écrafe les gens d'une dent meurtrière , Il je nourrit des corps des pauvres Voiageurs , Des malheureux Pajjants , & des Navtgr^- teurs»' Les Ojfa font de petites bêtes comme àè% lièvres ^ \q\iy refTemblant afTtZ'à la referve des oreiî*Jes & des pieds de derrière. Elles courent & ne grimpent point. Les femelles ont un fac fous le ventre où leurs petit* entrent dès qu'ils font pourfuivis , afin de fé fauver avec leur mère qui d'abord n# manquent pas de prendre la fuite. ^ Les Renards argentez font faits comn7# ceux de Y Europe aulli-bien que les noirs. If s'en trouve peu de ces derniers, & lorfqu^oJi en peur prendre quelqu^un on eft afluré dé Je vendre au poids de l'Or. C'eft dans les Païs les plus froids qu'on en voit de ceti2 efpece. LesOurs Irlancs font monftrueux , extraor^ dinairemenc longs; leur lête eft effroiable , & leur poil fort grand &c très- fourni. Ils font fi- féroces qu'ils viennent hardinïent T> E 'L* A M E R I (VU f. 4^ attaquer une Chaloupe de icpc-ou huit hommes à la Mer. Ils nagent , â ce qu^on prétend , cinq ou Cvi lieues fans fe lafTer. Ils vivent de Poifïon & de coquilhges fuT îe bord de la Mer , d'où ils ne s'écartent guéres. Je n'en ai vu qu'un feu! de ma Vie dont j'aurois été dévoré fî je ne Tavoil aperçu de loin , Ôc Ci je n'eu (ïe eu afiez de tems pour me réfugier au Fort Louis de Les Ecureuils voLtnts font de la groiïèiir d'un gros JRrff , couleur de gris blanc ; ils font auffi endormis que ceux des autres cfpeces font éveillez : on les appelle volants^ parce qu'ils volent d'un arbre à l'autre par le moyen d'une certaine peau qui s'étend en forme d'aîle lorfqu'ils font ces petits Vols. Les lièvres ùUncs ne le font que l'Hi- ver , car dès le Printems ils commencent à devenir gris ; & peu à peu , ils reprennent la couleur de ceux de France qu'ils confer- vent jufqu'â la fin de l'Automne. Les Ecureuils Suif es font de petits animanx comme de petits Rats. On les appelle Suites , parce qu'ils ont fur le corps un poil rayé de noir & de bi.inc , qui reflemble à un pourpoint de Siii^e , & que css mêmes rayes faifanc un rond fur chaque cuifTe ^ ©nt beaucoup de raport à la <:alote d'ui» '^S 'M 2 M 0 lit S S Les grands cerfs ne font pas plus grands ■ni plus gros que ceux que nous avons en .Europe, On ne les appelle grands que parce qu'il y en a de deux autres efpeces diiFéren- tes vers le S.'d. Les petits ont la chair beau- coup plus délicate. Les Loups Marins y que quelques-uns ap- pellent veau:^ Marins , font gros comme clés dogues. Ils fe tiennent quafi toujours ^dans l'eau, ne s'écarrant jamais du Rivage de la Mer. Ces animnux rampent plus qu'ils ne marchent , car s'étant élevez de Tcau , ik ne font plus que giifïer fur le fable ou fur 'îa vafe ; leur tête cft faite comme celle d'un Leurre; Ôc leurs pieds, fans jambes^ font comme la patte d'une Gye, Les fe- -mclles font leurs petits fur des rochers ou iur des petites Iflcs près de la Mer. Ces iVnimaux vivent de poifTon , ils cherchent les Païs froids. La quantité en eft iurpre- nante aux environs de l'embouchure du '^leuz e de Saint Laurent. Je vous ai parlé des autres animaux de Canada dans mes Lettres. Je ne vous dis 'point la manière dont les Sauvages les pren- nent , car je n'aurois jamais fini. Ce qa>i eft de certain c'eft qu'ils vont rarement à la ChaflC à faux , & qu'ils ne fe fervent de leurs Chiens que pour la Cbafife desOri» gnaux5&: quelquefois pour celle desCaftors, comme je vous l'expliquerai au C]ia.pitEC 4^s Chajfis Sauv^-ges. ï) E t! A U E B. I QjtJ 2. 47 .fkfemx des Vais Méridionaux du Canada. •Vautours. ,Huards. 'Cignes. Oyes noires, "% Canards noirs. j , , «^ r^^^-f.^ Plongeons. k tels qu en B<«K. •Poules d*eau* 1 Rualles. J .Cocqs d'Inde. Perdrix Roulïes. Faifans. Gros aigles. Grues. ^ Merles, i tels qu'en E^r^^. .Grivts. J •pigeons ramiers. Perroquets. Plu fleurs forie&d'.Oifeaux de Proyc , in^oiv- nus en EU/ope. Hoffignols inconnus en lurope aujlî-bieii que d^autres petits Oifeaux de ditérentes couleurs , & entr'autres celui qu'on apel- ic Oifeau MoUfhe , & quantité de Pelluam« Difeduxdes Pdis Septentrionaux du Canada* Oycs bl^chss. S 3j.f M EMPIRES. •Canards de lo. ou iz.fnes. Sarcelles. Margots ou Mauvis. Grelans. Sterlets. Perroquets deMer, Moyaques. Cormorans BecafTes. Becalïincs. Plongeons. > comme çnlurope,. Pluviers. Vaneaux. Hérons. Courbejoux. Chevaliers. Bateurs de faux. Perdrix blanches. 'Groffes Perdrix noires Perdrix roufsâtres. ^Gelinotesde bois» XourterclleSc Ortolans blancs. Etourneaux. Corbeaux. Vautours. JEperviers. Emerillons. Hirondelles. Becs de fçie , elpcce de Canard* > tels qu'en XHrope, ^ tels qu^en turoft. UifcHti 3? E î.' A M E R I Q^« E, ^-9 înfe^es ^ui fe trouvent en Canada, Couleuvres. Afpics. Serpents à fonnctte» €}renouilIes meuglantes, Maringouins ou Coufin^c Taons. Brûlots, explication de ceux dont je nui pas fa'^ mention dans mes Lettres, LEs ^ Huards font des Oifeaux de Rivicre gros comme desOj^j, & durs comme à^s ânes. Leur plumage eft noir & b anc , leur bec eft pointu ; Ils ont le coû très- «ourt; Ils ne font que plonger durant l'Eté, ne pouvant fe fervir de leurs ailes. Les Sauvages fe font un divertilfcment de les forcer durant ce tems-Ià : Ils fe mettent eri fept ou huit canots qui fe dirperfent pour obliger ces Oifeaux à replonger dès qu'ils ve^ulent reprendre baleine. Les Sauvages^ n)'ont donné pluficurs fois cet agréable amufement pendant les volages que j'ai faits avec eux. Les Terdrix roufes font farouches 5 pc^ tites , de très-différentes des Perdrix rmges qu on voit en Europe , auffi - bien que i«« *> Oifiaux des ^j^i Uérid'midHKi Tome lu C j-O M E M O I R ES Taifans , dont le plumage blanc mêlé de ta-ches noires , fait une bigarrure fort cu- rie u Te. Les Aigles les plus gros qu'on voye ne le font pas plus que les Cig^es, Ils ont la queue & la tête blanche ; iis combattent fou- vent contre une efpécedc Vautours , dont ils /ont ordinairement vaincus ; On voit aflez fréquemment ce combat en voiageant : il dure autant de tems que ï Aigle conferve k force de les ailes. ■Les Pigepns ramiers font plus gros qu'en Europe ; mais ils ne valent ritn à manger, ïls font hupc.2 , & leur tête cft tout-à-laic belle. Les Perroquets fe trouvent chez les llinoïs ^ hc fur le Fleuve ds Mijfifip'i : Ils font très-pe- tits, & n'ont rien de différent de ceuxqu'oi;i apporte du Brez,U & de Cayene, L'efpéce de Rojjignol que j'ai vu eft fin- guliere, en ce que cet Gif au plus petit que ceux d'Ei^rope eft bleuâtre , que Ton fhant eft plusdiverfifié ; qu'il fe loge dans ^des trous d'arbre , èi qnih fe joignent ordi- nairement trois ou quatre fur les arbres les plus touffus pour y faire leur ramage en- femble, Voifeau Mçucbe eft un petit Oifeau gro$ corme le pouce, & fon plumage de cou- î-'ur 11 changeante , qu'à peine funci on lui en fixer aucuuec Tantôt il paroît ^ju- DE l' A M E R I Q_U g, fi ge, doré, bleu & vert , & il n'y a propre- ment qu'à la lueur du Soleil qu'on ne voie point changer lor & le rouge dont il eft couvert. Son bec eft comme une aiguille^ il Tole de fleur en flmir comme les Ahnlles ^ pour en fucer la fève en voltigeant. Il fe perche pourtant quelquefois \t:Ts le Midi lur de petites branches de Pruniers ou de Cerifiers. J'en ai envoie en Tunce de morts, (car il eft comme impolîible d'ea garder en vie ) on les a trouvez fort eu- •Tieux. * Ily a des Canards à^àh ou douze fortes. Ceux qu'on appelle Branchus , quoi- qu^ petits, font les plus beaux : ils ont le plu- mage du coû fi éclatant par la variété & le Vif des couleurs, qu'une fourrure de cett^i cipéce n'auroit pomt de prix en Mofiovfë ou en Turquie. On ks appelle Buncbus ^ parce qu'ils fe pofent fur les branches d'arbre, 11 y en a d'une autre efpéce , noirs comme du jais, qui ont le bec & le tour des yeux rouges. Les Margots Goelans Se Sterlets , font des. C)ifeaux qui volent incedamment fur \q% Mers, les Lacs & les Rivières, pour pren^ dre de petits Poiiïbns : ils ne valent rien à manger ; outre qu'ils n'ont prefque point dé -corps , quoi -qu'ils paroiiTent gros comni« des Pigeons. ^1 Mémoires Les Venoqtiets de Mer portent le nom de Perroquet, parce qu'ils ont le bec fait comme ceux de terre ; Ils -ne quktent ja^- jnais la mer, ni les rivages ; ils volent in- cefîamment fur la furface des eaux pour attraper de petits Poifîons : Ils font noirs & gros comme des Poulardes ; Il y en a quantité fur le B4«c de Terre-Neuve , $: près des Cotes ; les matelots les prennent avec des hameçons couverts de foie de Morues qu'ils fufpendent à la prouë .du Vaiiïeau. Les Moya^ues font desOifeaux gros com- lîie des Oyes ; ils ont le cou court & le pied large ; ce qui eft furprenant , c'eft que leurs œufs qui font la moitié plus gros que ceux des Ognes^ n'ont preique que du faune, qui eft fi épais qu'on eft obligé S^y mettre de l'eau pour en faire des ome- lettes. h^sïVerdrixbUnchesÇorw.èQ la grofïeur de ■ nos Perdrix rouges ; leurs pieds font cou- verts d'un duvet 11 épais, qu'ils rclTcmblenC à ceux d'un lapereau; on n'en voit que du- rant l'Hiver ; il y a des années qu'il n'en paroît prefque point, d'autres au contraire en font fi fécondes , que ces OifeauK ne va- lent que dix fols la douzaine. Cet animal effc le plus ftupide du inonde , il fe laifte afîom- lïier à coups de gaule fur h neige fans Ce donner aucun mouvement , je croi q'je ce ^rind ctourdifTcment vient .du grand vc^jl D E r,' A M E R I Q^U îi. 5 3 qu'il fait de Groenland en c.imda. Cette conjedare n'eft point fans fondement , car on remarque que ces Gifeaux ne viennent en troupes qu'après une lonc^ue durée des- vents de Nord ou de Nord-Èft. Les Perdrix «o/rfx font tout-à-fait belles: elles font plus grofles que les nôtres ; elles ont le bec , le tour des yeux & les pieds jougcs ; leur plumage ell; d'un noir très- bien luftré. D'ailieurs ces Oifeaux font tiers, ^^ fembîent ientir en marchant leur beauté. Il eit vrai qu'ils font allez rares, auiîi bien que ks Perdrix roujfxtres , qui ref-" fcmblent aux COrilles en groileur de en vi- vacité; Les Ortolans nç paroifTenr cv) Canad4<\vt 1 Hiver ; mus je ne crois pas que ce foit la couleur naturelle de leur plumage. Il y a' de Tapparence qu'ils la reprennent en quel- ques licùx qu'ils 'aillent. Pendant l'Eté, on en prend quantité aux environs des gran- ges av^.cdesfî^éts qu'on tend fur d^ la paille ; ils font aiTez bons quand ils font gras, ce qui ie tiouve rarement. In/lcies, Les Ceukuvres en Canada ne font point de îTial . Lqs A fp': es font dangereux-, lorfqu'oa fcbaii^neduns les eaux croupies vers les Païs Méridionaux. Les Serpents a fonnette s'ap- pellent ainli , parce qu'ils ont au bouc de la C 5 54 Mémoire? ^ueië une efpece d'éiui où font enfermell- certains cilekts qui font un bruit , lorfque- •ces infccles rampent, qu'on entend de tren- te p.i^. Ils fuient dès qu'ils er.tendent marchfr , il-c dorment pour i'ordinaire au St3leil, d.ins les prcz ou dans les bois clairs: ils ne piquent que lorfqu on met le pied fur ei^x. Les GrrûQtùlks meugUnîes font ainfi ap-- ^p-' CCS-, paicc qu'elLs imitent le meugle- ment d'un bœuf: elles font deux fois plus groiles qu'en EuropcL^s Taom font des Mouches une fois plus j;ro{ïcS que les AbeiU les^ mais de la figure d'une Mouche ordi- naire.. Elles ne piquent que depuis le Mids- jufqu'à trois heures ; mais ii violemment que le fang en coule. Il eft vrai que ce n'cfl: qu'en certaines Rivières qu'on en trouve. Les brûlots, font des efpéçes de Cirons. qui s'attachent fi fort à la peau qu'il femble comme en Imope. Brochets. Poi fions do lez, Rougets. L^improyes M^^rlar.s. ^<:ommc en Europe, Rnyes. Congres. Vaches marines. CoquilUgéi- Houmars; EtrevitTcs* Pétoncles. Moules. Voijjons des Lacs & des Rhiéres ^ui fi dccliAro-cnt dedans. Eturgeons.- €4 ■^^& M E M 0 1 RE S Poiflbns armez». Triiites.- Pciflbns blancs. JEfpçcc deHarangs.. , Anguilles.. Barbues» Mil le t s. Cajpe^o. 's" Gabot. > comme en larap*. Goi.joîiS. To'ijfjns du Fleuve Miffifipi» Brochcti , comme en Europe». Carpes, .anc vs. •) çQj^j^g ç^-j -^tirope, Baibr.ës S: pluficurs autres inconnus ea Europe. Ixplîcathn d4 ceux dont je nai pas faiù ment on. dans mej Lettres. LE "^ Balenot efî: une efpece de Baleine-^ mais plus petit & plus chnrnu , ne ren- d:int point d'hui!e à proportion, des Bale'^ nés du Nord. Ces Poiiïbns entrent dans le Irleuve jufqu'à cinquante ou foixanie lieues en avart. Les Souffleurs font i peu prés de la même- groiTcur, mais plus courts ife plus noirs jilj *^€tuxdu fituvt jupiuTatiX Lacs, D E l' A M E R^I Q^U H. f'f jettent Teau de même que les Baleines p,ir iH>trou qu'ils ont derrière la tête , loiiqu'ils veulent reprendre baleine après avoir plon- gé; ceux-ci iuivent ordinairement lesVaif^ féaux dans le rUuve Sii'int Laurent, Les Mmfontns blancs lont gros comme des Bœufs, lis iuivent toujours le cours de Tcau. Ils moment avec la marée jufqu'à ce qu'ils trouvent l'eau douce, après-quoi ils s'en retournent avec le reflus. Ils lont fort hideux : on en prend fouvent devant Les G^^'/^.^rof.f font de petits Poiflbns à peu pî è> de la rîgure d'un Harang. Ils s'aprochent de la côtt^ pendant TEtc en îi grand nombre que ieii pêcheurs de Moruës^^ prennent au- tant qu'i leur en faut pour (ervir d'appas-à leur pêche. Ik le fervent aulîi de Harangs lorfque la faiion oblige les Galparots de don* ner à la cote poui* fraicr. Aurefte , tous les Poiiïbns qui font d'ufage pour l'hameçon , ou pour faire mordre les morues , s'appellent 'Boite en terme de pêche. Les foijfons dorez font délicats. Us oat «nviron quii.ze pouces de longueur. Leur • écaille efl: jaune , de ils font fort eftimcz. Les VacIhs Marin, s font des efpéccs d'e Marfouins ; elles furpalf^-nt en groÏÏeurdes Bœufs d.j Normandie. Elles ont des cfpeces de pattes f^uilleues comme des Oyes , la lêtc somme un Lo«m, & les de;nis de neuf pou- 5 s Mémoires ces de longueur , 6c deux d'épaiffeur,;. G'efii l'ivoire le plus elHmé : on prétend qu'elles s'ccarient du Rivage vers lesendroits iablon- neux & marécageux. II y a au(îi des Houmars dont refpéce ne me paroît difFcrcr en rien de ceux que nous ^vons en Euro^, Les Pcronctes font comme on les voit fur ks cotes de France , excepté qu'ils font plus gros 5 d'un goût plus agréable , mais d'une Tchair plus indigcfle. Les Mouiei y font d'une groiTeur extra- ordinaire & d'un bon goût , m^isilefl.com- We impo(Lb,'e d'en pouvoir manger lans fe calier les dents, à cauie des PsrUs dont «IL s Çi:m remplies : je dis perles , mais .feiont plûiôc des graviers par raport à leur peu de valeur , car j'en apoiui à Paris cin- quante ou foixarite des plus groiïcs &: des plus b'Jles qu'on n'eftima qu'un (ol la pièce. Cependant oj; avoir cafle plus de deux mille Moules prjur les trouver. - Les ïfiirgeons des Lacs ont communé- înenr c:nq ou iix pieds de longueur. J'en ai vu un de dix , & un autrede douze. On les prend avec les iîlcts durant l'hiver & avec le iiarpon durant l'Eté. On prétend qu'il a cer- taines chairs dans la têce, qui ont le goût du Vœuf, du mouton ^ du veau ; mais après en avoir goûté pîuiîcurs fois, je n'ai jamais ren- «ont ré CCS ra ports prétendus, & j'ai traité ÇC- ia de pure clùinérc. DÉ t A M E R r CLIJ E. 5^ Le Poifon arme eft de trois pieds & demi de longueur ou environ ; il a âe^ écailles G fortes & fi dures qu'il eft impi^ffible qu'au- cun autre PoiiTon puifTc Tofienfer ; fes enne- mis font les Truites & les Brochets , mais il fait très-bien fc défendre contre leur attaque pnr le moien de fon bec pointu qui a un pied de longueur 5 & qui efl aufli dur que fa peau, îi id délicat , Ôc fi chair efl: aufli ferme que blanche. Les Barbues des Lacs ont un pied de lon- gueur, mais elles font tout-à-fait grofîes : on les appelle Barbues à caufe de certaines barbes pendantes le long du mufeau qui font grclfcs comme des grains de bled. Celle de Mîjfififyï Çonx. monftrueufes , les unes & les aucres fe prennent auffi-bien à Thameçon qu'au filet , & la chair en efl: affcz bonne. Les Carpes du Fieuve de Mijjijîpi font' ûufTi d'une grolleur extraordinaire , de d'un fort bon goût. Elles font faites comme Ie$ nôtres. Elles s'approchent du Rivage en Automne, & le laifTent prendre facilement au filet. Les plus grx>ires Truites des Lacs ont cinq pieds &c demi de longueur, & un pied de diamètre, elles ont la chair rouge. On les prend avec de gros hameçons attachez à des branches de fi! d'archaL Les Poiffons des Lacs font meilleurs que «tux de la Mer ô; des Rivières, fur tous G ^^ - Airlnes. Caj)illaire. Frâifes. Framboifes, . Grofeilles. Bitiets. • Bxplicatwné I:E faut remarquer que tous Tes bois de C4- 'tJAda font d'une bonne nature. Ceux qui font expofez aux: vencs de Nord , font lujets à geler ; comme il parok par une efpéce de roulure que la gelée fait gerfer. Le Menfier eft un bois dur , Ton écorce efi: gri(e , le bois en efl bbnchârre. Il y en a de- gros comme des Barriques & de la hauteur des chênes les plus élevez. Cet arbre ef: droit. Il a la feuille ovale , on s'en feit à faire des poutres , des foliveaux & autres ouvrages de charpente. Les Irab'.es font à peu près de la même hauteur & grofleur , avec cette différence. D -E l' A M E R T QJJ té ' ^ J ; que leur ecorce eft brune Ôc le bois rouC- sâtre. Ils n'ont aucun rapport à ceux d'Eu^ • 7op.e, Ceux dont je parle ont une fève ad- mirable , & telle qu'il n'y a point de li- ■ monade > ni d'eau de cerile qui ait fi bon goût , ni de breuvage au monde qui foit phis falutaire. Pour en tirer cette liqueur on taijle l'arbre deux pouces en avant dans le bois, & cette taille qui a dix ou douze pou- ces de longueur eft faite de biais ; au bas de cette coupe on enchafle un couteau dans Tarbrc aiiHi de biais , tellement que Teaii coulant le long de cette taille comme dans une gouttière , & rencontrant le couteau qui la c. averfe , elle oeule le long de ce couteau fous lequel en a le foin de mettre des vafes pour la contenir» Tel arbre en peut rendre cinq ou fi bouteilles par jour , & tel habi- tant en CanAda^n pourroiî ranufler vingt Birriques du matin à\\ foir, s'il vouloit en- tailler tous les Erables de Ion.- habitatioOa Cette coupe ne porte aucun dommage à Tarbre. On un de cette fève du Sucre & du Sirop li précieux qu'on n'a jamais trouvé de remède plus propre à fortifier la poitrine» Peu de gens ont la patience d'en faire, car comme on n'eurme j.^.mai$ les choies com- munes 6c ordmaires ^ il n'y a guéres que les enfans qui fc donnent la peine d'entailler ces arbres. Au refle , les Erables des Pais Septentrionaux ont plus de lève que ceux 'i^4 :- ^^ E MOIRE S'- des Parties Méridionales , mais cette fève n'a pas tant de douceur. li y a des Noyers de deux fortes, les uns donnent des noix rondes ,Jes^autres longues, mais ces fruits ne valept rien, non plus que. le< chka^gnes fauv^ges qu'on trouve du côté dvS ilinois. Les Pow;;/fj qui croiiTent fur certains Fmmiers lont bonnes cuites , & ne valent TKn crue'". Il e[ï vrai que dans Je M'JJJjïpi on en trouve d'une efpece à peu près du goût des Pommes d'api. Les Poires Tont bonnes, mj^is rares, - Les Cerifis ne font pas de bon goût ; elles font pecires ïk rouges au dernier point. Les- chevreuils s'en zccorDmoâQui pourtant, ôc ils ne manquent guéres -de fe trouver toutes les nuits durant l'Eté ious hs Cerifars , 6i fur tour Krs qu'il vente fort. Il y a de trois elpeces de Pr««fi admira- bles. Elles n'ont rien d'approchant des nô- tres à i'tgard de la figure & de la coulcuri II" y en a de longues Se menues , de rendes 5c groiïes 5 & d'autres tout à fait petites. Les Ceps de ligne cmbrafïent les arbres jufques au lommet ; fi-bien qu'il femblc- que les grapes ioient la véritable proiucftion de ces arbres, tant les branches en fom cou- vertes. En certains Païs le grain tft petit & é\\n tiès-bon goût , mais vers le Mtjfifipi la grape- eft longue & gJofTe , Ôc le graia dô D s t' A M E R ï CLV E. ^ ^f fïîéme ; On en a f,ùt du vin qui après avoir Ibng-tems cuvé s'eft trouvé de la même douceur que celui des CAndrics , & noir comme de l'ancre. Les citrons font des fruits ainfl appeliez, parce qu'ils en ont feulement la ligure. Ils n^ont qu'une peau , au lieu d'écorce. Ils croilTent d'une piante qui s^éleve jufqu'à trois pieds de hauteur , ôc tout ce qu'elle produit fe peut réduire à trois ou quatre de ces prétendus Citrons. Ge fruit cft aufli fà- lutaire que fa racine eft dangercufe ; & autant l'un eft fain , autant Tautre eft un fubtil & mortel poifon lors qu'on en boit le fuc. Etant au Fort de Frontenac à^ns Tan* née 1684. j'y vis une Iroquoife qu'iréfolv'é de fuivre (on Mari, que la mort venoit de lui enlever , prit de ce funeRe bruvage , après avoir, félon la formalité ordinaire de ces pauvres aveugles , dit adieu à tes amis & chanté la chaniondc mort. Le poifon ne. tarda guére^ à produire fon cfRt , car cette Veuve qu'on regaidcroit avec jufl.ce en luwf^e comme un miracle de ccnftance & de iidélité , n*cût pas plutôt avalé le jus meurtrier, qu'elle eût deux ou trois frif- fennemcns & mourut. Les Melons d'eau que les Tfpagnols ap- pellent Melons d' Alger ^ font ronds & gros comme une boule , i y en a de rouges & é^ blancs; les pépins (ont larges , noirs eu.. 66 Mémoires rouges» Ils ne diférent en rien pour le goûr de ceux d'Efpagne Se de Portugal, Les citrouilles de ce Païs-ci font douces & d'une autre nature que celles de VEurope^ où pluiieurs perfonnes m'ont afTuré , que celles-ci ne fauroient croître, El'es font de la grolTeur de nos Melons ; la chair en eft jaune commQ du S affr an : On les fait cuire ordinairement dans le four, mais elles font' meilleures fous les cendres , à la manière des Sauvages ; elles ont prefquc le même goût que la marmelade de Pommes ; mais elles font plus douces. On peut en mander tant que Tappetit le peut permettre , fans craindr félon toutes les apparences a n'étoit pas encore découverte. Les Pins font extrêmement hauts , droits & gros : on s'en fert à faire des mâcures. Les Flûtes du Roi en tranfportent fouvenc en France. On prétend qu'il y en a d'af- fez grands pour mater d'une feule pièce les Vaifteaux du premier rang. Les Ff.netes font des efpeces de Vin dont la feuille eft plus pointue & plus groiïe ; on s'en fert pour la charpente; la manière qui en découle eft d'une odeur qui égale celle d^X encens, II y a trois fartes de Sapins dont on fe fert à faire des planches , par le moien de certains moulins, que les Marchands de , é^ M E M O I R F ? S^ehec on faic conftruire en quelques eft- droicsr La Perujfe feroit tout-à-fait propre à bâ- tir des VailTeau:?* Cet arbre eft le plus pro- pre de tous les bois verds pour cet ufage; parce qu'il eft plus ferré, que Tes pores font plus condenfez, ôc qu'il s'imbibe moins que les autres. Il y a deux fortes de Cèdres , à^s blancs êc des rouges ; Il faut en être bien près pour diftinguer Tun d'avec l'autre , parce que l'écorce en eft prefque femblable. Ces arbres font bas , toufus , pleins de branches , & i de petites feuilles femblabies à des fers d« lacet. Le bois en eft prefque auifi léger qu« le liège. Les Sauvages s'en fervent à fair^ les cliiïes â: les varangues de leurs canots. • Le rouge eil tout à-fait curieux , on en peus faire de trèî» beaux meubles qui conferyent toujours une odtur agréable. Les Trembles ù>nx de petits arbiiflea'. 5^*^' qui croiflent fur le bord des étangs, & des rivières &: des Pais aquatiques &. maréca- geux. Ce bois crt ]e mtts ordinaire dcsCa- ftors qui, à l'exemple des fourmis , ont \z foin d'en faire un amas durant l'Automne aux environs de leurs cabanes , pour vivre lorfque la glace les rctiait en priibn durant J'Hiver. Le Bois hUnc eft un arbre moien qui n'eft'^ ni trop gios ni trop petit. Il eft prefque DE L' A M E R ï Q^U £. êf i-Quîîî léger que le Cèdre , &: au{ii faâl^ à met- tre en œuvre : !es hubitans d. i Ufiada s'en fervent à faire de petits canots pour |-écher & pour traverfer les rivières. Le C4p'tlUire ell auTH commun dans les bois de Canada que la fougère dans ceux dtFume. li eft etlimé meilleur que celui des aut^c^ PaVs. On en fait quantité dt Si- rop à QHehec pour envoler à P4m, à N^w- us ^ l Rouen ^ 5c en pluûeurs autres Viiles 4du Roïaunre. Les Fraffes Ôc les Frdmhoîfes font en gran- de abondance. Elles font d'un fort boa goût : On y trouve aulîi des Grofeilles blan- ches , mais elle ne valent rien que pour faire une efpcce de vinaigre qui efi: très for(^ Le$ Bluets font de certains petits grains comme de petites cerifes , mais noirs & jpDUt-à-fait ronds. La plante qui les produit ^ft de la grandeur des Framboifiers. On s'en fert à plusieurs ufages lorfqu'on les a fait fecher au Soleil ou dans le four. On en fait des confitures , on en met dans les tourtes & dans de Teau-d-evie. Les Sauva- ges du Nord en font une moiffon durant rilté, qui leur eft d'un grand fecours, & fu^ ^tQUt lorfque la çhaffe Leur manque. 7Ô "M E M O I R K s Commerce du Canada en général, ^TOici en peu de mots & en général es y que c'eft que le -Commerce de CarrA' ida dont il me fouvient vous avoir dcja mandé quelque chofe dans mes Lettres. Les Normans font les premiers qui aient entrepris ce commerce; (^ les embarque- mens s'en faifoient au Havre de Grâce ou à Dieppe-, mais \q% Rochelois leur ont fucce- dé , car les Vaiffeaux de la TLothelle fouf- niiïent les marchandifes néceiïaires aux ha* bitans de ce Continent. 11 y en a cepen- dant quelques-uns àt Bordeaux ô: dcBayon- >«f quiy portent des vins, des caux-de-vie> du tabac & du fer. Les Vaiiïeaux qui partent de France pour ce Païs-là ne paient aucun droit de fortie. pour leur cargaifon , non plus que d'ci-« trée lorfqu'ils arrivent à Québec y à la rélei- ve du tabac de Bre^Ltl qui paie cinq fols par livre , c'eft-à-dire qu'un rouleau de quatre cens livres pelant doit i oo. francs d'entrée au bureau des Fermiers, Les autres Marchandifes ne paient rien. La plupart des Vaiffeaux qui vont char- gez en Canada s'en retournent à vuide à h Rochelle ou ailleurs. Qjelqucs-uns char- gent des poids lorfqu'ils lont à bon mar- ché dans la Colonie ; d'autres prennent des jîlanches & des madriers. Il y en a qui D Ê l' A M E R I-t^U E. T^f -vont charger du charbon de terre à Tille du Cap- Breton pour le porter enfuite aux Ifles de la Martinique & de Guadeloupe , où il s'en confirme beaucoup aux ratineries ,des fucres. Mais ceux qui font recom- mandez aux principaux Marchanda du Païs ou qui leur apartiennent , trouvent un bon fret de peleteries , fur quoi ils profitent beaucoup, j'ai vu quelques Navires , lef- quels après avoir déchargé leurs marchan- difes à ^ehçc alloient à flaifunce charger des morues qu'on y achetoit argent com'p- tant« Il y a quelquefois à gagner , mais le plusTouventà perdre. Le Sieur SamttëlEer-' mon de la Rochelle eft celui qui fait le plus grand Commerce de ce Païs-là. Il a des magafins à Québec à'cxx les Marchands des autres Villes tirent les marchandifes qui leur conviennent. Ce n'e/1: pas qu'il n'y ait des Marchands alTez riches & qui cqui- .pent en leur propre des Vaifleaux qui vorvt ,& viennent de Canada en France. Ceux- .ci ont leurs correfpondans à la Rachelk qui envoient & reçoivent tous les ans les cargaifons de ces Navires, Il n'y a d'autre différence entre les Corfai- res qui courent les Mers , ^ lesMarch3nds de Canada , fi ce n'ell: que les premiers s'en- richiiTent quelquefois tout d'un coup par une bonne prife , & que les derniers ne font kur/ortune qu'en .cinq ou iix .aa^ (ie Y^ M E M O I fe É 5 coinmerce fans expoler leurs vies. J'ai connu vingt petits Merciers qui n'avoient ^ue mille écus de capital, lorfque j'arri- vai à Quehu en 168 3 . qui , lorfque j'rn fuis parti, avoient prc-lité de plus de douze mil- le écus. 11 éd. -fur qu'ils gagnent cinquan- te pour cent fur toutes les marchandifes en g;énéral , (oit qu'ils les ache.ent â l'ar- Tivée de^ VaiiTeaux ou qu'ils les failent ve- nir df Franc£ "p^r commifîlon , & il y a de certaines galanteries , comme des ru- bafis , des dentelles , des dorures , des taba- tières, des montres, Ôc miilc autres bijoux eu quinquailleries fur le'quelles ils prohccnt - julqu'à cent ou cent cinquante pour cent, tous frais faits. La Birrique du vin de Bordeaux conte- jpant 2 5 o. bouteilles y vaut en tcms de paix ^o. livres monnoie de France ou environ, & 6 o. en tems de guerre ; celle d'eau-dj-vie de Nantes ou de Bayanne 8 o . ou i g o. livres. La bouteille de vin dans les Cabarets vaut 6, fols de France, & celle d'eau-de-vie 20. fols. A regard des marchandifes féches , elles valent tantôt plus & tantôt moins. Le tabac -de Brez,U vaut 40. fols la li- vre en détail , .& 3 5- en gros , &: le fucre vingt fols pour le moins , &c quelquefois 25. ou 30. Les premiers V.iifTeaux partent ordinai- rement de France à la fin d'Avril ou au corn- DE l' A M F. R I Q^V E. 7 | commencement de Mai ; mais il me fem- ble qu'ils feioicnt des traverfes une fois plus courtes , s'ils parioient à la mi-NLirs & qu'ils rangCc^fient enfui-te les Itles des Açores du coté du Nord , car les vents de Sud & de Sud-Eft: régnent ordinairement eti ces parages depuis le commencemenc d'A- vril jufqu'à la fin de Mai. J'en ai parlé fouvent aux meilleurs Pilotes , mais ils difent que la crainte de certains rociiers^ ne permet pas qu'on fuive cette route. Cependant ces prétendus rochers ne pa- roifTent que fur les Cartes. J'ai iù quelques Defcriptions des Ports , des Pvades & des Cotes de ces Ifles & des Mers rirconvoifi* Res , faites pir des Portugais qui ne font aucune mention des ccueils qu'on remar- que fur toutes ces Cartes ; au contraire, ils difent que les côtes de ces Iftes font fort fai- nes, &qu'à plusde vingt lieues au large on •n'a jam.ais eu de conuoifTance de ces rochers imaginaires. Dès que les Vaifïèaux de France font ar- rivez à Québec , les Marchands de cette Ville qui ont leur Commis dans lesauirc* Villes , font charger leurs Barques de Mar- chandifes pour les y tranfporter. Ceux qui font pour leur propre compte aiiX Tr§is Jbviéres ou à Monred defcendent eux-m.ê- mes à Québec pour y Aire leur emplette , «nfuite ils frètent des Barques pour^ tranf- 7Qmt IL B 74 ^ E M O :! RE 5 porter ces efFcts chez eux. S'ils font les paye- ments en pclereries ; ils ont meilleur mar« ché de ce qu'ils achètent que s'ils payoienc en argent ou en lettres de change, parce que le vendeur fait un profit confidérable iur les peaux à fon retour en France» Or il faut remarquer que toutes ces peaux leur viennent des habitans ou des Sauvages, fur leiquellesils gagnent conlidérablement. Par exemple, qu'un habitant des environs de Qucbcc porte une douzaine àt-Mixrtres^ cinq ou iix Renards , & autant de Chats Jku^ ï/ages à vendre chez un Marchand , pour avoir du drap , de la toile , des armes , des munitions, "&c. en échange de ces peaux» voilà un double profit pour le Marchand; Tun parce qu'il ne paye ces peaux que [2 moitié de ce qui les vend en fuite en gros aux Commis des VaiiTcaux de la Kochetle i l'autre par Tévaluacion cxhorbitante des m-^rchandifes qu'il donne en payements ce pauvre habitant ; après cela fauc-il s'éion- rer que la profi:ffion de ces Négotians foit meilleure que tant d'autres qu'on voit dans le monde < Je vous ai parlé dans mes repliçmc & huitième Lettres du Commerce particulier de ce païs-là , & fur tout de ce- lui qu'on fait avec les Sauvages , dont on tire les Cailors ëc les autres Pelleteries ; sinfi il ne me rcftc plus qu a marquer les marchandifes qui leur font propres, & les i^ E t' A M E R r oiu î. 75 peaux qu'ils donnent en échange avec kur jufte valeur. Des fufils courts '5c légers* •X^e la poudre. Des baies & du menu plomb. Des haches, grandes & peticeSo Des couteaux à gaine. Des lames d'épée pour faire des dards. Des chaudières de toutes grandeurs. Des alefnes de Cordonnier. Des hameçons de toutes grandeurs. Des batefeu , & pierres à fuizls. Des Capots de petite Serge bleue. Des chemifes de toile commune de Brndgm^ Des bas d'eftame courts & gros. Du Tabac de BrefiL Du gros fil blanc pour des filets. Du fil à coudre de diverfes couleurSo De la ficelle ou fil à rêcs. Vermillon couleur de tuile. Des aiguiller grandes & petites. De la Conterie de Vcnife ou vafade. 'Quelques fers dépêches , mais peu. Quelque peu de favon. Quelques fabres. ^lais l'eau- de-vie eft de bonne vente, $Joms des Te.mx qu'ils donnent en ^thm^rf. Az ec Uur zaletir. Des Caflors dHiver ^ apeîle2 r^6 Mémo -i R e j -Mofco^ie , qui valent la livre au Magafm des Fermiers Gé- néraux. ^. 1. I o. r. Caftor gras , qui efl: celui à qui le long poil eft tombé pendant que les Sauvages s'en font fcrvis. 5. 1. Caftor veule , c 'efl- à- dire, pris en Automne. $.1. 10. ù Caftor fec , ou ordinaire. 5. î. Csftors d'Été , c'eft à-dire ,pri s en Eté. 3. U Cailor blanc n'a point de prix, .non plus que les Renards bien noirs. ] Les Renards argenter. 4. |. Les Renards ordinaires , bien conditionnez» 2. L • Les Martres ordinaires. 1. L Les plus belles. 4. I. Les peaux de Loutres roufles & rafes. 2. I. Les Loutres d'Hiver Ôc brunes 4. 1. 10. C ou plus. Les Ours iioirs les plus beaux. 7. 1, Les peaux d'Elan (ans être paf- fées, c'eft-à-d ire ^ en vert, va- lent-la !ïvre environ i a. f» .Celles de Cerfs, la livre envi- ron. S. f. ■Les Peckans , Cliats fauvagcs, " oucnfans dupisbic. ^. 1. ij, C DE l' A M E 5: I ^U î. 77 Les Loups Marins. ï. 1. I 5. G ou plus. Les Foutereaux , Fouïnes & Bc-Iettes. I o. 1* Les Rats mufquez. ^' ^' Leurs Tefticules. 5* ^' Les Loups. 2,. I. I o. f, Le^ peaux blanches d'Ôn'gn^ux , c'eft-à dire , psiTces par les Sauvages 3 valent 8il. ouplusi Celles de Cerf. jA. ou plusi Celles de Caribou- 5. 1. Celles de Chèvre uilc 3. L Au refle , il faut remarquer que ces peaux font quelquefois chères, 3c d'autres fois au prix où je les mets ; cependant cela ne dif- fére qua quelque bagatelle de plus ou de moins. Du Gouvernement de Canada engtnéraî, LE s Gouvernemens Politiques, Civil , EccleHaftique ôc Militaire , ne font, pour ainfi dire, qu'une même chofe en Ca» f:ada , puis que les Gouverneurs Généraux hs plus rufez ont (oûmis leur autorité à celle des Ecclchalliques^ Ceux qui n'ont pas voulu prendre ce parti , s'en font trou- vez fi mal qu'on les a rappeliez honteu- fement. J'en pourrois citer plufieurs qui gour u avoir pas voulu adhérer aux fenti'- ^t Me m o I r e s mens de TEvêque & des Jefuites , & n'a- voir pas remis leur pouvoir entre les mains de ces infaillibles perfonnages ont été defti- tuez de leurs. emplois , & traitez enfuite à la Cour comme des étourdis &. comme, des broUillons. Mr. de Frontenac eft uiî des derniers qui a eu ce fâcheux fort 5 il fe broiîiljâ avec Mr. Duibi/nau Intendant de ce Païs-là , qui fe voyant protégé du GIcrgé , infulta de guet à pend cet illuflre General , lequel eût le malheur de fuccom- bcr Tous le faix d'une Ligue Ecclefiaftique ^ . par les rcQbrts , qu'elle fit mouvoir contrer tour principe d'honneur &: de confcience. Les Gouverneurs Généraux qui veulent profiter de l'occafion de s'avancer ou de thefaurifcr , entendent deux Mtfles par jour & font obligez; de le confeffer une fois eii; vingt -quatre heures. Ils ont des Eccle- fiafliqucs à leurs troufTes qui les accom- pagnent par tout, & qui (ont à proprement parler leurs Conlciilers.. Alors les Inten-. dans , les Gouverneurs particuliers , & le Confeil Souverain n'oferoient mordre fur leur conduite ;quoi qu'ils en euiïent aflez^ de fujet , par rapport aux malverfations qu'ils font fous la protedion des Eccleiiaf- tiqucs , qui les mettent à l'abri de toutes les accuiations qu'on pourroit faire contre eux. Le Gouverneur Général de Québec a vingt mille, écus d'appointemcnt annuel , DE L' A 1.1^ E R I Q^V t, 79 •ycomprenant la paye de h Comgagnie de ies Gardes & le Gouverneincnt particulier du Fore : oiure cth les fermiers du Caftor lui font encore mille ccus , de prefenc. D'ailleurs les vins & toutes les autres pro* viiions qu'on lui porte de Tïance ne payent aucun fret; fans compter qu'il retire pour le moins autant d'argent du Païs par fou fa voir faire. L^Intendant en a dix- huit mille ; & Dieu fait ce qu'il peut aque- rir par d'autres voyes s ' mais je no veux pas toucher cette corde-là , de peur qu'on neiiie mette au nombre de ces rnc- diians , qui difent trop iinccrcment la Vé- rité. L'Evélue tire fi peu de revenu d« fon Evcché , que il le lloi n'avoit eu li bonté d'y joindre quelques autres Bénéfi- ces fiîu.z'-'cn France , ce Prélat feroit aufS^ maigre chcre que cent autres de fon caractè- re dans le Royaume de Kâple^, Le Major de Xl^l^^c à fîx cens écus par an. Le Gou- verneur dcs' mis Rhiéres en -a mille, & ce- lui da Monreal deux mille. Les Capitaines des Troupes cent vingt livres par mois. Les Lieuren-insquatre-vingt'dix livres, les Lieu- tenans Réformez cinquante , les Sous-Lieu- tenans quarante, -^ les SokUts lix fols par jour, monnoie du Païs. Le Peuple a beaucoup de confiance auX Gens d'Eglife en ce PaVs-là , comme ail- ieurso On y efl; dévot en apparence j car D4 se Mémoires «n n'oferoit avoir manqué aux grande* Kîciïes , ni aux Sermons , fans excufe lé- gitime. C'eft pourtant durant ce tems-là , ^ue les Femmes & les Filles Te donnent «arriére , dans Taflurance que les Merc» •u les ?Waris font occupez dans les Eglifes. On nomme les gens par leur nom à la pré- dication : on défend fous peine d'excom- munication la leéture des Romans & des Comédies, auffi-bien que les mafques , les jeux d'Ombre de de Lanfquenet. Les Je- fuites & les Rccclets s'accordent auiïi peu que les Moîiniftes & les Janfeniftes. Les premiers prétendent que les derniers n'ont aucun droit de confeder. Relifez ma huitiè- me Lettre, & vous verrez le zélé indifcret des Ecclefîniliques. Le Gouverneur Gé- néral a la dirpolition des emplois mili- taires, li'donne les Compagnies , les Lieu- tenanccs & les Sous-Licutenances , à qui bon liii fcmble , fous le bon plaiiir de fa Klajefté ; mais il ne lui cil pas permis de difpoferdcs Gouvernemens particuliers, dej Lieutenances de Roi , ni des Majoritez de Places. Il a de même le pouvoir d'accor- der 'aux Nobles , comme aux Habitans , des terres & des établilTemens dani toute l'étendue du Cajiad^ ; mars ces concédions fe font conjointement avec l'Intendant, Il peut aufli donner vingt -cinq congez ou permiflîonspar an, à ceux qu'il jugeipr*-' DE l'Ameri q_u e. 8» pos pour aiier en traite chez les Nations Sauvages de ce grand Païs. Il a le droÎE de fufpendre l'exécution des Sentences en- vers les Criminels ; & par ce rctardcmenc il peut aiférnent obtenir leur grâce , s'il veut s'intéreiler en faveur de ces malheu- reuse : mais il ne fauroit difpofer de l'ar- gent du Roi , Hms le confentemcnt de Tln- tendant , quifeul aie pouvoir de le faire for- îir des Coffres du Thréforier de la Marine. Le Gouverneur Général ne peut fe difpen- fcr de fe fervir des Jefuites pour faire des Trairez avec les Gouverneurs de \it7ouvtlle Angleterre de de la Nouvelle 7ork^, non plus <]u'avec les îroquois. Je ne (ai fi c'ell pir rap- port au confeil judicieux de ces bons Pères , quiconnoiflent parfiitement le PaVs & les vé- ritables intérêts du Roi , ouiic'eft à caufc qu'ils parlent & entendent à merveille \qs Langues de tant de Peuples dilFércns, dont les intérêts fonttout^à-fait oppofez ; ou i\c^ n'cft point par la condeicendaDce & la fou- million qu'on eft obligé d'avoir pour ces dign^'s Compagnons du Sauveur. Les Confeiilers qui compcfent le Con- feil Souverain du C^-wad.t , ne peuvent ven- dre , donner, ni laiifer leurs Charges à leurs Héritiers ou autres fans le confentemcnt du Roi,quoi qu'elles vaillent moins qu'une lim- ple Lieutenance d'Infinierie. Ils ont c< û* îums de cocfuher les Prêires ou les JJii- D î tZx M E M O-I R E ^ tcs"%)rrqu'il s'agit de rendre des Jugemens fur des aiïàircs délicates ; mais lorfqull s'agit de quelque caufe qui ccjncerne les intérêts de ces bons Pères , s'ils la perdenc , il ["kut que leur droit {oit fi mauvais, que le plus lubtil de le plus rufe Jurifconfuite ne puifTe lui donner un bon tour. Plulieurs perfonnes m^ont afTuré que les Jefuites fai- iojentun grand Commerce deMarchandifes d'Europe, ik de Pelleteries du Cmadâ ; mais- j'ai de la peine à le croire , ou fi cela cil: , ii Faut qu'ils ayent des Correfpondants , des Gommis & des Fï-deurs au(îi fecrets & aulli iins qu'eux mêmes , ce qui ne fauroit être. Les Gentilshommes de ce PaVs- là ont bien des mefures à garder avec les Eccle- fiarriques , pour le bien &• le mal qu'ils en peuvent recevoir indirti^c^ment. L'Î-ac- que& les Jefuites ont allez d'afcendant fur l'efprit de h plupart des Gouverneurs Gé- néraux pour procurer des emplois aux en- fans des Nobles qui font dévouez à leur très-humble fervice , ou pour leur obtenir de ces Congez-, dont. je vous ai parle dans ma huitième Lettre. Ils Peuvent auili fortement s'intérefïcr à Tétabliflement des £]les de ces mêmes Nobles , en leur fai- jant trouver des partis avantageux. Un fimple Cure doit être ménagé , car il peut faire du bien & du mal aux Gentilshommes , dans les Seigneuries defquels ils ne font , DE l' A M E R I CL U n 85 pour ainft dire , que MKiionnaires , n'y ayant point de Cures fixes en Canada , ce qui ell un abus qu'on devroit réformer. Les OfKciers doivent aufli tâcher d'entretenir une bonne correfporidance avec les Eccle- I1.1 (bqu es , Hinsquoi il tfl; impollible qu'ih puilTcnt fe foiKenir. Il faut non -feulement que leur conduite (oit régulière , mais en- core celle de leurs Soldats , en empêchant les defordrcs qu'ils pourroient faire dans leurs Quartiers, Les Troupes font ordinairement en quar- tier chez les Habitans des Cotes ou Seigneu- ries de Canada , depuis le mois d'Od;o- brc jufqu'à celui de Mai. L'Habitant qui ne fournit ilmpleinent que Tutencile à fon Soldat , l'employé ordinairement à cou- per du bois , à déraciner des fouches , à défricher des terres , ou à battre du bled dcUis les granges durant tout ce tems-là ; moiennant dix fols par jour outre fa nour- fiîure. Le- Capitaine y trouve auQi fon compte , car pour obhger fes Soldats à lui céder la moitié de leur paye , il les con- traint de venir trois fois la fem.aine chez lui pour faire f exercice. Or comme les Habitations font éloignées de quatre ou cinq arpens les unes des autres , ^>: qu'une Côte occupe deux ou trois lieuë^s de ter- rain de front , ils aiment bien mieux s'ac-. corder avec- lui , que de faire (i fouvenî 3>é 84 Mémoires tant d* chemin dans les neiges & dans Icf boues. Alors volentï non fit injuria, , voilà le prétexte du Capitaine. A Tégard des Soldats qui ont de bons métiers , il eft aflu* ré de profiter de leur paye entière en verta d'un Congé qu'il leur donne pour aller tra^ railler dans les Villes ou ailleurs. Au re(}e , preique tous les Officiers en général fe ma- rient en ce PâiVlà , mais Dieu fait les beaus. Mariages qu'ils font, en prenant des Filles. qui portent en dot onze écus , un Coq ,. line Poule , un Bœuf, une Vache , & quel- quefois auiîi le Veau , comme j'en ai vu; p'Ulieurs dî qui les Amans , après avoir rié ie fait, & après avoir prouvé devant iès Juges la mauvaife conduite de leur Maî- îrefle , ont été forcez malgré toute leur ré- fiftance , moitié figue moitié raifin , par la perfuafion des Ecclefiaftiques d'avaler la f'ïWit y en cpoufant les Filles en queftion. Il y en a quelques-uns à la vérité qui ont trouvé de bons partis , mais ils font raresi. Or ce qui fait qu'on fe marie facilemenc. fn ce Païs-là , c'cfb la difficulté de pou- voir converfer avc;c ies peribnnes de l'au- tre Sexe. Il fdut fe déclarer aux Pères & Mercs au bout de quatre vifites qu'on fait à leurs Filles ; il faut parler de mariage ou «cfïer tout commerce, (înon la médifancc attaque les uns 6c les autres comme il faut. Ou ne fauroii voit- ks Femmes ^ i^^^ DE L* A M E R I & à quelques perfonnes de conGdération ; &i comme ce généreux Anglôts éroit ami du V Tans compter un avancement infailli- ble , fdifoient un mariage afTcz avantageux pour le Cavalier. Le repas étant fini , on Je prefTa de fiigner le contrat , mais il ré- pondit qu'ayant bû quelques rafades d'un vin fumeux , fon efptit n'étoit pas aifez li- bre pour juger dis conditions qui y étoicnc inférées , defortequ'on fut obligé de remet- tre la partie au lendemain. Ce retar^le- ment fut caufe qu'il garda la chambre jufqu'à ce que Mr. de Vronmiac ^ chez qui il avoir accoûriiméde manger, l'envoya qué- rir, afin de s'expliquer avec lui fur le champ» Or il n'y avoir point d'apparence de trouver aucun prétexte légitime,!! s'agilToit de répon- dre définitivement à ce Gouverneur j qui lui parla en termes précis , lui faifant con- noitre la bonté qu'on avoit eu de lui don- ner tant detems pour y penfer ; mais l'Of- £cier lui répondit en propres termes > que B E l' A M E R I QJJl, S 7^' tout homme qui peut être capable de fe . marier après y avoir fongé quatre mois , étoit un fou à lier. Je voi , dit- il, que je ic fuis , rempreiïtmcnt que j'ai d'aller à FEglife avec Madcmoifcile D* '-<* me con- vainc de ma folie .- fi vous avez de reflim.e pour elle , ne permette* pas qu'elle épou- fe un Cavalier (i prompt à faire des extra- vagances 5 pour moi je vous déclare . Mon- licur , que le peu de raifon ôcde juc ne cabalaffent les uns contre les autres; caries fuites ne peu- vent être que préjudiciables au fervice du Roi , & au repos public. Apres cela ce Païsjvaudroit la moitié plus que ce qu'il vaut à prefent,- Je fuis furpris qu'au lieu de faire fortir de France les Proteftan s qui palTant chez nos ennemis , ont caufé tant de dommage au Roiaume par l'argent qu'ils ont aporté dans leuis PaVs , & par les Manufactures qu'jls y oht établi, on ne îles ait pas envoi ez en Canada, Je fuis perfuadé que fi on leur avoit donné de bonnes alTuran ces pour la liberté de confcience , il y en a quantité c[ui n auroient pas fait ^difficulté de s'y éta- 5J0 M B M O I R E î blir. Q^ielques perfonnes m'ont répondu r« ce fujet que le remède eût été pire que le mal 5 puilqu'ils n'auroient pas manqué tôt ou tard d'en chafTer les Catholiques par le fecours des Anglois ; mais je leur ai fait en* tendre que les Grecs & les Arméniens fujets du Gïdnd Seigneur , quoique de Nation 6c de Religion djffc-rente de celles des Turcs y n'aiant prefque jamais imploré rairiftance des Puiffanccs étrangères pour (é rebeller .^x: fecouër le joug , on avoit plus de raifonde croire que les W'guenets auroient toujours confervé la fidélité dûë à leur Souverain. Quoiqu'il en Ibit > je parle à peu prés com- me ce R,oi à^ Aùgon qui le vantoit d'avoir pu donner de bons confeils à Dieu pour h /ymmétrie & le cours des Aftres s'il eût daigné le confulter. Je dis aufli que fi le Confeil d'Etat eut fuivi les miens, la N(?«- %'elU France. SiUxoix été dans trente ou qua- rante ans un Roiaume plus beau & plus flo- riflant que plulieurs autres àQ^imofe. Intérêts des f^rançois & des Anglois ds^^- /'Amérique Septentrionale. C Omme Ut^otivelle France 8c l^NouveU le Angleterre ne rubfiftent que par les pêches de Morue , & par le Commerce de toutes fortes de Pelleteries , il eftdcrintc- rec de ces deux Colonies , de lâcher d'aug- DE L'AmIRIQUS. ^1 menter le nombre des VaiiTeaux qui fervent à cette pêche , de d'encourager les Sauvages à chaiïerdes Caftors , en leur fournifTant les armes &: les munitions dont ils ont befoin. Tout le monde fait que la Mcrnè g{\ d'une grande confcmption dans tous les pais Mé- ridionaux de Ylur$ft , & qu*il y a peu de marchandife de plus prompt ni de meilleur débit , fur tout lorfqu'elle eft bonne & biea conditionnée. Ceux qui prétendent que la deflrudion desir(j^«<>ï/reroitavar.tagcure aux Colonies de h Nouvelle FvAfice , ne connoiiTent pas les véritables intérccs de ce païs-là , puif- que fi cela ctoit les Sauvages qui font au- jourd'hui les amis des François (croient alors leurs plus grands ennemis 9 n'en aiant plus à craindre d'autres. Ils ne manqueroient pas d'apcller les Anghis , à caufe du bon marché de leurs Marchandifes, dont ils font plus d'état que des nôtres renfuite tout le Commerce de ce grand Païs feroit perdu pour nous. Il feroit donc de l'intérêt des François que les îroquois fuilent affoiblis , mais non pas totalement défaits ; il cfl vrai qu'ils font aujourd'hui trop puiiïans, ils égorgent tous les jours nos Sauvages alliezv Leur but efl: de faire périr toutes les Nations qu'ils con- noiffent , quelques éloignées qu'elles puif- fcjit être de leur Païs. Il faudroit tâcher fl M I M O l'R 1 s de les réduire à la moitié de ce qu'ils fonr, s'il étoit pofljble , mais on ne s'y prend pas comme il faut : il y a plus de trente ans que leurs anciens ne ceffent de remontrer aux Guerriers des cinq Nations , qu'il eft expédient de fe défaire de tous les peuples /auvages de Catjada , afin de ruiner le Com- merce des François , & de les chafTtr en- fuite de ce Continent ; c'eft la raifon qui leur fait porter la guerre jufqu'à quatre ou cinq cens lieues de leur Païs , après avoir détruit pluficurs Nations différentes en di- vers lieux , comme je vous Tai déjà expli- qué. Il feroît afTez facile aux Français d'attr- rer les Iroquois dans leur parti , de les em- pêcher de tourmenter leurs Alliez » & dé faire en même-tems avec quoiUQ Vf ations IroqHffifis , tout le commerce qu'elles font avec les Anglois de la Nouvelle York- Cela fe pourroitairémentexécuter,moiennant dix mille écus paran qu'il en coûteroit au Roi î voici comment. 11 faudroit premièrement rétablir au Fort Frontenac les Barques qui y étoient autrefois , afin de tranfporter aux Riviéi es des TfonontoUans & des Onnontdguts les Marchandises qui leur font propres, & ne les leur vendre que ce qu'elles auroient coûté en France ; cela n'iroit tout au plus qu'à dix mille écus de tranfport. 'Sur ce pied-là , je fuis perfu^de que les JroquHs bî? l'A M F RT QUE. f$ ne fçroient pas (i fous de porter nn feul Caftor chez les Anglois par quatre raifons : la première , p.qrce qu'au lieu de foixance pu quatre-vins;t lieuës qu'élis feroient obli- ,gez de les tranf porter iur leur dos à la N^;^- z>elle Tork^y ils n'en auroientque fept ou huit à faire de leurs Villages jufqu'aux Rives du tAC de Frontenac; la deuxième qu'étant im- poflible aux Angloh de leur donner des Marchandifes à fi bon marché , fans y per- dre confidérablement , il n'y a point de Né- gociant.qui ne renonçât à ce commerce. La troifiéme confifte enta difficulté de fiib- (îfter dans le chemin de leurs Villages à la Nouvelle Tork. , y allant en grand nombre crainte de furprife, carj'ai déja'diten plu- fieurs endroits que les bêtes fauves man- quent en leurs Païs. La quatrième c'eft qu'en s'écartant de leurs Villages pour al- ler fî loin 5 ils expofent leurs femmes , leurs cnfans & leurs vieillards en proie à leurs jEnnemis , qui pendant ce tems-là peuvent les tuer ou les enlever comme- il efl arri- vé dcjwî deux fois. Il faudroit outre cela leur faire des prefens toutes les années , en Jes exhortant à laitTer vivre pai/îblement nos Sauvages Alliez , Icfquels font alTcz fois de fe faire la guerre entre eux , au lieu de ff liguer contre les Iroquois qui font les Enne- mis les plus redoutables qu'ils aient à crain- dre ; en nu mot il làudroit mettre ©ft exf^ 'J4. 'M Êll 0 ï R 1 s cutîon le projet d'entreprifc dont je vou« «i parlé en ma 13. Lettre, Cefl: une fcttifede direque ces Barbares dcpcndcnt des Anglois ; cela eft Ç\ peu vrai •que quand ils vont troquer leurs péleteries à la Nouvelle Torkt ils ont l'audace de taxer eux-mêmes les Marchandifes dont ils ont befoin , lorfque les Marchands les veu- lent vendre trop cher. Jai déjà dit plu- iieurs'fois qu'ils ne les coniidérent que par raport au befoin qu'ils en ont , qu'ils ne les traitent de frères & d'amis que par cett€ feule raifon , & que ii les François leur donnoient à meilleur marché les nccefîicez delà vie , les armes & la munition , Ôcc. ils n'iroient pas fouvent aux Colonies Angloi- fes. Voilà une des principales affaires à quoi Ton devroit fonger ; car fi cela étoit ils fedonneroient bien garde d'infulter nos "Sauvages amis & Alliez non plus que nous* •LesGouverneurs Généraux de Canada dé- Vroient empîoier les habiles gens du P.^Vs qui connoiffent nos Peuples confédtrcz , pour les obliger à vivre en bonne intelli- gence , fans fe faire la guerre les uns aux autres ; car la plupart des Nations du Sud fe détruifent infenfiblcmcnt ,ce qui fait un vrai plaifir aux /roils ne s'occuperoicnt plus ii ce n'eft à chaifer des Caftors , ce quirendroic le Commerce plus abondant ; 6c d'ailleurs ils feroient en état de fe liguer enfemble , lorique les Iroquois Te mettroient en devoir d'attaquer les uns ou les autres. L'intérêt des Angloïs eft de leur perfua- der que le§ Irancois ne tendent qu'à les perdre , qu'ils n'ont autre chote en vue que de les détruire lorfqu'ils en trouveront roccafion ; que plus h Canada fe peuplera & plus ils auront iujet de craindre ; qu'ils doivent bien fe garder de faire aucun Commerce avec eux , de peur d'être trahis par toutes fortes de voies ; qu'il eft de la dernière importance de ne pas foufFnr qu« Je:Fortdc,Fro«r^«4^ fe rétabliffc , non plus que les Barques , puilqu'en vingt- quatne heures on pourroit faire de$ dcfcentes au pied de leurs Villages , ^pour enlever leurs Vieillards , leurs femmes & leurs erhfans pendant.qu'ils feroient occupez à faire leurs chafTes de Caflors durant IHiver ; ^u'il eft de leur intérêt dej leur faire la guerre de tems en tems , ravageant les Cotes & les Habitations de la t^te du Paï? ^ afin if'i Mémoires d'obliger les Habitans d'abandonner le PaYs, & dégoûfer en mémc-tems ceux qui au- roient envie de quitter la France pour s'é- tablir en Canada , & qu'en tems de Paix il leur eft de conféquence d'arrêter les Cou- reurs de bois aux Cataractes de ia Riviérc des Outaouas pour confifquer les armes & munitions de guerre qu'ils portent aux Sau- vages des Lacs. Il faudroit auffi que les i4»^/(?i/engag€af- fent les Tfonontouans ou les Goyogoans à s'al- ler établir vers l'embouchure de la Rizière de CondeCur le bord du Lac Errié, & qu'en même-tems ils y conftruifîfTent un Fort& ' des Barques longues ou Brigantins , ce poftc feroit le plus avantageux & le plus propre de tous ces Païs»là, par une infinité de rat- ions que je fuis obligé de taire. Outre ce 'Fort s ils en déyroicnt faire un autre à l'em- fcouchûre de la Rtviûe des François , alors îl eft confiant qu'il feroit de'toute impoflî- bilité aux Coureurs de bois de jamais remet- tre le pied dans les Lacs. Il eft encore de leur intérêt d'attirer à leur parti les Sauvages de ÏAcadie ; ils le peuvent faire avec peu de dépeniè ; ceux de la Nouvelle Angleterre dévroicnt y fonger, auffi-bien que de fortifier les Ports oîi ils pè- chent les Morues. A l'égard des équipc- xnens des Flotcs pour enlever dc-s Colonies, je ne leur confeiilcrois pas d'en faire ; car fupofc b F t' h'U fi R I Qjr B. ^7 fuppofé qu'ils fuiîent afTurez du fuccès de leurs cntreprifes , il n'y a que quelques pla- ces, dont on pourroic dire que le jeu vau«> droit la chandelle. Je conclus & finis en «^ifant que les i;i- ^Qts de ces Colonies ne fe donnent pas af- ici de mouvement , ils font un peu trop indolents ; les Coureurs de hois FrMcoU font plus entreprenants qu'cu^c , &r les hd- nudiens font affurément plus acuifs de plus vigilans. Il faudroit donc que ceux d^ k NouTelle Tek. î-âth.3{r£nt d'augmenter leur Commerce de Pelleteries, en taifant des entrcprifesbien concertées ,& que ceiixdeïa Nouvelle Angleterre s'ciForçafifcnt à rei^dre la Pêche des Morues plus profitables à Cette Colonie, en s'y prenant de manière que bien d'autres gens feroient , s"ils étoient auiri^biéniiîuez qu'eux. Je ne parle point des Limites de la Nouvelle Fran^ce Ôi de h Nouvelle Angleterre , puis que julqu'â pré- ient elles n'ont jamais été bien réglées , quoi qu^il femble qu'en plufieurs TrsitcÉ de Paix entre Ces deux Royaumes, les bor- nes ayent étc comme marquées en certams fieux. Quoi qu'il en ioit, la décifion eh •cft délicate pour un homme qui n'en fau^ roit parler , (kns s'attirer de méchantes tf- fàires« tme il, "^ ^fïabîts y Ugemens, Compte xwn & umf eu- . m ent _ des Sauvages, ^ , ; S LE s Chronologvftes Gr^ri , qùiiont à\- vifé les tems en «Moy , ce qui eft caché ; fA^^^'nof & ^pe^iKor , ce qui efl ^- ibuleux ; ir,p'>ç^'^ > ce qu'ils ont cru paur vé- ritable , fc feroient bien pu psiTer d'écrire cent rive ries fur Torigine des Peuples de Ja Terre , puis que rufage de l'Ecriture leur étant inconnu devant le Siège de Trqje y il faut qu'ils s'en foient rapportez 'aux Manufcrits fabuleux des "Egyptiens & .des çhaldéens , gens visionnaires & fuper- flitieux.vOr fuppofons que ceux-ci -fpicnt les Inventeurs de cette Ecriture, commerrt pourra -t -on ajouter foi à tout ce.qu'iliS difentitre arrivé avant qu'ils etiffent trou- vé cette invention. Apparemment ils n'é*, ^toient ni plus éclairez , ni plus fçavaniS ,-Chronologiftes que les Ameriqualns , de^ ^forte que'iur ce pipd - là ils auraient été .fort embarrafrez à raconter .fidèlement lei Avantures & Ifs :T=aits de leurs Ancc- très. Je fuis maintenant convaincu qu^ la Tradition cft trop lufpeéte , inconftan- ,te, obfcure, incertaine, trompeufe & va- 'gue , pour fe fier à die ; j'ai obligation de cette icjée aux Sauvages de Canada , \il\xï ignorant ce qui s'eft paJÛié cUos k^r Tome 2.r^\<} 9S A A «k à ft fi A ftlàlàââ fflilillIlIllUJffl iiiiiyMffiWii TilLz.ic d^,S.2uva^e^ à\' Canada daiu lui. CciscaiL d'Cco , 9i8 M H 4^.0 I « H s ^jîd'its y Ugemtns, Cmflex'ton &umfêU' . ment _ des Samag^s. ^ LEs Chronolôgvftes Grm , qui ont di- vifé les tems en aMov , ce qui eft jcâché ; ,|uw9f>cûK & rpciKor , ce qui eft k- buleux ; l^K^izpy , ce qu'ils ont cru pour vé- ritable , fc feroient -bien pu pslTer d'écrire cent riv er.ies fur Torigine des Peuples de Ja Terre , puis que rufage de l'Ecriture leur étant inconn^u devant le Siège de Troje^ il faut qu'ils s'en foient. rapportez 'aux Manufcrits fabuleux des Egyptiens Se !des Çhaldécns , gens vifionnaires & fuper- ftitieux.cQr fuppofons que ceux-ci -fpicnt leslnventeurs de cette Ecriture, commer^t pourra- t '.on ajouter foi à tout ce. qu'ils -difentitre arrivé avant qu'ils enflent trou- vé cette invention. Apparemment ils n-e-, toient ni plus éclairez , ni plus fçavar>s ,-Çhronologiftes que les Ameriquains , de^ .forte que' fur ce pied - là ils auroient été 'fort embarraHez à raconter fidèlement les '.Avantures & Us :Eaits de leurs Ancê- tres. Je fuis maintenant convaincu qu< Ja Tradition eft trop lufpe^^e , iocondan- te obfcure, incertaine, trompeufe & va- 'cuV , pour fe fier à elle ; j'ai obligation de cette idée aux Sauvages de Canadd , (îîtrcs les uns que les autres, parce que les hommes €tant pétns d'un mêiTie liraon > il ne doit point y^avoif de dillindion,, ni de fubor- dinatîOri"entr'eux^. Lis pi'étcndent que leur contentement d'efprit-Ai; pUïe dcr beaucoup nos richefic^ ; que toutes nos fcienccs ne valent pas celle ée fçîvoir pafTs^r la vied^ns une tranquilité pariante j qu'un homme n'eft homme ch^.'X nous qu'autant qu'il eft riche. Mais qoe p^rai eux, il ùm pour être homme avoirJe tdent de bien courir, chafTer , pêcher,, tirer un coup de tlcche pc de fuiil , condnife,.un canot, fçavoir faire la guerre , connoître les Foiêis, vivre de peu , conftruirc des cabanes , couper des subres, & içavoir faire cent lieuës dans les E 6 ÏO? M JB M 0 1 R s $ bois fans autre guide ni provifïon que fon arc & Tes flèches. Ils difcnt encore que nous fommes des trompeurs qui leur vendons de très-mauvaifes Marchandifes quatre fois plus qu'elles ne valent , ea ^échange de leurs Caftors ; Que nos fufils crèvent à tout moment & les cflropient , après les avoir bien paiez. Je voudrois avoir le tems de vous raconter, toutes les fottifes qu'ils difent touchant nos maniè- res, il y auroit dequoi m'occuper dix. ou douze jours. Ils ne mangent que du rôti Sc du bouil- li, avalant quantité de boiiillons.de vian- de '& de poilTbn, Ils ne peuvent fouffrir le goût du Tel, ni des épiceries : ils (ont iurpris que nous puifîions vivre trente .ans, à eau le de nos vins, de nos épiceries v & de rufage immodéré des femmes. Ils dînent crdiiiaircmenc quarante ou cinquante de compagnie, & quelquefois ils font plus de Trois cens. Le prélude efl Uiie danfe de deux heures avant le repas , chacun y chan- tant fes" exploits" & cqw^ de (es ancêtres, Ccliii qui danfe cft feul en cette occafion,, c?e^'Ies' autres loiK alfis fur le derrière, qui rriir^ucnt M ciicnce par un ton de voix, hé ,bé , hé, hé , ^ chacun fe levé à fon tour, pour faire fa dinfe. Les guerriers n'entreprennent j.imais rieri; fans la délibération du Confeil , qui eft com- bois fans autre guide ni provifïon que fon arc & fes flèches. Ils difcnt encore que nous fommes des trompeurs qui leur vendons de très.-mauvaifes Marchandifes quatre fois plus qu'elles ne valent , ca ^échingQ de leurs Caftors y Quq nos fufils crèvent â tout moment & les eftropient , apîès les avoir bien paiez. Je Youdrois avoir le tems de vous raconter/ toutes les Tottifes qu'ils difent touchant nos maniè- res, il y auroic dequoi m'occuper.dix ou douze jours. Ils ne mangent que du rôti S>C du bouil- li, avalant quantité de boiiillons.de vian- dc Se de poiilbn. Ils ne peuvent fouffrir Je goût du Tel, ni des épiceries : ils font iurj^ris que nous puilîions vivre trente ans, à caufe de nos vins, de nos épiceries ,, & de Tuiage immodéré des femmes. Ils dînent crdinairemenc quarante ou cinquante de compagnie, & quelquefois ils font plus de trois cens. Le prélude efl une danfe de deux heures avant le repas, chacun y chan- îanr fes" exploits & ceu-x de fes ancêtres, Ccljii qui danfe cfc feul en cette occafion,. 1^ 'les autres (ont aflls fur le derrière, qui rri.îlraucnt la cvicnce par un ton de voix, M,J}é, /?/, hé , ôc chacun fe levé à fon tour., pour faire fa danfe. Les guerriers n'entreprennent jamais rien ran'sJadéiijération du Confàl , qui eft com- Jinnc ^Paa. ; Tenue uPno. lOQ .^" n n L* A M ë R ï QJO s* ïo^ l^ofé de tous les anciens de Ja Nation, c'eft- à dire, des Vieillards^au-defFus de foixante^ ans. Âvatic que ce C(?«/^// s'afîemble , le crieur avertit par les cris quM fait dans tou- tes les raè's du Village : alors ces vieilles gens accourent à certaine cabane dcftince exprès pour cela, oià ils s*aiTeient l'ur le derrière enferme de fi? ;î:i<«g-^, & après qu'on a dclibcré fur ce qu'il eft à p':opos de fai- re pour le bien- de la Nation , l'Orateur fort de la cabane & les jeunes gens le renfer- ment au centre d'un cercle qu'ils compo- fcnt ; eafuite ils écoutent avec beaucoup. d'attention les délibérations des Vieillards > en criant à la fin de toutes les périodes^ voilà qui efi bïeni Il ont plusieurs fortes de danfes , la principale &%. ce4ie du Calumet , les autrcj- font la danfe du Chef^ h danie de Guerre , la danfe de Mma^e , Se h danfe dû Sacri* fe..; Eiies font diiférentcs les unes des au- tres , tant pour la cadence que pour les fiLUs : niaiS'i! me feroit impofllble d'en fure la defcription , par îe peu de raport que ces danfes onî avec les nôtres. Celle. '^ Td'itei ces dt-ifer peuvrnt erre coni^Aréa a It Pyrrhi- q\\Q de Minerve , Cir Lts S^mvigis ohftrvent ^ in danfxn^ -d'nne ^r.zvié fi 'guliére , l«s c.tdinces de certii^es :'\> qu'il porte- le Ca- lumet de Paix ; cep^^ndant \ts autres s'arrê-. îent jufqu a ce qu'on leur crie de venira.. Alors quelques jeunes gcns-for-tent du Vil- lage , à la porte duquel ils foimtnt uiy. Cigale-, & lesétrangers s'aprochant jaiques-. là , ils danlent tous à la fois en. formant* lui fécond ovale à Tenrour du porteur de ce Calumet. Cette danfe dure- une dev- rai-hcu're.Enfuite on vient recevoir en. céiémonie les voiagturs pour les con- duire au fcTrin. Les mêmes cérém^^nies. s-obfervent envers les éirano;ei;s qui. vien- nent par eau ; aviC cette difteience qu'ils envoient un canot jufqu'aa pied du Vj!- Jage ,,port.nit le Calumct..de Paix à ia pio. ë.. en forme de n;ât » & qu'il en part un < u Village pcnH* aikr au - devant. La dan c de guerre fe fait en rond, pendant iaquvU^- le les Siuvag€s. font a-ifi> fur. le derrière-, . Celui qui danfe i'e promené en danfani à droit 5c à gauclie , ii chaîne cw Hiéme-teias- D E L* A M .E R I QJU E. ï ï «^ fcs E:^loits, & ceux de ies Aieuls. A la fin de chaque E:*cploit , il donnée un coup de mafluërfur un poteau plan-ié au centre, du cercle , près, de- cerrai.ns joiiçurs qul- baîtent la niefure fur une e(pccede timba- le. Chacun fe levé à fbn tour pour chan- ter la chanfon , c'efl: ordinairement loif- qu'ils vont à ia gueçic, ou lorfqu'ils en re* viennent, La plus grande pajfTion des Sauvages, cft la haine implacable qu'ils .portent à leurs ennemis, c'gil-à-dire, à touteçjes Nations avec lerquci.lcsjis font e.n [;uerre ouverte,, lls^ fe piquent aulli beauco.up. de valeur, mais à cela près .ils font de la dernière in- dolence fur toutes chofes. L'on peut di- re qu'ils s'abandoijncr.r tout- à -Fait à leur îemparamment , & que kur Société eft tou- te m^cliinale. Ils.n'ont ni Lcix , ni. Juges, ni Piètres, ils ont naturellement du pen- chant pour la <^.r.^.Yité , ce qui les rend fore cir.conlpL & toutes les fois que les Anciens tiennent des Confeils de Guerre & de Chif- fe-, ils-^ne manquent pas de les conful«« D E t' A ME R I 0_U E. 3 i f L'Année des OutaouAs , des Outagamis y des jurons , des Sauteurs ^ des llinois , de» OuniAmis , & de quelques autres Sauvages « cft comporée de douze mois. Lunaires Sy- nodiques , avec cette différence qu'au bout de trente Lunes ils en laiïïent toujours paf- fer une fumunieraire;,, qu'ils appellent la. Lune perdue., enfuite ils continuent leuç compte à l'ordinaire. Au refle , tous ceS: mois Lunaires ont des noms qui leur con- viennent. Ils appellent. ce!ui que nouâ nommons Mar^ y la Lune aux: Vers , pa^-^ ce que ces^nimaux ont accoutumé de for-* tir dans ce tems-là des creux d'arbre, oîi-: ils fe renferment, durant l'hiver. Celui à' Avril , la Lune. aux Pto/-^x , M.ij la Lune aux Hirondelles , ainij^ies autres. Je dis donc qU£U bout de trente mois Lunaires , le- premier qui fuit eft furnumeraire& ils ne, le comptent pas ; par exemple : nous fom- înes à prefeni dans la Lune de Mars , que, je fu pôle être le trentième mois Lunaire^ & pai .anfcqxient le dernier dece,tte épo-, que , fur ce pied-là celle d'Avril dévroit h, (uivre. immcdiatemtnt ; xe.penQant ce, fera la Lune perdue qui paiTcra la premie-, re., p.îice. qu'elle eft Ja trenteruniéme. Eii-- lui te celle d'Avril entrera. & on com- menccia en n.êrae-tems le période de> CQS trente niois Lunaires Synodiques , qui f4);]C .^pvifpa dçu.x, ans Ôc.denii, Conime,. T i^' Me moi ris ils n'ont point de femaines , ifs font oblî-' gez de compter depuis le premier jufqu'au vingt- fixiéme de ces fortes de mois; ce qui contient juftement cet efpace de tems qui court depuis Tinflant que la Lune com- mence à faire voir le fil de foncroiflànt fur le foir , jufqu^à ce qu'après avoit fini ion période elle devient prefque imperceptible au 'matin 5 ce qu'on apelle mois d'illumi- nation. Par exemple un Sauvage dira, je partis le premier du" mois des Eturgeons, qui efl celui d'Août , & je revins le 29» du" mois au bled d'Inde , qui eft celui de Se'ptcmbre jCnfuite le jonrfuivant qui étoic Je dernier je me repofai. Cependant com- me il rcfte-encore trois jours & demi da Lune morte , pendant lefquels II eft impof- fîble de. Ja voir, ils leur ont donné ce nom de jours nuds. Ils ont aulli peu d'ufage des heures que des femaines , n'aiant jamais eu l'induftrie de faire des Horloges ou des fabliers pour divifer le jour naturel en parties égales , par le moien de ces petites machines ; de- forte qu'ils font oblii^ez de régler le jour artificiel de même que la nuit par quart, demi-quart, moitié , trois quarts, Soleil le- vant Se couchant, Aurore^ Vêpres. Mais comme ils ont une idcemerveiileufedeiout ce qui cil: de la portée de leur efprit , aiant acquis U cpn.noiiraace de certaines choies DE L^AMîRlQtTE. II7 par une longue expérience &: par habitude , comme de traverfer des forêtsdeccnt lict.es en droiture fans s'égarer ; de fuivre des pi- ftes d'un homme ou d'une bête iur l'herbe & fur les fi^uilles ; ils connoiflcnt ex^ dé- ment l'heure du jour &: de la nuit , quoique le tems étant couvert , le Soleil &: les aunes Aftres ne puiflent paroiire. J'attribue ce ta- lent à une extrême attention qui ne peut être narurelqu'à d€S gens auffi peu diftraits qu'ils le font. Ils font plus étonnez de voir réduire en pratique quelques petits problêmes de Géo-i merrie,que nous ne le ferions de voir chan- ger r^au en vin. Ils prenoient mon Gra- phom,etre pour un * Efpnc , re concevant pas qu'on pût connoître fans magie -i^s di- ftancesdes lieux ,rans les mefurcr mécha^ niquement avec des cordes ou des vergues. -La Longimetrie leur plaît incomparable- ment davantage que l'Aitimetrie , parce qu'ils croient plus nécefiaire deconnoîcre la largeur d'une Rivière que la hauteur d'un arbre , &c. Je me fouviens qu'étant-un 'jour dans le Village des Ouuouas à MiJJi' ilimakjnac , un efc^avc porta dans la Ca- bane où je me trouvai , une efpéce dç muid , fait d'une grofie pièce de bois mol qu'il avoit artiftement percée , dont il prétendoit fe fervir pour conferver .de if f^ ''M B M e I R E t l'eau d*(^rable. Tous les Sauvages' qui vi- rent ce Vaifleau fe prirent à raifonner fur fâ capacité , tenant un pot à h main & vou- lant pour terminer leur différent faire porter de Teau pour le mefurcr. Il n'en Falut pas davantage , pour m\)bliger de gager contr'eux pour un feûin 3 que je trou- vcrois mieux qu'ils ne le pourroient faire, la quantité d'eau que ce VailTeau pouvok contenir; de forte que trouvant enfuite, fé- lon ma iuputation, qu'il en contenoit 145. pots ou environ , j'en fis faire aulli tôt Té- preuve. Ce qui les furprit davantage fût, iju'il ne s'en faloit qu'un ou deux pots que je n'eufle rencontré ju (te , & je leur fou-* tins que ces deux pots qui manquoient s'é- toient imbibez dans ce bois neuf. Mais ce qui efl: de plus plaifant , c'efl: qu'ils rae prièrent tous de leur apreiïdrc la Stéréo- métrie , afin de pouvoir s'en fervir dansle befoin. -J'eus beau leur dire qu'il me fe- foit impolîîble de pouvoir la leur faire Comprendre, leur alléguant plufieursraifons qui auroient convaincu tout autre que des Sauvages. Ils pcrfillcrent (i fort à me tour- menter , que je fus obligé de les pv'rfuaJer t)ue les Jéfuites feuls éioient capables d'en venir à bout. Les Sauvages préfèrent les petits Miroirs tonvexes de deux pouces de Di.imctrc à tome autre forte , parce qu'on y découvre -o f X* A.M E «. î o^v t* rîf ©oîns difbindement que fur les grands, les boutons & les tannes qui croiilent au vifage» Je me fouviens qu'étant à Miffilimak}nac un coureur de bois.y porta un Miroir con- cave afïez grand , lequel par xonfcquent Faifoit paroîc les vifages difformes- Tous les Sauvages qui virent cette pièce de Ca- toptrique , la trouvèrent auflj miraculeufc jque les montres à réveil, les lanternes ma- giques, & les pagodes à refTort. Cequieft "de plus plaifant , c'eft qu'il Retrouva dan-s la foule des Sp:â:ateurs une jeune Hurone qui dit en (ouriant à ce coureur de bois, que fi ion Miroir avoit aflc-z devenu pour rendre les objets réellement auffi gros qu'il Jes repréfentoit , toutes Tes camarades hn donneroient en échange plus de peaux de tDaftors qu'il n'en faudroit pour faire la for- îune. Les Sauvages ont la mémoire du mon* que nous nous faifions. . une idée de Dieu comme d'un homme qui- . fl'aiant qu'un petit trajet de- mer à pafTet prendront un détour de cinq ou fix çen$ . lieu es. Cette faillie ne lailTe pas de m'emha- raÇTer. Pourquoi, difoit-il. Dieu qui peut conduire aifément les hommes à la félici- îé éternelle , en récompenfant le mérite ôc , k vertu , ne prend -il pas cette voie abré- gée ; pourquoi méne-t'il un jufte par le chemin de la douleur au but de fa béatitu- de éternelle. C'eft ainfi que ces Sauvages fe contredifent eux-mêmes ; &c ccd ce qui fait voir que fefuschrift notre Maître, nous enfcigne lui feul des vcriicz qui fe foûtien- nent , & qui ne reçoivent aucune atteinte de contradiîî^onw D T. l' A MF. R r C>jj\ î ay Voici mainrenant une mabicre iinguliere de ces malheureux , qui fe réduit à ne croire ablblumcnt que les chofes vifibles cz probables. C'eft-là le point principal dé leur Religion abftraite^ Cependant quand en leur demande comment ils peu- vent prciiver qu'ils cnt plus de raiTon d'a- dorer Dieu dans le Soleil , que dans -un arbre ou une montagne , ils répondent qu'ils choififlent la plus belle choie qui foit dans la nature, pour admirer ce Dieu publi- quement. Les Jefuîres emploient toutes fortes de môiens pour leur faire concevoir la con- fcqucnce du S.ilur. Ils leur expliquent iî> eellamment TEcriture Sainte, ik h ma- niéré dont la Loi de feftis-ChriJl s'ell éta- blie dans le monde ; le changement qu'el- le y a aporté ; les prophéties ; les révéla- tations^& les mir?:crcs ; ces miférabîes font fore éloignez de répondre précifémcnt aux caracléres de vérité , de fincérité , & de divinité qui fe remarquent dans TEcritu- îe ; ils font incrédules au dernier point; & tout ce que ces bons Pcres en peuvent tirer 5 fe réduit à quelques acquicfcemcns Sauvages ," contraires à ce qu'ils penfent ; Pârcxemple : Q^iand i:s leur prêchent l'In- carnation de fepis-chr'fft y ils répondent que cetite]} adnitrMe ; lorfqu'ils leur de- mandent s'ils veulent fe£dte Chrétiens, ^ F 4 2î8, M E M o ï R e s ils repondent que ceft de z^aleur, celk-a-di^ rç, qu'ils pcnfeiont à cela. Et Ci nous autres Européens , les exhortons d'accourir en fou- Je à TEglife pour y. entendre la parole de Tuku 5 ils difent que ccU tft raifonnMe^ c'eft à- dire ^ qu'ils y viendront ; mais au bout du compte , ce n'eft que pour attraper quelque pipe de tabac qu'ils s'aprochent de ce lieu Saint , eu pour fc moquer de Ces Pères , comme je vous l'ai déjà dit ; car ils cnt la mémoire fi- heurcufe. que j'en çonnois plus dedix, qui fçavent rBcrituce Sainte par cœur. Mais voions ce qu'ils di- fent de la raifon, eux qui paiTent pour àon bêtes chez nous. Ils foûtiennent que l'homime ne doit jâ^ mais fe dépcullcr des privilèges de la rai- fon., puifque c'eft la plus noble faculté dont Dieu l'ait enrichi , & que puifque la Reljoion des Chrétiens n'eft pas foûmiie au jugement de cette raifon , il faut abfo- lumenc que Dieu fe foit moqué d'eux en leur enjoignant de la confuher pour dil^ cerner ce qui eft bon d'ayec ce qui ne l'ell pas. De- là ils fcûtiennent qulon. ne lui doit impofer aucune Loi, ni la. mettre à^n% h nccefîité d'aprouver ce qu'elle. ne comprend pas ; & qu'enfin ce que nous apeilons article de foi eft un breuvage que la raifon ne doit pas avaler , de peur de s'enivrer & de s'ccarter enfuite de Ion che.- DE L' A M I R I Q^U F. 129 mîn , d'autant que par" cette prétendue foi on peut établir le menfoi^ge auifi-bien que la vérité. Si l'on entend par-là une facilité à croire fans rien approfondir , ils préten- dent en fe fervant de nôtre langage Chré- tien , qu'ils peuvent avoir le même droit de foûtènir , en excluant la railon, que leurs opinions font des myrréres incompréhenfi- bles, & que ce n*e{î point à nous à ionder les fecrcis de Dieu , qm font' trap aii-deiHis de notre foible portée. On a beau leur remontrer -que la raifôn n'a que des lueurs & une lumière trom- peufe,qui mène au précipice ceux qui marchent à la faveur de cette fauffe clar- té , Se qui s'abandonnent à' la conduite de cette inlidélè, laquelle étant eiclave de la f^v doit lui ohéïr aveuglément &: fans ré- plique , commt un. îTcqUvis- captif à fon ivîaitre. On a beau, dis je^ leur repré- senter que TEcriture Sainte ne peut riea conrenirqui répugne direérement à la droi- te r^iifoh : Ils fe mocquent de toutes ces dé- monilrations , parce qu'ils fuppofent une fi grande contradiction entre l'Écriture & la raifoQ 5 qu'il leur femble impollible , n'é- tant pas convaincus de rinfaîllibiliré de l'u- ne par les lumières de l'aucre , qu'on ne prenne des opinions très-douteuiés pour des véritez certaines & évidentes. Ce mot ûç jGi les étourdit", ils s'eo mocquent , ils ï 5^ M-5 MOIRES- -^ difent que les écrits des Siècles paiïez font faux , fuppofcZy changez^ ou altérez , puis que les Hiftoires de nos jours ont le même fort. Qu^il faut être fou pour croire qu'un être tout - puiiTant foie demeuré dans Ti- nadion pendant toute une éternité , & qu'il ne fe foit avifé de produire des Créatures que depuis c.nq ou lix mille ans , qu'il ait créé Adjmponr le faire tenter par un méchant Èiprit à manger d'une Pomme > qui a caulé tous les malheurs de fa Pofté- jité 5 par la tranfmiffion prétendue de Ton péché. Ils .tournent en ridicule le Dialo- gue entre Ez/e Se le ^^r/^^j?/- , prétendant quec'cft faire une injure k Dieu , de fup- pofer qu'il ait fait le miracle dé donner J'ufage de la parole à cet Animal dans Iç deffein de perdre tout le Genre Humain. Q^re^ifuite pour fexpiation de ce péché , Dieu pour fatisfairc Dieu , ait fait mourir Dieu ; que ion .Incarnation , la honte de ion lupplite, jâ crainte de la mort & j'ignorancc de fes Dilc4i>les, pour porter 'a Paix au Mcndc ^ ibnt des chofes inouïes. D'autant plus que le péché de ce premier JPére a plus^fait de mal, queia mort de ce Dieu n'a fait de bien, puis que fa Pomme a perdu tous les Hoimies , &: qi\e le Sang de feffts Lhrifi n'en a pas iauvé la moitié. Q^e iur l'humaniic de ce Dieu , les Chré- îiciis ont bail wvx Ivoligion fans priiicipes , D E î/ A M E ÎR rQ_U E. T 5 T Et' fujcTte au ch;inaemenr des chofes hii- m.iines ; qu'enfin cette Religion étant di- vifée & fubdivifëe en tant de Stcles, com- me celie des François , des Anglais & des autres Peuples , il faut que ce (oit un Ou- vrage humaiiî, puis que li elle avoir Dieu pour Auteur , ù prévoyance auroit préve- nu cette diverfité de fentiniens par des dé- cidons fans àmbîguité j'c'eft à- dire , que (i cetfe Loi Evangeiiquc éroit d^fccnduë du Ciéi , Ton n'y tronveroit point ks obfcu- ritez , qui font le lu jet de la dilTeniion , & que Dieu prévoyant les chofes futures au- loit parlé en termes il clairs & précis ^ qu'il n^iuroit point laifTé de matière à la chicane : mais fuppofé » difent- ils , que cette Loi foit un ouvrage divin ; à lanui.ile de ces Sj(î:îes Chrétiennes nous déceTni- nera-t on? puis qu'?près avoir bien cl-oiil entr*eîles , on court encore rifque de Ton falut par le Tuff/age d\!n nombre *in fini de Chrétiens» Le -grand article , & qu'ils ont le plus de peine -à ^oncevofr-', c-eft celui de Tîncarnation d'urî^Kéa , ils le recrient fur ce que k Verbe Divin a -été renferme neuf mois dans les enrîMillîtsWune Femme; enfuite ils tournent t^n extravagance, que ce même Dîcu foit venu prendre un Goris de terre en ce monde , pour le porter dan^ fon Ciel ; ils vont encore plus loin , quand ils raillent de rinégalité de la Volonté c^e 'î^^l M-E MOIRES ftfus - chrift : ils difent qu'étant venu po.ur mourir, il paroît enf uite qu'il ne le veuille pas , & qu'il craigne la mart ; que fi Dieu & l'homme n'avoicnt été en lui qu'une même Perfoane , il p'auroit pas £u befoin de. prier ni de rien demander; que quand même la Nature Divine n'auroit pas été ia Dominante I il n'auroit pas dû. craindre la mort , puis que Ja perte de la vie tem- porelle n'eft.rien lors qu'on eft .afTuré de revivre éternellement , & qu'ainfi ^e{us^ Ch/ifi âUïok dû courir à la mort, avec plus de plaiflr .qu'eux V , lors qu'ils s'empoilon- nent pour aller tenir compagnie à leurs Parens dans le Païs des âmes , puis qu'il étoit afTuré du lieu où. il allpir.. Ils. trai- tent 54/;j/,P4///. de Vifionnaire^, foutenanc qu'il fe contredit fans celTe, & qu'il, r aifon- ne impitoyablement ; cc de plu^ ils fc mo- quent de la crédulité des premiers Chré- tiens, qu'ils regardent comme des gens am- ples & fup^rftiticux , d'oùilsprenncntocca* fion de dire que cet Apôtre auroii eu bien de la peine à perfuadcr les. Peuples de C4- j»4^*l qu'il avoit été ravi jusqu'au .troiiléme Ciel. Voici im pafTige de l'Ecriture qui les choque, multi vocatïy piauci vero eleâi , c'cftainfi qu'ils s'expliquent: „ Dieu a dit 5, qu'il y en avoit beaucoup d'^ppdlez , j, mais peu d'éiûs ; (I Dieu Ta dit , il faut „ que ctiafoit ^car rien ne peut i'empeghçr.^ », Or fi de trois hommes il n'y en a qu'un 3, de fauve, & que les deux autres Coienc 5, damnez j la condition d'un cerf eft pré- „ ferableà celle de l'homme, quand même „ le parti ftroi.t égal", c'eft-à- dire, qu'il n'y 5, en auroit qu'un dé d^mné. C'eft.Tob- jedipn que le Rat, ce fin Se politique Chef des S-iuvages , dont je vous ai tant parlé , me fit un" jour étant, à la chaiïe avec lui. Je lui répondis, quU fdlo'tt tâcher à'êtfe ce , bienheureux élu en fuivant la Loi & les Tréccptes de fefus-chrtji ; mais ne fe payant pas de. cette raifon , eu égard au grand rifque de deux perdus pour un de fauve y par un Décret immuable, je le renvoyai aux Jcfuites , n'ofant pas l'afiTurer qu'il nz tcnoit qu'^ lui, d'être élu , car il m'auroïc fait moins de quartier qu'à Saint P»î^/" fur tout à l'cgiud de la Religion , où ils demandent de la probabilité » celui doni je viens de parler n'étoit pas fi dépourvu de borî fens qu'il ne pût êtr^ capgble de bien pcnfer,.& de faire de bonnes réflexions fur la Religion., mais il étoit fi prévenu, que la foi. des Chrétiens eft contraire à îa raifon , que je n'ai pu .le convaincre après avoir lâché piufieurs fois de le délivrer de fes préjugez. Qu^ind je lui mettois de- vant les yeux 5 les Révélations de Moife êc des autres Prophètes , ce confentemenc prtjque univerfel de touies les Nations a Î34 Me M ô r R é s reconnoître fefus^chnfi.le martyre des Difciples & des premiers Fidèles , la fuc^ ceffioîi perpétuelle de nos facr^^z Oracles 3 la ruine entière de la République des f//i/> , la deftrudion de Jérufalem prédite par K6« tre Sauveur ; il me demandoit „ fi mon s, Père ou mon Ayéul avoient vu tous ces 3, événcmen-s , & fi j'éînis aiïez crédule s, pour m'irnaginer que nos Ecritures fufîènî 5. véritables 5 voyant que les Relations de 35 leurs Païs, écrites depuis quatre jours, 5, éroient pleinesdeFabks ; Que la foi dont j, les fefuites leur rompoient la tête n'étoit 3, autre chofe, que ïirer'igan (^c'tft-à-dire/^cy- ^,juafi9n) qu erre perfuadé ;cVft voir de les 3î propres yeux unechofe jou la reconnoître 3) par des preuves rkires & folidcs ; Que 3, ces Pères &: moi bien loin de leur faire „ voir, ou leur prouver Î3 vérité de nos 5j myftéres , nous ne faifionsque leur répan- ;, drc des îéncbres-& des obfcarirez d:.us y, l'cTprit. " Voilà jufqu'où va l'cntêremcnt de ces Peuples. Dë-là , ivloiiiieur , vous pou- vez jugprdeleuropiniâtreté. Je meflâteque ce détail vous aura divcFii fans vous fran- daltfer.Nje \rbus crois trop ferme & trop iné- l>ra;.ilabledans notic fimte Foi pour tjue tou- tes ces mipiéccz falTent aucane dangcreule imp.eiïîû'n lur vous. Je m'aiïure que vous voii^ joindra 2 à mt^i pour plaindre le déplo- rable étal cU ces Jj^norarii^ Adraiicns en- DE l' A M E R I Qja £. ï ? f femble les profondeurs de Ja Divine Provi- dence , qui permet que ces.Nations ayent: tant d'éloignement pour nos divines Vé« ritez, & profitons de l'avantage dont nous jouiÏÏbns par defTus.elks fans l'avoir méri- té. Ecoutons maintenant , ce que ces mê^. mes Sauvages nous reprocberc^nt dès qu^i!§ fe feront retranchez- dans la Morale : ,, Ils 3, diront d'abord que les Chrétiens fe mo- „ quent des Préceptes de ce Fiis de Dieu 9 35 qu'ils prci^nent fes défcnfes pour un jeu, 3, é^ qu'ils croyeat qu'il n'a pas parlé fé- 3, rjcuicment j puisqu'ils y contreviennent 3î fans Cu (le, qu'ils rendent Tadoration qui iîlui'eft due à l'argen-t , qlux Cafiors & à 3, Tint^rct , murmurant, contre fon Ciel & 2, contre lui dès que leurs T^aires vont mal , 35qu'rh travaillent les jours confacrcz à la „ pieté , -comme le relie du rems , jouant ^ :,, s'enyvranc, fe battantA' fedifînt des in- 3, jures ; Qj.*a'U lieu de foulager leurs Féres y 5, ils les bilicnt mourir de faim 8i de mifé- j, rr ; qu'ils fe moquent de leurs confcils ; 5, qkjlsvont même jufqu'à leur foûhaiter la 55 mort qa'ils attendent avec impatience ; 55 qu'a la rcferve des fé fuite s. tous les autres 5, C'.>urent les nuits de Cabans en Cabane 5, pour débaucher les Sauva.gejfcs ; qu'ils le „ tuent tous ks jours pourde^. larcins , pour ,5 d;.:s inj-ires, ou pour des femmes , qu'ils 5, le .pillefitjSc fe volent, fans aucun égard il€ ' Me Mo i Ré a j^au fàng.^.à ramitié, toutes les fois qu'ils ,, trouvent l'ojccafion de le faire impuné»- 5, mène ; qu'ils, fe déchirent ik fe diffament „ les uns les autres, par des nvédifances atro- „ ces, mentant fans fcrupule dès qu'il s'a- ,., git de leur intérêi ; Que ne fe contentant j, pas du commerce des filles libres , ils dé- M-bàuchent les femmes mariées, di que ces 35 f<-mmes adultères font eni'ablence deleurs 5, maris, des enfans dont le père efl incon- rs.nu ; Qu'enfin les Chrétiens, après avoir jy.aiïez de docilité pour croire l'humanité ,5 de ce Dieii , quo-ique ce foit la chôuî „ du monde la plus contraire à la Raïfôn ,^ „ (cmblent douter de Tes Commandemcns yydc de fes Piécepies , lefqueis, quoi que a, très-(ain,ts & >,fort raifonnables , ils transe 5^ greffent; continuellement. " Je n'aurui? jamais fini fi fentreprenois de faire' le détail dje leurs raifonnemens iàuvages ; ainlî je crois oifil vaut mieux palier droit aux cAo^ raûons -qu'ils font ordinairement au Kinki Mamuu , c'efl - à - dire > Grand Erprit ou Dieu , que de vous fatiguer àc cette Philo-» fophie, quin'cfl que trop vraye dans le t^ond^ &: qui doit faire gémir toutes les bonnes amcs perfuadées de la Vérité du Chriftia- Difme* • E L* A M E R ï Q^U lE. I î 7 AdoïAVon des Smz'dges. AVant que d'entrer en matière il eftboUp de remarquer, que les Sauvages ap« pcUent * Génie ou. Bfpm , tout ce qui fur- paflTe la capacité de leur entendement , Sc. dont ils ne peuvent comprendre la caufe* Ils en croyent de bons & de mauvais. Les premiers font l'Efprit des Songes, le Mi-r^ chîb'uhi ^ dont j'ai parlé à la table des Animaux; un Quadfxn Solaire^ un 'Réveil^ 6c cent autres choies qui leur paroilTent in- cgnccvcibies : Les derniers font le tonner-f re , la giéJe qui tombe iur leurs bleds, un grand orage ; en un mot , tout ce qui leut efl.prcjudiciabîe , & dont ils ignorent b eau- fe ; dès qu'un rufil eftropie un homme en crevant, ou parce qu*il étoit de méchant fer , ou pour l'avoir trop chargé , ils di- fent que le méchdnt Efprits'y étoit renfer- roé dedans; fï par hazard une branche d'arbre éborgneun Ch.iiTeur, c'cd le méchant ifprit qui Ta fait ;. fi quelque coup de vent kî. furprend lors qu'ils font en Canot au mi* lieu de quelque traverfe dans les Lacs , c'ell: le mcQhmt ï.fprh qui agite fair ; fi- par un rede de maladie violente quelqu'un perd Tulage de la raifon, c'cil le méchant jBfprit qui le tourmente. Voilà ce, qu'ils * Gt»it ft rap^mt an mot i'InuUlgtnçt^ 3 3^ Me MO I RE ^ appellent Matchi Manitous , au nombre defquels ils mènent aufii Tor & Targenr. Il eft à remarquer néanmoins qu'ils par- lent de ces Efprits en pîailanrant , &c à peu près comme nos- Efprits forts fe raill^rrî des Sorciers &"■ des Magiciens. Je ne fau- rois m'empêcher de dire encore une fois «]u'il en eft des relations de Canada com- nie des Cartes Géographiques de ce PaVs- là ; c'e/}-à dire , que de bonne foi je n'en ai-vu qu'une feule de fidèle einre les mains d'un Gentilhomme de Québec y dont Tim- preiïion fut enfuite défendue" a Paris y ians que j'en fâche la raifon. Je dis ceci à pro- pos du Dtaùle , dont on prétend que les Sativages ont la connoilFance ; j\n lu cent folies fur ce fujet , écrites par des gens d'Eglife , qui (oûticnnent que ces Peup'es ont des conférences avec lui, qu'ils le con- fiilrent & qu'ils lui rendent quelque forte d'hommage. Toutes ces fuppofition» font ridicules ; car le Diable ne s'eli jimais ma- niftftéà ces Aménquains, Je me fuis in-^ formé d'une ii'finiré de Sauvajres, s'il étoit vj'ai qu'on l'eût jamais vu (ous quelque fi- gure d'homme ou d'animal ; &: j'ai con-- fimc fur cela tans d 'habiles f««^/^«r/ -, qui /ont des efpéces de Charlatans , qui diver- tiffent beaucoup , comme je l'expliquerai dans la fui'c , qu'il eft à préfumer avec «ifon que fi le Diable leur étoit apparu , DE l'Ame RI o^tFE. 159 îl$ n'auroient pas manqué de me le dire, Aiiifi après^avoir fait tout ce que j'ai pu pour en être parfaitement cclairci , j'ai jugé que ces Ecclcfiaftiques n'enrendoient pas ce grand mot de Matcbi Manitou , qui veut dire méchant Efpr'tt^ étant compofé de M4?- chi , qui fignifie méchant ^ & à^ Mamtou^ qui veut dire Efprtr y à moins que par le mot de DiMe , on n'entende les chofes qui leur font nuifibles , ce qui félon le tour de nôtre Langue peut fe rapporter aux ter- mes de Fatalité, de Mauvais Defiin, & d'in* foetanc , &c. & non pas ce méchant Efprit^ qu'on repréRnte en Europe fous la figure d'un homme à longue queue , à grandes cor- nes & avec des griffes. Les Sauvages ne font Jamais de facrifî- ces de Créatures vivantes au Kichi Ma^ ntiou , c'cft ordinairement àts Marchandi* fes qu^ils trafiquent avec les François pour des Cailors, Piufieurs perfonnes dignes de foi m'ont raconté qu'ils en ont brûlé en un feul jour pour la valeur de cinquante mil- le écus à Mijjilimakmac. . Je n'ai jimais vu de cérémonie à (i haut prix : quoiqu'il en foit , voici le détail de ce facrifice. Il faut que le jour (bit clair & ferain., THorif^n net éclc tems calme , alors chaque Sauvage por- te fo!^ Oblation fur le Biicher : enfuite le Soleil étant à Ton plus haut degré , les en* * fans, fe rangent autour 4u Bûcher avec des Ï49 Me îvtô r r'é s ecorccs allumées pour y mettre le feu, 5^ les guerriers danfcnt & chantent à l'entouï»: jufqu a ce que tout foit brûlé &c confumé-, pendant que les vieillards font leurs Haran-- gués au Kitchi Manitou en préfentant. de. tcms en tems des pipes de tabac allumées au Soleil. Ces Chanfons , ces Danfes & c:>Sv- Harangues durent jiirqu'à ce que le Soleil fbit couché , quoiqu'ils prennent pourtant quelque inteivalle -de relâche pour ^'affeci^' & fumer à leur aife. Il ne me rcfte plus qu'à raparter ici , avant que de finir ce Chapitre, les propres parolc-s de CCS vieux Harangueurs, avec les Chan-^ ^ons des Guerriers. „ Grand Efprir , M.)?^ „ tre de nos vies , Grand Efprit Maître dcSf M-chofes vifibles & invifibles. Grand Efprit ,^ Maître des autres Efprits , bons. Se oia^u- ,j vais, commande aux bons d'être favora- jj ble à tes enfans les Ouuouas , oii,&o. 3> Commande aux mécHans de s'éloigner >j d'eux. O Grand Efprit , conferve la fôr-^ 55 ce & le courage de nos Guerriers pour 5, refifter à la fureur-de nos eriiicmis. Con^ »,icrve les Vieillards en qui les corps nz j) font pas encore tout à fait ufe^z pour dca- ,, ner des Confcils à la Je'uncdc-, Confer- 3, vc nos Enfuis , augm^Mites en le nom- >-, bre , délivre les des mauvais Efprits & >, de la mi;n des mcchans ho:nmes , afin a, qu^ni.nôtrc vieUieûe. ils nous failent vi- DE l' a 'M E RI <:>^^ E. *4^ • 9»vrc.&nous réjouïflent. Confcrve nos „ moilfons , & les Animaux , (i tu veux >5 que nous ne mourions pas de faim.- Gar-- 5î de nos Villages , de les Chafleurs en leuiî M ChafTss. Délivrc-r.ous <:le funelle furpri- )) Ce pendant que tu ceOes de nous donner 3) la lum.ére du Soleil qui nous prêche ta 531 grandeur & ton_pouvoir : avertis-nous par >> rurpric des fbnges de ce qu'il te plain .5, que nous fsiTions , ou que nous ne fartions âj pas. Qi^and il te plaira que nos vies a, finiflent , envoye-nous , dans le j^rand j, Païs des araes , où fe trouvent celles de ,5j nos Pçr£s , de nos Mères , de nos Ferft- -s, mes , de nos En fans , & de nos autres Pâ- j> renç- O Grand Efi^rit , Grand Efpric , >, écoute la voix de la Nation , écoute tous , 3> tes,eufans , & fouviens toi toujours d'eux. Voici les termes mêmes dont les Guer- îiers fe fervent dans leurs Chanfons ,.qui durent jafqu'au coucher duSoleil. jjCou- ,, rage , le Grand Efprit nous donne un û 5, beau Soleil, mes frères , prenons coura- 5, ge. Que fes ouvrages font grands / ou ^, que le jour a paru beau ] 11 eft bon , ce „ Grand Efprit , c'eft lui qui fait tout agir. „ Il eft le Maître de tout. 11 fe plaîc à nous ,, entendre ; mes frères , prenons courage; 3, nous vaincrons nos ennemis , nos champs 5, porteront d^s bleds , nous ferons de gran- ,j dês Chafles , nous nous porterons tous «4^ M E M O ï R É 5 ,, bien , les Vieillards fe réjouiront , îeuts ,, Enfans augmenteront , la Nation profpe- ^5 rera ; mais le Grand E/prit nous aime, 3, Ton Soleil s^d retiré , il a vu Ici Otitaouas 5, ou , &c. C'en eft fair ; ouï c'en eft fait ; le 5, Grand Efprit tft content^ mesfteres, prc- 5, n on s courage. Il faut remarquer que les Femmes lui ' font aufli des Harangues ordinairement quand le" Soleil fe levé , en préiVntant leurs en fans à cet Aftre. Les Guerriers forterit aiiûi du-Village lorfqu'il tft prêt à fe cou- cher pourdanïer la danfe du' Grand Efprir» ■Cependant il n'y a ni jour , ni tems fix« pour les (acrifices , non plus que pour les \dahfes particulières des uns & des autres» Jimours é* MarUgesdes Sauvages, IL y auroit mille dîofes curieufes à dire au fujet des Amourettes & du Mariage de ces Peuples ; mais comme c^la m'empor- teroit trop de tcms & que vous pourriez peut-être vous rebuter d'un détail trop par- ticularifé , je me contenterai d'en raporter Teffentiel. On peut dire que les hommes font auflî indifferens que les filles font palïîonnées, •Ceux ià n'aiment que la Guerre & la Chal^ fe, c'cftoij ils bornent toute leur Ambition* '^Cependaiu lorfqu'ils fçnt chez eux fans oc- It'cirdc. cveitthicn u ^t- pliant-' icron-Lpa.nti^ d:^fis parents. 55 bien , les Vieillards fe réjouiront , feuï-s ,, Enfans augmenteront , la Nation profpe- ^, rera ; mais le Grand Efprit nous aime, .5, Ton Soleil s'ed retiré , il a vu les Otitaouas 3, ou , &c. C'en efl: fair ; ouV c'en eft fait ; le 5, Grand Efprit eft content , mes frères, prc- 5, non s courage. Il faut remarquer que les Femmes lui font aufli des Harangues ordinairement quand le Soleil fe levé , en préCencant leurs en fans à cet Aftre. Les Guerriers fortent aufli du Village loiTqu'il efl prêc à fe cou- cher pourdanïer la danfe du' Grand Efprito 'Cependant il n'y a ni jour , ni tems fixe pour les lacrifices , non plus que pour les xdatireS: particulières des uns & des autres» Amours & MarUgesdes Sauvages. IL y auroit mille chofes curieufes à dire au lujet des Amourettes & du Mariage de ces Peuples ; mais comme c^la m'empor- teroit trop de tcms &: que vous pourriez peut-être vous rebuter d'un détail trop par- ticularifé , je me contenterai d'en raporter rtfTentiel. On peut dire que les hommes font aufli indifferens que les filles font paiîionnées. -Ceux ià n'aiment que la Guerre & la Chai* fe, c'cftoij ils bornent toute leur Ambition. ^^Cependant lorfqu'ils fçnt chez eux fans oc- /le-ilcwcL aMafitycccf OTT et la^ accompaqriii dcjo' par>^iij' 5> » • sa S> fo qi en ai} ch Ce I de ter< pei tici < ind Cei fe. ï> E l' a m E R ï Q^U 2. 5 41 .^rupatîon ils courent l' alluméte , c'clV le terme dont ils fe fervent pour dire courir de nuit. Les jeunes gens ne fe marient qu'à l'âge de trente- ans , parce qu'ils, prétendent que le Commerce des femmes les énerve de telle forte , qu'ils n'ont plus la même force pour effuyer de. groilcs fatigues , ou les jarrets af- iez Forts pour faire de longues courfes , & pour courir après leurs ennemis ; qu'enfin ceux qui parmi eux ont voulu fe marier ou xonrir lUllum^te un peu trop fréquemmenCs fe iont louvent laiffez prendre par les Iroquois^ pour avoir fenti de la foiblefFe dans leurs jambes & leur vigueur ralentie. Ce n'eft pourtant pas à dire qu'ils gardent la chafle- té jufqu'à cet âge-là , €3fr ils prétendent que comn:)e une trop grande continence leur cau- fe des vapeurs y des m?.ux de reins, & des re- tentions d'urine ,-il cftabfolument néceflTaire pour l'entretien de la fanté de courir l' alhc^ mite une fois toutes les femaines. Si iesSauvages étoient capables de s'a- fujetir à Tempire de l'Amour , il fa u droit qu'iis eulTent une force ^i^efprit extraordi- naire , pour diifimuler la jufte jaloufiv qu'ils pourroient avener en cérémonie à celle de fon Père, où îe nwrié cft obligé d'aller la trou- ver quand il lui plaît , jufqua ce qu^'elle ait un enfant ; car alors elle fcit porter Tes hardes chez fon époux pour y demeurer juC? qu'à ce que le Mariage foit rompu. Il eft permis à l'homme & à la femme de fe réparer quand il leur plaît. Ordinai- rement ils s'avertiiïent huit jours aupara- vant 3 fe donnent des .raifons .pour fe^qyit- ter plus honnêtement , mais ordinaiienienc ils ne (e difent autre chofe , fi cen'eil; qu'é- tant malades le repos ert: plus convenable m à leur fanté que le Mariage ; alors les pe- tits morceaux de baguette qui ont été diltri- buez aux païens des mariez , font portez ;. dans la cabane oii la cérémonie s'eft faite pour y erre brûlez en leur préfence. Il faut remarquer que ces réparations fe font lans difpute , querelle ni contradidion. Les femmes font aufli libres que les hommes de fe remarier à qui bon leur femble. Mais pour l'ordinaire elles attendent trois mois D E Z A M E R I (\U E. 1 5 T 1^ quelquefois fix , avant que derepaiïcr à de fécondes noces. Lorfqu'ils fe féparcnr les enfans font partagez éi^^lement , car les enfans font le tréfor des Sauvages: ii le nombre ePcimpair, la femme en a plus que k mari. Quoique la liberté de changer foit en- tière , on voit des Sauvjgcs qui n'ont ja- mais eu qu'une même femme , laquelle ils ont gardée pendant toute leur vie. J'ai dé- jà dit qu'ils fc gardent fun à Tauiie une fidélité inviolable pendant tout le tcms du M-îri.ige ; mais ce qui efb eticore de plus éd. liant , c'c/l que d'abord que la kmme s'ell déclarée groiïe , les deux conjoints s'abflicnncnt exadement du droit , & ob- fervent exactement la continence juicju'au trentième jour après raccouchement. Lors qi'.e lafemm.e cil: lur le point d'accoucher , elle fe retire drus une certaine cabane defti- née à cet uf^ge ; fes fervantes efclavesl'ac- coinpap.nem , la fervent 6c l'aident en tout ce qu'elles peuvent. Au rede , le Sexe fe délivre du firdeau naturel fans le fecours de Sages femmes , car les Sativagejfes met- tent leurs entàus au monde avec une facilité que nos Eurjpéenes auroient peine à conce- voir , ôc le tems de leurs couches ne du-' rent pas plus de deux ou trois jours. Elles obfervent une efpéce de purification pen- dant trente jours , u c' ell un enfmt mâle , & G 4 i,f,i Mémoires quarante fi c'eft une fille ; ne retoumânîrâ la cabane de leurs Maris , qu'après ce terme expiré. Dès que leurs enfans viennent au monde, elles les plongent dans Teau tiéde jufqu'au menton ; eniuitc elles les emmaillotent ftir de petites planches rembourrées de coton, le long desquelles elles les couchent fur le dos tout du long , comme je l'ai expliqué au Chapitre des Habits , Logemens, Comple- xion , Sec, des Sauvages, Eiles ne fe fervent quafi jamais de NourrictfS , à moins qu'el- les ne foient iiicommodces , & elles ne fé- vrent jamais, leurs enfans , leur donnant la mammelle tout auffi long-tems qu'elles ont du lait , d-ont elles font alïuréinent très-bien-.^ fournies. Les femmes ne trouvent plus à fe ma- rier après cinquante ans ; car les hommes de înême âge difent que ne pouvant plus avoir d cnfms, ils feroient une folie de les prendre , 2c les jeunes gens loûtiennent de mêîKe que leur beauté flétrie n'a pas aiïez de pouvoir pour les charmer dans le tems qu'ils trouvent- tant de jeunes filles à clwi- fir. Ain fi- les hommes faits , ne les voulant point pour femmes , ni les jeunes gens pour NJaitreffes , elles font obligées , lorqu'elles font de complexion amoureufe , d'adopter quelque prifonnier de guerre qu'on.leur don- ne , pour s'en fervirdanslepreffant befoin» Le mari OU la.fcmme venant à mourir 3, bel'Ameriqjue. in Je veuvage ne difre que fîx mois ; & d pendant ce tcms-là , celui des deux con- joints quirefte, fonge à l'autre, deuxnuitf de fuite pendant le fommeil , alors il s'em- ppîfonne d'un grand iens froid ôc avec un air. tout-à fait content , chantant même d^un ton qu'on peut dire venir du fond du cœur ; mais fi le veuf ou la veuve ne rê- vequ^'une feule fois au dcfunt ou à la dé- funte , ils difent qae l'Efprit des Songes né- îoit pas bien aifuré que le mort s'ennuiâc dans le P.iis des ames\ puifqu'il n'a fait que pn (Ter fans ofer revenir ; & qu'ainfi ils ne Te croient pas obligez d'aller lui tenir compagnie. Les Sauvages ne font pas fufccptible- de jalôufie, & ne connoiffent point cette raf- (Ton. Ils fe moquent là-dciTus des 'Euro* péens ; ils apellent une véritable folie la défiance qu'un homm^e a de fa femme ^ comme lî, difent-ils , ils h'étoient pa affûrez que ce fragile Animal eft dans l'im- pofîibilité de garder la foi. Ilsajoû-tent par un faux raifonnement , que le foupçon n'efl'qu'un doute 3, & qu'ainll de douter de ce qu'on voit , c'eft être areugle ou fou, dès 'que la chofe eft réelle & évidente : qu'enfin , il eft impoiîible que la contrain- te & la continuité qui fe trouve dans nos Mariages , ou Tapas de l'or & de l'argr-nt , in'obligent une femnae dégoûtée d un me- ^ 5 Ï54 Mémoires fne Mari , de Te ragoûier en f;^ diverti/Taog avec un autre homme. Je fuis ptMUîdé qxiun Sauv'ige foufnroit plû.ôv la mutila- tion 5 q^ie d*avoir cartflé la femme de Ion voifin. Les Sauvagefit;s: ne font pas d'une chafteté moins aaflérc. Je ne crois pas qu'en l'erpacedecinijuante ans homme ou femme ail fait aucune tencativjjur la cou- che d'aurrui. Il ePe vrai que les Irançoiî.ç ne pouvant pas diflingucr les femmes d'a- vec les filles , les pi client quelquefois lors qu'ils les trouvent feules à la chafle dans leJBois , ou dcins le tems qu'elle fe promè- nent dms leur champ , mais celles qui font >• mariées leur répondent en ces termes, /^/Wf^; qui eft devant, me s yeux m'.ewpêche de te voir^ Les Sjuvagcs portent toujours le nom ^ de leur Mère. Je m'explique par un exem- ..J pie: leCh.f de la Nation des limons , qui s'apelle Sctflaretfiy étant marié avec une fil- le d'une autre famille H^raw^dont il aura pluiieurs enfans , le nom de ce Chef s'é-. îejnt par fa mort, parce que fes enfans ne sVpellenr plus que du nom de leur Mè- re. Comment eil ce Jonc que ce nom a fubfifté depuis fept ou huit cens ans , & . qu'il fibfidera : c'eftqiiela fœur de ce^^î- ... Êmtfi venant à fe m.irier av^c un autrC;, lés e.ians qui proviendront de ce Mariage 5 Sauvage 3 que nou^^peUeions AdMW :, DE l' a me R I Q^U E. Iff s'apel 1 e ron c 5*e/r.;rff/î , qui eit le nom de la femme , & non pas Adtrio qui eft celui du Mari. Quand je leur ai demandé la raifon de cette coutume, ils m'ont répon- du que les enfans aiant reçu Tame de lâ part de leur père , & le corps de la part de la mère , il étoit raifonnable qu'ils perpé- tuaient le nom maternel. Je leur ai dit cent fois que Dieu leul eil le Créateur des âmes ,& qu'il étoit plus vrai fembl^^ble de croire que c'étoit , parce qu'ils étoient a(^ fûreK de la mère , & non pas du père , mais ils prétendent décilivement, que cette rai*' fon eft ablurde , fans en aporter aucune preuve. Lorfqu'une femme a perdu fon Mari, 5c qu'il a d'autres frères qui ne font pas en- «O! c mariez , l'u^ d'eux époufe la veuve hx mois après. Ils- en agiilenl: de même avec les fœurs de leur femme , laqucPe venant à mourir , l'une defes fœurs rem p. t ordinairement fa place i mais il faut le^ marquer que cela ne s'obi'erve qu'entre des Sauvages qui fe piquent d'une plus- grande fageffe que les autres. Il y a des Sauvages qui obferveut le Célibat jaiqu'à la mort , & qni ne vont jamais à la guer- re j ni à la chaffe , pâtre qu'ils lont ou lunaii- iUes . ou incommodvx ;■ quoiqi'iî en (•■it , on a pour eux autinidcconiidé- îauon que pour les plus iains & les piuâ Ts6 M E MO t R « * braves du Pais . & Ci Ton en fait quelques railleries , ce n'eft jamais en leur prefence. L'on trouve parmi les Uinois quantité d'Her- maphrodites ; j!s portent Thabit de femme , mais lis font indifféremment ufage des deux S^xes. Ces Ilinois ont un malheureux pen- chant pour la Sodomie , aulîi-bien que les autres Sauvages qui habitent, aax environs di| Fleuve de MiJfiffipK Voilà tout ce que je puis vous aprendre de plus particulier touchant le Mariage & les Amours de ces Ameriquains , qui bien, loin de courir à toute bride & comme des, chavauxéchapcz dansk Pa'ù à^Venus , ce qu'on pourroit juflement reprocher à nôtre lurope y vont toujours bride en main , é- tant modérez dans le commerce des fem- mes , dont ils ne fe fervent que pour la por- pagarionde leurs-familIes. & pour conferver leur fauté. Je vous ai fait remarquer que lorfqu'u- ne fille a eu des cnfans , elle ne trouve ja- mais à fe marier , mais je devois ajouter que d'autres filles ne veulent point enten- dre parler de Mari , par un principe de dé- bauche. Celles-ci s'apellent Ukpuene Khufa ^ c'eft-à-dirc, femme de cha^e, parce.qu'elles fe diverciGent ordinairement avec des Chaf- feurs , alléguant pour raifon qu'elles fe fen- dent trop indifférentes pour s'engager dans ie lieu conjugal 5 trop, uéglige^tes, pour ô E L* A- M 1 R- 1 C^V F. 2 t7 éfever des enfans, & trop impatientes pour paiTer tout Thiver dans les Villages , &. voi- i là comment elles colorent leurs dérégie- mens. Leurs Parens n'oferoient s'ingérer de leur reprocher leur mauvaife conduite , au contraire , ils paroifTent Taprouver , en di- fant , comme je crois vous l'avoir déjà mar- qué^ q:Ue leurs Filles font MaitretTes de leurs corps , qu'elles dirpofent de leurs perfon- nes , & qu'il leur eft permis de faire tout ce qu'elles jugent à propos. Au refte , les en- faas de CCS publiques font réputez légitimes, joiiiiïantde tous les privilèges des enfans de familles ; avec cette diiïcrcnce,que les Chefs^ de GuerreoudeCdnfeil, ne voudroient ja^ mais les accepter pour Gendres , & qu'ils ne pourroient entrer non plus dans certai- nes familles anciennes , quoique d'ailleurs filles ne jvvdiiïent d'aucun diciî , ni d'au- cune prééminence qui leur foit particulière». Les Jétliitjs font tous leurs efforts pour ar- rêter le délordre de ces fîl'es débauchées ;ils ne cèdent de piécher aux Parens que leur indulgence eft fort défagréable au Grand Efprit,^. qu'ils répondront devant Dieu du peu de foin qu'ils prennent de faire vivre leurs enfans dans la continence & dans la chafteté , qu'il y a des feux allumez dans, l'autre monde pour les tourmenter éternel- lement , s'ils ne font pas plusfoigneuxda cor/iger le vicç, ,. 2 5S Me MO 1RES Les hommes répondent cela ejî admîraèîà^f êc les femmes ont coutume de dire aux- bons Pères en fe moquant, que fi leur me- nace ell: bien fondée, il faut que les monta- gnes de cet autre monde foient formées dôs- kîcendre des âmes» Maladies & RemeMs des Sauvages^ . ■ Yï;Es Sauvages font robuftes & vigoureux,..- J^i^d^'un tempéramment ianguin » & d'une admirable complexion. Ils ne connoifTent point ce grand nombre de maladies dont -. hs Européens font accablez , comme Gou>'' te ^ Gravelle , Hydropijie \ &:c. Ils font d'u- ne fanté inaliérable , quoi qu'ils ne pren- nent aucune précaution pour la conferver, & quoi qu'ils dévroient , ce femble , l'aifoi- blir par les exercices violens de la danlc, delachafle, & des couries de guerre, oii ils paflent dans un même jour du chaud au froid , & du froid au chaud , ce qui leroit en Europe wwQ caule de maladie mortelle, - îl efl; vrai poujiant que quelquefois ils attrapent de bonnes Pleureiîes , mais cela eft aufli rare qu'il clt peu ordinaire qu'ils- cn guénfiént lorfqu'ils en (ont attaquez^ . CdiT c'eft l'unique maladie contre laquelle tous leurs rcmcdes font inutiles. La petkc Vérole ed aufli ordinaire au Nord du Oe- »4^-, que la grojfc reil vers k Midi. La Ti'uft^ /fi.)/i/h'rtu\- pour / i\L'iU 3 58' M E MO I K E s Les hommes if pondent cela ejl admlraUèf èc les femmes ont coutume de dire aux- bons Pères en fe moquant , que fi leur me- nace eft bien fondée, il faut que les monta- gnes de cet autre monde foient formées de - kicendre des âmes» Maladies & RemeMs des Sauvages^ TrEs Sauvages font robuftes & vigoureux, Xlld'un tempéramment languin > & d'une admirable complexion. Ils ne connoilTent point ce grand nombre de maladies don: les Européens font accablez , comme Gout- te ^ Gravelle , Hydropifie,^ &c. Ils lont d'u- ne fanté inakérable , quoi qu'ils ne pren- nent aucune précaution pour la conterver, &,quoi qu'îbdévroient, cefemble, l'aifoi- biir par les exercices violens de la danic, delachafle, & descourfes de guerre , où ils paflent dans un même jour du chaud au froid , & du froid au chaud , ce qui ieroii en Europe vmQ caule de maladie mortelle. Il efl; vrai pouuant que quelquefois ils attrapent de bonnes Pleurelios , mais cela cft aufli rare qu'il cil: peu ordinaire qu'ils^- en guénfient lorfqu'iU en lont attaquez,- car c'eft Tunique maladie contre laquelle ^ tous leurs rcnude^ font inutiles. La pemc:r Vérole cO: aufli ordinaire au Nord du Ca^ 94iU., que la grojfc ÏQà. vers le Midi. La.. ntûftpcl'ti^n 4^ ut- daiijen' ^ ths V An T K 1 Q^ E. ï 5^ première de ces deux maladies cft irès-dari'* gereufc en Hiver , par la difficulté de la tranfpiration. Cependant, quoi qu'elle (o:t mortelle, les Sauvages en font fi peu de cas, qu'ils Te promènent dans le Village de cabane en cabane , s'ils en ont la force » fînon ils s'y font porter par leurs efclavcsa . La maladie Vénérienne eft tout-à-fait com- mune du côté Q\i:s ll'mois Se du Fleuve de Miffijf,y% Je me fouviens qu'étant avec les Akanpts que je rencontrai fur ce grand \ Fleuve à la fortie de la Rivière des Mïjfou- ris i (cornue j«j vous l'ai marqué dans ma feiziéme Lettre,) je vis un Sauvage qui s'écant dépouillé devant moi me fit voir une partie de fon corps tombant en pour- riture ; ilfnfoit boiiiîlir des racines, ik lui aiant demandé à quel ufage, il me répon^ dit par interprète 5 qu'il cfpéroit bien erre guéri au bout d'un mois en buvant le fjiç de ces mêmes racines Se en prenant mcef- fam.nent de bons bouillons de viande & de . po.idon. L'e.iu de vie faif un ten'bîe ravage chez les peuples du Canadx , car le nombie ds ceux qui en boivent eil: incomparablement plus grand qui; le nombre de ceux qui ont là force de s'en ablbnir. Cette boilTon qui ef: meurtrière d'ollu-même , &que l'on ne porte pas en ce PaVs-là fans l'avoir mix» lipanée j les confume fi fort , qu'il fauE xé'à Mémoires avoir vu les funeftes effets pQurlcs croire^ï Elle leur éteint la chaleur naturelle & I^ fait prefque tous tomber dans cette- lan- gueur qu'on apclle confomption. Vous les voitz pâles , livides & affreux comme des fqucIcît€S. Leurs feftins qui font de copieux repas oii ion fe fait un mérite de re rien lâiiîer , leur ruïne abfolument Tefto- mach. Ils prétendent qu^en buvant beau- coup d'éaux ou de bouillons , la dig.flion fe fait plus aifément chez eux que chez nous autres Europésm , qui chargeons nô- ' tre cftomach de vin & d^autres liqueurs qui nous produifent des crudirez. Les Suî- vages ne s'étonnent pas de leurs maladies. Ils craignent beaucoup moins la mort qiTe " la douleur du mal & fa durée. Lorlqu'ils - forît malades ils ne prennent que des bouil- lons 5 mangent peu, & lorqu'ils font affe^ •:' heureux que de pou voir dormir ils le croient fauvez» Ils m'ont dit vingt fo'i^ que le loin- meiî & les Tueurs étoient capables de guérir rhommc dumonde le plus accable d'infir- mitez, Qi^and ils font il fort aiîbibîis qu'ils ne peuvent fortirdu lit , leurs parens vien- nent danfcr &: le rcjoliir devant eux, pour les divertir. Au reile , ils ne manquent ja- mais d'être viîîtcz par les f angle urs , dont il eft bon de dire ici deux mots en paflant. Un fongleur eft une efpcce de Médecin j ou> pour mieux dire, de Charlatan, qui s'é- T> E l' A M E RI Q_tr E. ï ft tant guéri d'une maladie dangereufe , eft aflcz fou pour s'imaginer qu'il efl: immor- tel , & qu'il a la vertu de pouvoir guérir toutes fortes de maux en parlant ai.t bons & aux mauvais E//^riry. Or quoi que tout le monde fe raille de ces fongleurs en leur abfcncc , & qu'on les regarde comme des fous qui ont perdu le bon fens par quelque violente maladie , on ne laiffe pas de les laifler aprocher des malades, foit pour les divertir par leurs corues, ou pour les voir rêver, fauter, crier, hurler, & faire des grimaces & des contoriîons , comme s'ils étoicnt pofTedcz-, & tout ce tintamarre fe îera"jine par demander un feftin de Cerf ou de grofFcs Truites pour la compagnie, qui a le philir de la bonne chère & du diver* îiflement. Ce f ongle ur v\çut\ oit le malade, Texa- - mille fort foigneufcment , en difant, fî le mcclunt Efprit cft ici nous le ferons bien vice déloger: Api es- quoi il fe retire feul dans une petite tente faite exprès , où il chante & danfe , hurlant comme un Loup- grrou , ( ce qui a donné lieu aux Jefuites de dire que le âUhie parle avec eux.) Après . qu'il a fini ù charlatanerie, il vient fucer le malade en quelque partie du corps , §C il lui dit en tirant quelques ofFelets de la - bouche , „ que ces mêmes ofTelets font for- 5, ris dê^foû corps , qu'il prenne courage^ i^t M E M o I R ï r 3, puifque fa maladie eft une bagatelfe , 8c 3, qu'afin d'être plutôt guéri il eft expédient 5, qu'il envoie fes cfclavcs, & ceux de fes „ parons à la chafTc aux Elans, aux Cerfs, 3> &:c. pour manger de ces fortes de viandes, 5>dont fà gucrifôn dépend abfolument. Ces mêmes fongleurs leur aportcnt or- dinairement certains jus de plantes ou de fimples, qui font des efpéccsde purgations, qu'on apclle Maskjklkl niais les malades ks gardent par complaifince piûiôt qu€ de ks' boire, parce qu'ils croient que les purgatifs'' échauffent la maffe du fang , ^ qu'ils afïoi- bliffent les veines & les artères , par leurs violentes fccoufles ; ils fe contentent de fe faire bien fil ëi:,, de prendre des biiiiilons, de., fe tenir bien chaudement , de dormir s'ils Je peuvent , & de boire de feau du Lac ou de la Fontaine, aufïi-bien durant l'accès de$ fièvres que dans les autres maux. Ils ne peuvent comprendre comment'^ nous fommes afllz fous pour nous fervir de vomitifs ; car toutes les fois qu'ils voient des Ifançoïs qui i.fcnt de ces remèdes violents y ils Uc fçauroient s'empêcher de dire que nous avalions un IroquoisAls prétendent que cetrc forte de remède èbr.i. le toute la ma- chine , & qu'il fMt faire des c fforts terribles à tontes les parties internes ; mais ils font enco; v' plus f irpris de la fiigncc, parce que ,. difcnc-ils, kiàug étant la mcchc de la.vk^ & E l' A M E R I hjJ ï» 1^5 il feroic plus avantageux d'en remettre dans- les Vaiffeaux que de Ten faire fortir , puis que, la vie fe diflipe quand on en ôte le. principe & la caufe, d'oii il fuit néceffairc- ment qu'en perdant le fang la nature n'a- git plus qu'avec lenteur & foibleffe , que les entrailles s'cchautrent , que toutes les par- ties fe deiïéchent ; ce qui donne lieu à tou- tes les maladies dont les Buroféens font ac- cablez. Les Sauvages ne. paflent jamais huit jours fans fuër , foit qu'ils foienî malades , ou qu'ils fe portent bien , avec cette difterence que quand ils jouifTent d'une fanté parfai- te , ils vont fe jetter l'Eté dans la Rivière encore tous humides de fueur, & THiveç dans la nége ; au lieu que lorfqu'ils font incommodez , ils rentrent chaudementdans. leur lit. Cinq ou (ix Sauvages fuent ai- fcmeiit dans un lieu defliné à cet ufagc j lequel endroit efl: une efpéce de four cou- vert de nattes Ôc de peaux , &c. On y met au centre une écuelle pleine d'eau de vie brûlante, ou de groïT^s pierres enflâmées, ce qui caufe une (i grande chaleur qu'en moins de rien on y fiië prodigieufement» Au rtfte , ils ne fe fervent jamais de bains chauds , non uîas que de lavcmens, à moins qu^ils ne felaifllnr perfiader par les Jcfui- tes , ou par nos Médecins , d'ufcr de ces, Sf^^mé.des. 31^-4 ^ ^ M: O I R' E S^ Un Sauvage nîedifoic un jour de fort boW fens, que le bon air, les bonnes eau» & le contentement d'elprit, n'empêchoient pasàr la véritéquerhomme ne trouvât la fin de fa - vie, mais qu^au moins Ton ne pouvoir pas difconvenir que cela ne contribuât beau- coup à leur fiire paiîtr cette même vie fans reiïentir aucune incommodité. Il fe mo- quoit enmême-tcms de l'impatience des Européens^ qui veulent être aufii- tôt guéris que malades , ptrétendan-t que la crainte que nous avons de mourir, iorfque nous fora- ines attaquez de la moindre fièvre, en re- double tellement les accès que cette peur nous tuè" le pkis fouvent , au lieu que fi nous ' traitions le mal de bagatelle jaufii-bien que la mort, en gardant le lit avec bien du cou- rage & de la patience, ians violenter la na- ture par la force de nos remèdes & de nos drogues , cette bonne mère ne manqueroic pas de nous faulag9r-& de nous rétablir peu à peu. Les Sauvages ne veulent jamais fe fervir de nos Chirurgiens , ni de nos Médecins. Ils foûticnnent que tout mélange de dro- gues eft un poifm qui détruit la chaleur na- turelle & qui confumic la poitrine. Ils pré- tendent que les lavemcns ne font falutaiics qu'aux Eurepéefis , ils en prennent pourtant quelquefois lorfque les François fe trouvent à leurs Villages. Ils cioient que la diettô - "D E ^1* Amer i eiju e. î'^^^ échauffe le fang , & qu'il eft très-dangereux de refuferà Ton appétit ce qu'il demande , pourvu que les aliments foient de bon fuc.Ils mangent les viandes un peu plus qu^à demi cuites , mais pour le poiÏÏbn ils le veulent ex- traordinairementcuit. lis ne mangent jamais de falade , prétendant que toute herbe crue fait travailler Teflomach avec effort. Il ny a ni playe, ni diflocation , qu'ils ne guérifTent avec des Simples Ôc des Her- bes donc ils connoifTent la propriété ; &: ce qui efl de fingulier , c'efl que la cangréne ne fe met jamais à leurs bleifares. il ne faut pourtant pas attribuer cek n ces Her- bes, ni à l'air du PaVs , mais plutôt à leur bonne complexion , parce que cette ><'4«- gr^ne , malgré ces mêmes Remèdes , s'intro- duit dans les playes des François, qui fans contredit font plus difficiles à guérir que les Sauvages. Ces Peuples Tattribu^nt au fèl que nous mangeons, s'imaginant qu'il efl la caufc de toutes nos maladies , parce qu'ils ne peuvent manger rien de falé fans être malades à mourir , & fans boir^ con- tinuellement. Ils ne peuvent non .plus fe réfoudre à boire de Teau à la glace, pré- tendant qu'elle affoiblit l'eflomach & qu'el- le retarde la digelèion. Voilà le jugement bizarre qu'ils font de toutes chotès par l'en- têtcment qu'ils ont de leurs Coutumes & éê leurs manières. On a beau ks aller t^S Mémo t'k es voir lors qu'ils font à rextrémité pour les éîè- horter à fefairefaigner,ou à prendre quelque purgation , ils répondent qu'ils ne foufFrent pas jufqu'aupoincde pouvoir feréfoudred'a- vancer leur mort par les remèdes des François^ lefquels remèdes ils croyent , difent-ils , aufïï ïiîéchansque ceux qui les donnent. Dès qu'un Sauvage eft mort on Thabillc je plus proprement qu'il cfl: podible-, & les efclaves de Tes Parens le viennent pleu^ rer. Ni mères , ni (œurs , ni frères , n'en "paroii^rent nullement affligez , ils difencqu'il eft bienheureux de ne plus fouiFrir , car ces bonnes gens croyent , Se ce b'eft pas •où ilsfe trompent , que la mort eflun paf- fage à une meilleure vie. Dès que le mort eft habillé, on Taffied fur une natte de la ïnême manière tque s'il étoit vivant ; fes parens s'aÏÏeyant autour de lui , chacun lui fait une Harangue à fon tour où on lui raconte tous fes Exploits & ceux de fes Ancêtres 5 TOrateur qui parle le dernier s'explique en ces termes ; Vn teinte voU. là djfis avec nous , tu as U même figure que mus , il ne te manque ni bras , ni tête , m jambes. Cependant , tu ceps d'être , & tk commences a t'évaporer comme la fumée de tette pipe. Qui eji-ce qui nous parleit il y a deux jours ? ce neft pas toi , car tu nous par- teroîs encore , il faut donc que ce foit ton aine ^tii cji à prefent dans k grand ?4is des amct *©! l' a m ë R I cvtj É. 1-6T -ïf£ï!€C celle de nôtre Natton. Ton corps que nous voyons ici , fera dans Jîx mois ce quil étoït il y a deux cens ans, T« ne [en s rien , ^ru ne conneis rien , & tu ne vois rien , para que tu neft rien, Cependdnt y far l'amitié^ que nous portions à ton corps lors que Vefprtt tant' mioity nous te donnons des marques de la véné" ration due a nos frères & nos amis. Dès que les Harangues font finies , les parens fortenc pour faire place aux paren- tes , qui lui font les mêmes coraplimens^ cnfuite on l'enferme vingt heures dans la <:abane des Morts , & pendant ce tems-là on fait des danfes & des ffflins qui n^ paroif- fent rien moins que lugubres. Les vingt heures étant expirées , fcs efclaves le por- tent fur leur dos julqu'au lieu oii on le met fur des piquets de dix pieds de hau- teur , enfeveli dans un double cercueil d'é- corce , dans lequel on a eu la précaution de mettre fes armes, des pipes, du Tabac & du bled d'Inde. Pendant que ces efcla- ves portent le cadavre, les parons & les pa--- rentes danfent en Taccompagnani ^ & d'au* très efciaves fe chargent du bagage, dont les parensfont prefent au mort,& letranf^ portent fur (on cercueil. Les Sauvages de la 'Rivière Longue brûlent les corps , corn- sne je l'ai dit ailleurs; & même ils les.con* iervent dans des Caveaux jufqu'à ce qu'il > en ait un aiïez grand nombre pour les t^ 'M E M O I -R £ s brûler tous enfemble , ce qui fe fait ho^s du Village dans un lieu deliiné pour cette cérémonie. Au r-efte, les Sauvages ne con- noiïïent point de deliil , &ne parlent jamais des morts en particulier , c'eft-à-dire , les nommant par leur nom ; ils fe moquent de nous, lorsqu'ils nous cnuendenc raconter le fort de nos Païens , de nos Rois &de nos Généraux , &c. Dès qu'un Siuvage eft mort , Tes efcla- ves fe marient avec d'autres femmes efcla- ves ; & ils font cabane enfemble étant alors libres , c'eft à-dire , n aiant plus de Maîtres à fervir. Les enfans qui proviennent de ces Mariages font adoptez & réputez en- fans de la Nation , parce qu'ils font nèz dans le Village & dans le Païs ; & qu*ils ne doivent pas , dilent-ils, porter le mal- heur de leurs pères , ni venir au monde dans l'efcavagc , puifqu'ils n'ont certaine- ment contribué en rien à leur création. Ces mêmes efclaves ont le foin d'aller tous les jours en reconnoiflTance de leur liberîté au pied du cercueil de leur Maître pour leur offrir quelque pipe de Tabac. Mais puifque je fuis fur le Chapitre du Tabac, je vous dirai que les Sauvages fumerie prefque tous , mais ils n'en prennent jamais ni en poudre , ni en machicamre. Ils en fément & ils en recueillent en quantité, mais il eft différent de celui d'Europe, quoi- "' (^tic les premières femences foie nt venues de ï Amérique : Et comme il ne vaut prefque rien , ils font obligez d'acheter de celui du Brefil qu'ils linôlent avec une certaine ftii il- le d'une odeur agréable , qu'oip apelie -S^- gakom'K Je n'ai pius rîén à dire fur cette matière, Croiant vous avoir donné une connoiffan*- ^.ce fuffifantc de leurs Maladies & de ieuiB ^Remèdes , qui font' à iiiori gré ai^ffi Sauva- ges qu'eux-mêmes ; quoiqu'il en (oit y îh fie meurent guéres que de f>leure^fîes , pour fes autres maladies , ils en rechapent av€c le plus grand hafard du monde , car à. la ré- fer vc du courage & de la patience qu'ils ont au delà de t6utcex|u'on peut s'imaginer^ ,ils font tout ce qu'il faut faire pour (e,cre- Vcr , maiigeant , buvant avec de grofïes fiè- vres , ^ fumant à la fin de l'accès de ce Ta- bac de Brefil , dont je vous ai parlé , qui £àns contredit eft leplus fort de tous ceux qui nous font connus. Les ftmmes font fujettes-là , comme ail- leurs, auxirtdifpofitions naturelles dont me- ïne elles rtieurent quelquefois ; il eft vraî ■qu'elles ont un remède admirable contre lac fuitcsfâcheufes de cette incommodité, ceÔ Un certain'brûvage , mais qui ne peut opé- rer , à moins qu'elles ne s'abftiennent de tout excès , à quoi elles fe réfol vent fore 't[)ffic:Iement. Quelques Chirurgicus Pf^«- 170 Mémo i r 'f. s cois m'ont aflTurc que les Européens p^r- doient deux fois plus & beaucoup plus long- tems que \qs Sauvagejfes ,, celles-ci n'étant incommodées coût au plus que deyx jours. L'autre incommodité qu'elles ont aileziou- vent , eft la trop grande quantité de lait,, mais pour en être fculagées elles .{e font" .setter par de petits Chiens. Chafe des Sauvages. J'Ai parlé de la Chaffedes Orignaux Si de quelques autres Animaux de Canada dans mes dixième &c onzième Lettrçs , ce qui fait que je ne m'arrêtetai proprement -qu'à vous faire une defcripcion cxade de la chaf^ fe des Caftors qui font des prétendus am- phi' tes , comme je vous Tai marqu/idans ma feiziéme Lettre , en vous envoiant la fissu- re de ces Animaux. Cependant , comme l'adrefTe & Tadmirable inftinél de ces bêtes ■font quelque chofe de furprenant , il eftboii de vous f lire fa voir en quoi elles confillenr^ en vous envoiant le deiïcin des étangsqu'iis favent faire beaucoup plus artiftement que les hommes. Les Caftors donnent à penfer aux SaU" .vages de Canada fur la qualité de leur na- ture , dilant qu'ils ont trop d'efprit ,de ca- .paeitc & de jugement , pour croire que leurs amcs meurent avtclc^urps 3 ilsajou-r '6 E L* A' M E R l' qIu F. 17"^ fent que s'il leur étoit permis de raifonner Tur les chofes invifibles & qui ne tombent point fous les fens , ils ofcroient foûtenir ■ qu'elles font immortelles comme les nô- tres. Sans m' arrêter à cette opinon chimé- rique ,ii faut convenir qu'il 3/ a une infinité d'hommes fur la terre, (fans prétendre par- ler dés TaUàres , des Païlans MofcGvites & Norvégiens , ou de cent autres Peuples) qui n'ont pas la centième partie de l'entende-»' ment de ces animaux. Les Caftors font paroître tant d'artifice dans leurs Ouvrages, qu'on ne petit, farîs fe faire violence, l'attribuer au feùi indinét» car il eft permis de douter de certaines chofes dont on n'aperçoit aucunement h caufe , pourvu qu'elles n'aient point d'en- chaînûreavec la Religion: 11 en cfl qu'om voudroit avoir vu foi- même pour y ajou- ter foi, tant elles font éloignées du bon fens & de la raifon. 'Quoiqu'il en foir^ •je me hafarde de vous écrire fur ce fujec plufieurs particularitez , qui pourront peut- "^être vous faire douter dela'fincèrité de ma narration. Je commencerai par vous affu- rer que ces Animaux font enfemble 'une 'fociété de cent , & qu'ils fem bien tfe par- ler , & raifonner lés uns avec lés autres par de certains tons plaintifs non articuleZo "Les Sauvages difent qu'ils ont un-jarço'n 'intelligible 5 par le moien duquel iïs h H a ï i^l 'M E UO I R ES communiquent leurs lentimens & leurs peu» , fées. Je n'ai jamais éié témoin de C€S /■rortes d'AITcmblées , mais quantité de Sau- 'vages &• de Coureurs de bois , g<;nsdighes -de foi 3 m'ont airuré qu'il ntyi;âv oit rien de , '^lus vrai ; ils ^jpûtoicnt que. ies- Ca (lors ! f e confultent enir^eitx touchant ce qu'ils ^doivent faire pour entr<^tenir leurs-Caba- *«nes y kurs Digues côc leurs Lacs , 3^ pour tout ce qui regarde la confervation dekuT République^; ces bennes gens vouloicnt ;ine perfuader c|ae ce* bétej-établifient des *>rcntine41es , pendant qu'elles travaillcntà ,^ouper des arbres gros comme des bd- ques avec ksidcnts aux environs de leuçs .petits Lacs , & que ces fentinçlles. cciant!à i'aproche des hommes ou des bêtes , tous les travailleurs fe jettent à Teau & fe fati- vent en plongeant jufqu'à leurs Cabanes, "J'avance ce* fait furie raport de mille per- ,fonnes , qui n'ont aiicun iniéjêt de vouloir .£n impofer par jdes fables,; m^ais vqici ce jque j'ai obfcrvé moi-même fur, ceKe-Aja- .ti^reauPaïs de Chalfe des Outagamis ^ dont /j'ai parlé au commencement de ma feizié- '.me 'Lettre. Les Caftors fe prouvant dans une prairie traverlée de ,quekjueruiffeàu» ;ils fe déterjninent à faire des digues & c?es . ces lieiix de Chafîe. ; & comme ils les connoiffent mieux que je. ne connois jet rues de O^bec , ils conviennent entr'eux» chemin failar.t , du diilrid. Je chaque famiU le ; de forte qu'arrivant là , ils fe divifeaf par Trihus, Chaque ChafTeur établiffant fon domicile au centre du terrain de fon , diftrid , comme vous fe voiez marqué dan,s cette figure. lî y a huit ou dix, ChalTeurs dans chaque Cabwç , qui pour leur part ont quatre ou cinq étangs. Sur chaque étang il y a tout au moins une loge à Caftors, tL quelquefois deux ou. trois* Ces ÇhaG DE l'Amérique. T77 iÎPUTS- s'occupent , "dès qu'ils fe font cabaiiez, a faire des pièges à Loutres , à Renards , à ours, à Cafiors terriens & à Martres , fur les bords de leurs , étangs , enfuite ils les vont régulièrement vifit^r tous les jours; mais fur tout , ils aimeroiint mieux mourir de faim que de fortir des bornes qu'ils fe font prefcrites pôura'ler pilier le'- bétcs pri- fes aux picges de leurs Camarades. Ils font très-bonne chère pendant le tems dé cette Chafie qui dure quatre mois , trouvant plus qu-ils n'ont bêfoin , des Tntites , des Ijévres i^dQS Gelimtes de ho'fs , & des Oars en abondance , & quelquefois des Cerfs & dts' chevreuils, ' ;; Les Gaftors fe prennent rarement aux pièges , à moins que d*y mettre certnn bois de tremble rougé * qu'ils aiment beau- coup , & qui ne fe trouva pas facilement. On' les prend l'Automne en faifant un grarid trcvj ^a pied de leur digue pour fai- re couler toute l'eau ck l'étang , enfuite îes Çaftors fe trouvant à fec , les Sauvages les tuent tous,' à la réferVe d'une douzaine dei femelles & d'ime demi douzaine de nâles, enfuite ils réparent avec beaucoup d'exaéèi- îudé lé trou qu'ils ont fait , & ils font en- fôrté que l'étang fe remplit d'eau comme auparavant. Pour ce qui ed: de la chafTc que l'on fait t ^» *f unt 9f$fct àt Smlt,- î7^ Me MO ï R E s en Hiver lors que i'étang eft gîacé , ils -. fjontdes trous aux environs delà loge des ,. Caftors , dap.s lefquels ils pafTent des rets de l'un à l'autre, & -Mrs qu'ils font tendus comme il faut , ils découvrent à coups de hache la Cabane de ces pauvres Ar.imaux qui Te jectantà Teau-^ venant prendre ha- leine à ces trous , ils s'envelopent dans les filets :: il n'en échape pas un feul , mais comme les Sauvages ne veulent pas les , ilétruire, ils rejettent dans les trous le mê- me nombre de Ciftors mâles. & femelles? . comme je viens de vous dire qu'il fe pra- tique dans les chafîes qu'ils font en Au.- uomneo On peut les tuer auffi lors qu'ils nagent fur l'eau , ou quand ils viennent à terre couper des arbres , mais il faut être bien caché & n- pas fe remuer j car au moin- dre bruit qu'ils entendent , ils fe jettent dans Teaû & plongent jufqu'à leurs Caba° , îles. Cette manière âe chaiTcr eft propre- ment celle des Voyageurs , qui fe trouvant campez proche de quelque étang à Caftors . tâchent d'en furprendre quelques-uns en s'embufquant derrière quelque (ouche , ou quelque gros arbre julqua l'entrée de la îiuit. Les Sauvages prennent au(ît d'autres Animaux dans ces Païs de ChafTe de Ca- ilois , en. courant de côté & d'autre. J'ai ^ î 7 8 M F M O ï R E s en. Hiver lors que i'étang eft gîacé , lU font des troLîs aux environs delà loge des Ca{]:or<; , claies lerquels ils pafTent des rets de Tun à l'autre, & -Mrs qu'ils font tendus comme il Faut , ils découvrent à coups de hache la Cabane de ces pauvres Animaux qui fe jettant à Vc^u^Sc venant prendre ha- leine à ces trous , ils s'envelopent dans les filets :! il n'en échape pas un feul , mais comme les Sauvages ne veulent pas les tiétruire, ils rejettent dans les trous le mê- mejiombre de Ciftors mâles. & femelles j comme je viens de vous dire qu'il fe pra- tique dans les chalTes qu'ils font en Au.- uomne^ 0\^ peut les tuer auili lors qu'ils nagent fur l'eau , ou quand ils viennent à terre couper des arbres , mais il faut être bien caché & n.-? pas fe remuer , car au moin- dre bruit qu'ils entendent , ils fe jettent dansreau& plongent jufqu'à leurs Caba- nes. Cette manière 'de chaiïcr eft propre- ment celle des Voyageurs , qui fe trouvant campez proche de quelque étang à Caftors tâchent d'en furprendre quelques-uns en s^'embufquant derrière quelque (ouche , ou quelque gros arbre jufqu a l'entrée de la îiuit. Les Sauvages prennent aufït d autres Animaux dans ces Païs de ChafTe de Ca- itois , en, courant de côté & d'autre. J'ai Toff> 3 .Pa^ JJ8 # K* ^^'•ifagi' ai a tic- un ^Î7 cq. for Ga de co" bâ lei fil ce m ce ti. te fl3 C( Ce' d d, n* CI t^ s' DE L* A M B R I QJJ S. I?^ éit qu'ils faifoient des trapes où ks Renards, les Loups , les Martres & les Loutres fe font ccrafer dès qu'ils mordent à Tappas, J'ai expliqué la manière dont on fait ces fortes de pièges dans ma Lettre onziémeo Ges machines ne différent les unes des autres qu'en grandeur. Celles des Ours font les plus fortes , mais ils ne s'y prennent que jufqu'au commencement de 1 Hiver , car alors iis cherchent de gros arbres qui foient rrcnix à fendroit des premières branches pour s'y nicher. Plufieurs per Tonnes ont de la- peine à croire que ces Animaux puif- fent vivre trois mois dans ces prifons fans auirc nourriture que le fuc de leurs pat- tes qu'ils lèchent continuei'ement. C efl pourtant un fdt inconteftabie ; qur ne me paroîr pas ii difficile à croire , que ce- iiii d'y pouvoir grimper-, fur tout dans le - tems qu'ils font ii gras que deux Sauva- geries conduifcnt où ils veulent avec des gaules , ne pouvant prefque pas m.ircher. Ceft ce que j'ai vir trois ou quatre fois pe4idant l'Hiver de 1687- ^^^^ que j'hi- vernai au Fort St. Jofeph : car les Enrons du parti de SaentfoHan en amenèrent quel- ques uns qui ne arent aucune diiHculté d'y ' eutrer. Les Sauvages font auflj des trapes pour le? Cafiôïs terriens , qui , par la raifon que. j'ai Cité dans ma fci^ieme Lettre 3 fe lo* • H 6 ■' tîp Me. m. 0 I r ç 5 - gen't dans la terre comme les Retiard?^ , les Lapins & les Blexeaux y & quoi qu^'ils {omn chaflez ôf poiirîuiyis par les autres Caftors, ils font cependant leurs trous aux environs des étangs , des ruilTeaux ou des Rivl'vres. Ceux-ci fe prennent aifément à CCS oiéges , fur tout lôrs qu'on y met la tète d'un Loîjrre pour fervir d'appas. Il y a. une fî forte antipathie entre ces deux for- tes d'Animaux , qu'ils fe font une guerre conanuelle. Les Sauvages m'ont raconté avoir vit. quantité de Loutres raffemblez vers le mois dcf M;ii . qui ayant l'audace d'allerat- taquèr les Càftors jufques dans leurs Caba- nes , re'laififoient pourtanLrepguifer & ehai- ferde Tçtang avec perte : éc ils ajoûtoierlt qu'un Ciftor peut fe défendre vigoiireufe- ment contre trois Loutres à coups de dents & de queue. , Aai jefte , les, Caftors de^s étangs fe prentient rarement aux trapes, â moins qu'on n*y mettre pour fervir d'appas de ce bois de tremble , dont je vous ai déjà parlé. J'ai dit que les Sauyage,s vifîtcrkt chaque jour leurs pièges ., apportant dans leurs Cabanes la proye qu'ils y trouvent. Auffi-tôt les efclaves écorchent; ces bêtes priics, puis ils en étendent, les peaux,à l'air, ou à la gelée pour les faire fecher ; cela dure autant que la fin de la Chafle , qui finit par le grand dég^l ,. auquel teips ii^ D B h" A U «- R t t^ U fi 1 Sf • «ntent leurs Pelleteries en paquets , lejt tranfportant enfuite jufqu au lieu où ilsoi^ laifTé les Gaoots en arrivaru dans ce Pais d,a 'ChafTe. Quoi-que V les Sauvages ayent beaucoup? à craindre de leurs ennemis, pendant qu'ils font dirperfe? de côte & d'autre , occur paut, corrim^ j'ai dit, plus de vingt lieues de ,terrain,Jls n'ont prefque jamais la pr&- ca nation d'enyoyer.par touîC des découvreur^ ce qui fait- qu'ils font^très * fouvent furpris lGrsqu'iîs,y penfent le moin$. Je pourrois cirer, ici vingt funcftes courfes des Iroqusif dans les PoJs de ChafiTe dont je parle , ou ils ont égorgé quantité, de nos Amis 8c Alliez, J'ai fait tout ce que j'ai pu poux faire entendra à, ces dcrniers^ q^i'ils maa- quqient d'eCprit ik de conduite en cette ren^ contre:!^ , puisqu'il po,uvoient facilement fe mettre à f.ibri de pareilles,. infukes, cta- bliflant des Cabwries. où ds porçroien.t des CocpsdeGar:de, quiauroieJiti'œilau guetj pourdccouvrir les eanemis qui poiirroient s'avancer ^aux environs de ces Païsde Chalfe. Ils fc contentent 4e riépondrc^que cela efl: î-aifonnyble-j,& qu'il eft jyai qu'ils ne dor,- jTîcnt .poinî en iûreté. Enfin, ils s'imagir lient que jeurs ejinemis étant .occupez à • chaffer de leur côté :, ils Ibotafïez-fots pour • jnepas prendre aucqne précaution. Cepen- •danf , ie fçai que les îroqn9is^Çi\ ufcnt touj: li-^ M 'e m o ik t s autrement , ayant des Avant-gardes, & de^ batteurs d'cftrade qui font toujours en mou- vement , ce qui fait quon ne les trouble prefque jamais dans leurs Chaiïes. Au refte , je ne crois pas devoir finir ce chapi- tre fans rapporter deux occafions oii les Jro- quais ont manqué leur coup en voulant fur- prendre leurs ennemis , quoi qu'ils aycnt par- faitement bien rélillidans plusieurs autres oc- cafions. L'année 1680. les Ottmam s 8c les Ilimh-^ étant à la Chafie près de la Rivière des Ou- mam!S<^ un parti de quatre cens hoquois les ayant furpris , tuèrent trente ou quarante Cbafleurs ^< firent trois cens prifonniers , y ' tromprenant les femmes & les enfans. En- fuite après s'être un peu repofez » ils fe préparoient à retourner chez eux à petites journées , ayant lieu de "croire qu'ils au- roient regagné leurs Villages avant que les llinats ôc les Ottmamis euiïent eu le tems de fe railler & d'envoyer des Coureurs pour avertir ceux d;:^ ces deux Nations dif- perfées qui chalToient en des endroits-plus éloignez. Mais ils fe trompèrent fi fort que c.s llinoïs & Gummis s'étant ralliez au nombre de deux cens , réfolurent de périr plû'ôt que defouffrir que leurs gens fufîent emmenez par les Iroquots. Cependant, com- me la partie n'éi^oit pas égale , il s'agiffoît de trouver quelque bon expédient ; en ef- © E l' A Bï E R I Ojr E. ï t g: feti après avoir bien refléchi fur la maniè- re de les attaquer , ils conclurent qu'on devoit les fuivre d'un peu loin jufqu'à ce qu'il commençât à pleuvoir. Leur projet réiiific & le Ciel fembla le favorifer, car un jour que la pluye ne difcontinua point- , depuis le matin jufqu'au foir , ils double- - reTit le pas dès que T-cau commença à tom- ber du Ciel , Se partant à deux lieuè's à co- té de ces Iroquois y ils prirent le devant pour leur dreiTer une embufcade au milieu d'une prairie, que ces derniers voulurent îravcrfer pour gagner un bois, où ilsavoient defTein de s'arrêter pour faire de grands feux. Les llinois & Oiimamh_éun\ cou- chez fur le ventre dans des fougères , at- tendirent que les Ircquoïs fuffent au milieu d'eux pour décocher leurs flèches. Enfuite . ils les attaquèrent fl vigoureufement la caile-tête à la main , que ceux-ci ne pou- vant fe fervir de leurs fifils , les amorcc5 étant mouillées , furent contraiius de les jet4:er par terre pour fe dcfrendre avec les mêmes armes dont -ils étoient attaquez , ( j'enrens avec leur cade-tère ) mais comm.ç. j'ai dit ci-devant que. \ts Ilinois font une fois plus adroits & plus agiles que les Iroquoh. Ces derniers furent obligez de céder aux , premiers , fe battant en retraice jufqu'à l'en- îrée de la nuit, après avoir perdu cent qiia- sr@- vingts Guerriers, Le Combat qui ne dura > quaine heure eût duré toute la nuit, fi \ek '-^* vainqueurs n^euiïeot pas. craint que leurs '-^ geas étant encore liez.^ &denieurant derrie-* ; re eux ne. fuflent expofcz à -quelque furpri- .; fe dans TobÊcurité ; de forte qu'après ic!^ r- a.voir rejoints , (& s'être faifi de tous les fii- ^• fîls.des fuiardsdifper fez ..deçà & delà , ils -^ s'^en retournèrent, en leurs PaV^., fans avoir ; voulu prendre un feul Jf^^«i^i,'de.peur-dc .^ s'affoiblir. : . X La féconde affaire arriva trois ans aprcl f^ celle-ci, dan^ le Paï^ de Chaiïe des Ourag^ ./ mi$-y où je vpu&ai m:îrqué dans ma feizîémc' Lettre que le Cbe£ de cette Nation me don^ na dix guerriers pour m accompagner à» la, Rivht^ U)$gue. Voici comment le Cûup Çs . fît. Unxorpsdc mille iro^^oix étant veniv en Canot à la fin de l'Automne jufqu'à la ,: Baie des Mijfiftguèi , dans, le Lac ' d es Hu^. Tons^ fans cre découvert, mit-pied à terre .;.- en ce L'eu- 11 ; &: comme ik étoiem nom-.< breux., ils fe mirent en marche-, portant des iilets pour piêcher dans les petits Lacs,.,- &: Rivières , en attendant la faifpn des gla- . ces .qui ;arriva peu. de jours après. Désc^ qu'elles furent aflez fortes pour paffer dçÇ- fus j ils continu.crent leur. route , câioiant \ le granci Lac des Hirw»^ jufqu'à cinq ou. fix lieues au-dellous dti Sault Sainte Marie y . où ils ne voulurent pas aller, craignant de ,. Upaver des Coureurs de Boi$ dans le Forti^. B 1. l' a ^,5 R I QJU ?• ï 5 f^ <îes Jefuites. Aiant traverfé la Baie ii$^. jagérent à propos de faire de très -petites journées, de-peur d'êtj-e découverts; & ilsr: curent la précaution de marcher tous da file fur' la neige, afin que; fi par hafard orv^ venoit à découvrir leurs piftes on crût qu'ils ne feroient que trente ou. quarante tout au plus. Ils marchèrent de cette manière jufqu'au quinzeou vingtième de Février , fans qu'on les aperçût > mais malheureux fement pour eux quatre Sauteurs les aiant vu pailer en fi grand nombre fur, un pctiç î^c , coururent à toute jambe au Païs de , Chaffe des 0;/^^4w«/ pour jes en avertir, quoiqu'ils, fufTent en. guerre avec çux. Ce-» pendant le dégel étant furvenu contre rat»? tente de ccsiroquois y qui comptoient d'avoir encore une vingtaine de jours de gelé^e feloi^ la coutume ordinaire de la faifon , leur fit. doubler le pas., cherchait les pafTages le% plus étroits & les jnoins fréquentez. Lejj; OtitagamU étoient fort, embarafllz du parti qu'ils avoient à prendre. II eft iur qu'ils , pouvoieçt ratraper leurs Villages en toutq. . fureté, mais ils auroient été contraints^ d'abandonner leurs fernmes Sç leurs enfans^.. qui n'auroient pas eu la force de couriç auiïî vite que les hpmrnes, Enfin après; avoir tenu Confcil entr'eux , ils réfolurenc de s'avancer jufqu'à un certain paflage d'une %mjl^cuë de longueur , & de trente pas d^ ï^Si^ Mémoires •largeur entre deux-petits Lacs, par où ils Voioient bien que les Iroquois dévoient abfo- iument pafTer. Ces Outagamis n'étant que ches ou lates au lieu de rames; mais com-. Hie.ces perchess'enfonçqient tellement darw la vafe que -nos navigateurs avoient beau- coup de peinje à les Retirer , cela les fit aller ^ plus lenteo^ept; {i bien que les Out^tg^mt»^ qai d'abord avoieat pris le change , en s'at- tachant aux efclay.es , eurent le tems de" courir à l'autre Lac , où ils aperçurent les IroquQÏs ,• éloignez du b(ird environ la poi;- tée d\^ moufquet.Dè* que ceux-ci fe trou- vèrent à trois pieds d'eau ils s'y iettéreut fiifil bindé, crTuiant les vigoureultjs déchar- ges des Outdgamis qui n'ét oient que trois • cens , parce qu'ils avoient laifTé cinquanr.e hommes à chaque^ bariicadc» -Ce fut uyu- %èZ M E M © I R-I S > ces éeux 'étangs durant la nuit. Ces ra^i deaux furent faits en cinq ou fix jours, pen- dant lequel tems les ïroquoïi péchèrent des Ti'uites en quantité à la vue des Outaga* mis , quine pouAToi-ent .4'em pêcher^ Il n'é-^ toit plus. queflion que deitrayerfer Tun des Lacs , & de f e bien battre en, abordant à terr re , au cas que leumavigation fecrette fuf découverte. Bgur inrïieiix. rcliflir ils firent une feimc dorjt le fuccèscut été infailli*' ble , fi le fonds de ces Lacs n'eut pas été bourbeux. .Caraiant lacrifiévers la minuic fur l'un des -deux Lacs vingt efclaves qu'ife^-- obligèrent à poufîer un radeau , ilsfe mi- rent en davoir de. paflfe^ l'autre étang (ur îa même voiture , fe fervant de grandes per> ches ou lates au lieu de rames; mais com-.-^ me.ces percliess'enfonçoient telleiuent darw ' la vafe que .nos navigateurs avoient beau- coup de peinje à les Retirer , cela les fit alletr^ plus lenterï>eDt;(î bien que les Outug^mi^^^ qai d'abord avoieat pii^ le change , en s'at- tachant aux efclaves , eurent le tems de" courir à l'autre Lac , où ils aperçurent les Iroqua'ts ,éIoigpcz du b(xrd environ lapoi;- tée du moufquqt. De* que ceux-ci fe trou- vèrent à trois pieds dVau ils s'y jcttérent ^ fufil biridè , cfTuiant les vigoureults déchar- ges des Outdgamis qui n'ét oient que trois • cens , parce qu'ils avoient laifTé cinquanr.e hommes à chaque^ bariicadc -Ce fut u>î^-- s Chitaxnias . ^ J^ahcms D E V' A M -ï R r qCu h. 1 1^ îrtîr^cle que les îroL tjiu donncTa E l'' A M 'E ?/l Q^UE. t^'f propos ceci ou cela , il faudroic détacher dix ou vingt hommesj &:c. que la chofe efl: éxé- cutée fur le champ, & fans la moindre oppo- iition. Outre ce Grand Chef , il y en a quel- quesautres, qui ont chacun certaine quantité de Guerriers , attachez à eux par coniidéia- îion & par amitié; de forte que ceux-ci ne font regardez comme Chefs que par les gens de leur Famille & de leur Parti. Quand les Anciens trouvent à propos qu'un Parti de Guerriers fe mette en cam- pagne , le Grand Chef de Guerre qui fe trouve toujours au Confeïl ^ a le privilège de fe mettre à la tête préférablement atout autre , ou de demeurer au Village li bon lui femble. S'il arrive qu'il veuille mar- cher, iî fait crier dans toutes les rues du Village par le Crieur de la Nation qu'un îel jour il donne un feftin de Guerre aux gens qui voudront bien s'y trouver. Alors- ceux qui ont envie d'être du Parti > font porter leurs plats à la Cabane de ce Grand Chef^u jour nommé, ne manquant pas de s'y trouver avant midi. L'Aflemblée étant compictte , le Grand Chef fort dans h Pla- ce publique la mailuë à îa main , Ôc fuivi de fes Guerriers qui s'aiTcyoient autour de îuî^. Aufll tôt lix Sauvages portant ch.Kun une efpcce de timbale propre pliuôt au charivari qu'au fon de Î3 Guerre , viennent ^'accroupir au pied d'un poteau planté au 59S Mémoires centre de ce grand Cercle : en mêmetemSr. le Qrand Chef regardant fixement le So-» leil , ce que toute fa troupe fait auffi à fon imitation , il harangue le Grand ïfpït ; après quoi l'on offre ordinairement un Sa»- crifice. Cette cérémonie achevée , il chan- te fa chanfon de Guerre , pendant que les Timbaliers battent, la mcfure à leur ma- nière, & à la fin de chaque période qui contient un de Tes exploits , il donne un coup de maffuë au poteau. Le Grand Chef aiant fini fa ch^nlon , chaque Guer-^ rïer chante la fienne avec la même métho- de , pourvu cependant qu'il ait fait une campagne , autrement il eft obligé de gar- der le filence. Enfuite la troupe rentre dans la. Cabane du Chef où le repas fe trouvq,^.. préparé. S'il arrive que le Grand chefnQ juge pas à propos de commander le parti , &: qu il veuille demeurer au Village ; les Guer- riers ? qui ont dcfïein de marcher , choifiC- fenc iHi des petits Chefs dont je viens de par- ler. Celui-ci obferve les mêmes cérémonies de Harangue, de Sacrifice, de danfes, 6c du feflin qui Ce continué* chaque jour julqu'à celui du départ. Parmi les Sauvages de Canada , quel- ques-uns de ces Partis font la moitié ou;'". les trois quarts du chemin en Canot. Ce iont ceux qui habitent fur les nves des DK l' A M ï RI Q^U E, 199 Lacs, auHl-bieri que les Iroquoïs ; ceux-ci onc cet avantage fur leurs ennemis qu'ils font tous armez d'un bon fufil , au lieu que les autres ne portant cet inftrument que pour la ChalFe , il n'y a ordinaiiement que la moitié du Parti pendant le voiage qui en foie pourvu ; ce qui fait que plus ils approchent du PaVs de leurs ensicmis, moins ils s'écartent pour challer , fur tout avec les armes à Feu dont le bruit les pour- roit faire découvrir. Dès qu'ils font à tren- te ou quarante lieues du danger , ils ne chaf- fent plus, fe contentant de porter chacun un petit Tac de farine de bled dinde de la pelan- teur de dix livres , laquelle ils majigent dé» trempée avec uîi peu d'eau fans être cuire , n'ofant pas fiire de feu. Si ces Peuples qui font la guerre aux Ira • qums , font llino'ts , Outagamis , Hurons ou SMîteUYS , & que ces Partis veuillent faire ua coup de main , ne fulfent-ils que trente, ils n'héiîtent pas à s'avancer jufqu'au pied du Village des ennemis, comptant fur la vîtef- fe de leurs jambes en cas qu'ils fufTent dé- couverts. Cependant, ils ont la précaution de marcher l'un après l'autre , ôd celui qui fe trouve le dernier a l'adreffe de répandre des feuilles pour couvrir la pi[l:e. Après avoir franchi ce pas périlleux, & lors qu'ils font entrez dans les champs des Iroquoïs ^ \U cou- rcHrt couîe la aiiic , paiîaiic la journée cou* 1 4 %oo M r M o r R E § chez fur le ventre dans de petits Bois OU dans des broulîailles , tous enfemble , ou difperiez. Vers le foir , ou fi-tot que le So- leil eft couché , ils fortcnt \ie leur embuf-- cadc attaquant tous ceux qu'ils rencontrent, fans diftuîdlion d'âge ni de Sexe; la cour fume de ces Guerriers- eft de n'épargner ni les enfans , ni les femmes. Lcrs qu'ils ont. fini leur niaflacre , & qu'ils ont lev'é la che- velure des morts , ils ont encore la har-» dieffe de faire le cri lugubre. Appercevant de loin quelques Iroquoii, ils s'efforcent de leur faire, entendre qu'on a tué quelques^ uns de leurs gens , qu'ils viennent leuc donner la fepulîure , que l'action s'eft faite . par ua .tel Chef , & par une telle Nation > après-quoi ils s'enfuient tous le plus vîtet qujl leur efl: polTible par des chemins dif- férens , jurqu'à certain rendez- vous à tren-L te ou quarante lieues delà , fans être pour- fuivis des îroquois y qui ne fe donnent pas . cette peine , lâchant bien qu'ils n'ont pas les ja-rrets aflez Toupies pour les pouvoir at- teindre. Si ces Partis font de deux ou trois cent hommex 5 ils tentent d'entrer adroite-, ment la nuit dans le Village., faifant ef- caladcr les.paliflades par un ou deux Guer- riers pour ouvrir les, portes , en cas qu'el- les foicnt fermées ; mais il faut remarquer. ... q.ue.les Ouuotusy^uÇa bien que les autres^ ^ DE l' a m E R I CLlU E. 'xot Sauvages , qui n'ont ni tant de cœur , ni tant d'agiliié , fe contentent de chercher les Iroy quois dans leur PaVs de Chafle ou de Pêche » n'ofant approcher de leurs Villages qu'à la diftance de quarante lieues , à moins qu'ils -,^ ne foient aiîurez d'un aziie en cas qu'ils ^-^'* fuient découverts ou pourfuivis ; ces lieux de refuge ne peut être que de petits Forts gardez par les François. Les Sauvages ne font jamais de prifon- nters aux portes des Villages de leurs en- nemis, à caufe de la diligence- qu'ils font obligez de faire, courant jour& nuit pour fe iàuver. C'eft ordinairement dans les PaVs de ChaiTe , de Pêche, & en d'autres heux oi^i Tavantage de la furprife leur don- ne celui delà Vidoire , qu'ils fe faifiïïtnc de leurs ennemis ; alors le Parti le plus forble après avoir bien combattu , étant obligé de céder & de (e battre en retraite fans ordre ni difcipîine, & fuyant cha- cun de fon coté , il ne fé peut faire que les V-ainqueurs ne falTént des prifonniers». Il y a des Sauvages allez forts & aiTez adroits pour terraffer un homme , & le lieu dans un moment» Mais il s'en trouvera parmi les Vaincus , qui aiment mieux fe tuer que de fe laiiïer prendre ; '5c d'autres qu'on tiï contraint de bbiTer pour en venir a bout. Dès qu'un Sauvagj eit lié ii chante iâ chanfon de iïK)rt , de k manière que je l'aï 2 0 2 Mémoires exprime dans ma vingc-troifiéme Lettre* Les Iroquois qui ont le malheur d'être pris, n'ont qu'à fe préparer à des tourmens af- freux s'ils tombent entre le«; mains des Oumamis , des Outaouas , des Algonhjns , & des Sauvages de VACiidie ; car ces Peuples font extrêmement cruels envers leurs cap- tifs ; le moindre fupplice qu'ils leur font, fouifrir , c^eft d^obliger ces miférables à mettre le doigt dans le trou de la pipe du Vi-& après ravoir fait entrer dans fa Cabane, elle cou- pe fes liens , lui faifant donner des bardes , (désarmes^ &,dequQi manger & fumer : El- le accompagne ordinairement cette honnê- teté de ces paroles ; fêtai donné U vie , je t'ai. délié , prends courage , fers moi bien ,^^ n'aie pas k cœur mauvais , & tu auras feu jet Je te confoler d'avoir perdu ton Pais & tes Parenss L^% femniçs hoquotfes adopzent .. quelquefois les prifonniers qu'on leur donne pour s'en fervir à leur gré , & alors ils font regardez comme gens de la Nation. Quant aux femmes prifonniéres on les diftribuë aux hommes , ôf ceux-ci leur accordent infailliblement îa- vie- il faut remarquer que les Sauvages de- Canada n'échangent jamais leurs prifon- niers. Dès qu'ils font liez , ils font confi* dcrez comme morts.de leurs Païens ,au{ïi- bien que de toute leur propre Nation , à moins qu'ils n'aient été fi forts bleflTei. (quand on les a pris) qu'il leur ait écçinir > foffible de le tuer eux-mêmes ; en ce cas , ilsjes reçoivent lorfqu'ils peuvent fe fau- ver , au lieu que quand les autres revien- droient , jIs feroient méconnus même de leurs plus proches , ôc perfonne ne vou-* droit abfolument les recevoir. La manié-/' re dont les Sauvages font la Guerre eft fi rude qu'il faut avoir des corps de fer , pour, rcfifter aux fatigues qu'ils font obligez d'ef- ^ fuier : Tellement que crela joint au peu de quartier qu'ils fe font les uns aux au-. très , n'épargnant ordinairemeiK ni femmes,. m enfans , il ne fiut pas s'étonner fi le. . nombre de leurs Guerriers eft fi petit; à pei-» ne quelquefois s'en trouye-t-il jnille dani-v. une Nation. Les Sauvages ont aiïez de peine à fe ré- fourdre de déclarer la Guerre. Il faut qu'ils tiennent bien des Confcils , & qu'ils foient très-aîTurez des Nations voifmes dont ils. demandent l'Alliance ou la Neutralitéo - Outre cela , ils veulent connoître à fond^ . les intentions de celles qui font les plus éloignées. , afin de prendre des mefures ju-^ fées , examinant lérieufement les fuites &; îâchant de prévoir tous lés accidens qui pourroient furvenir. Ils ont la précautioîit d'envoier chez les Peuples avec lefquels ils veulent s'allier , pour favoir adroite- , ment fi les Anciens ont d'alTez bonnes têtes • poiir gouverner. &. conCciller. ju,dicieur§^ 106- M JE M O I R E 5 ment & à propos leurs Guerriers , dont iî^ veulent connoître le nombre aufîi- bien que Ja valeur & l'expérience. Après cela ils Confidérent \qs moiens de faire leur com- merce de Pelleteries avec les "François fans defavantage , & ceux de pouvoir chafTer les Caftors durant: Thiver fans courir au- cun-danger. Ils propofent fur tout à leurs Alliez de ne finir point la guerre , qu'a- près avoir entièrement détruit leurs enne- mie 5 ou les avoir obligez d'abandonner leur Pais. Tel fut l'engagement du Rat avec Mr. Benonville , comme je Tai dit ci- devant. La manière dont les Sauvages fe déclarent la guerre , c'eft en renvoiant un eldave de la Nation avec lax]îielle ils veulent lebroiiiU kr ; & lui recommandant de porter au Vil- lage de fes gens , une hache dent le manche efè peint de rouge & de noir. Quelquefois ils en renvoient tjois ou quatre , aulqucls il font prom.ettre avarie que de partir, qu'ils ne poricroni point les armes contre eux, ce que ceux ci obfervent orcimairement i'ur leur parole. Il ne me refre plus qu'à vous dire com- ment ils font la Paix, Il faut favoir que ce n'eft jamais qu'après une longue guerre que les Sauvages tachent d'entrer en accomaio- dement. Mais lorsqu'ils connoiOient qu'il eft de leur intérêt d'en venir-là , ils deu- DE L' A M E R I QJJ Et» 207 chent cinq , dix , quinze ou vingt Guerrlersy: plus ou moins , pour aller faire des propo- fitions à leurs ennemis ; quelquefois ces Envoiez vont par terre , & quelquefois en Canot, portant toujours le Grand CTilumet de Paix à la main , à peu près comme un Cornette porte fon étendard. Je vous ai dit dans ma feptiéme Lettrre, la vénération que tous les Sauvages de Canada ont pour cette fameufe pipe ; il n'y a point d'exem- ple qu'ils en aient jamais violé les droits facrez avant l'Ambaildde du chevalier Do y en revanche de TafFaire du Rat , comme il eft expliqué dans ma dix-feptiéme Let- tre. Dès que ces Envoiez par terre ar- rivent à la portée du moufquet du Villa- ge 3 quelques jeunes gens en fortcnt , & fe placent en figure ovale. Aufii-tôt celui qui porte cq grand Signe de Paix , s'avance vers eux chantant & danfant la danfe du Calumet , ce qui fe fait pendant que les Ar;ciens tiennent confciL S: les Habuans du Vilbge ne trouvent pas à propos d'ac- cepter la Paix , VOrateur \ km hârâV'^ucr le portent du Calumet , qui va rejoindre fes Compagnons : on régale cette bande pacifique de preilns , qui confiftent en ten- tes , bied , viarde & poifibn ; m^is on \\:ii fiJiuti^ de fc reiiier dès le lendemain. Si au contraire l;;s Anciens ccnicntenL à h Pjix , l'on va au devant de ceux qui U iôS- Me moï r-E's propofent , on ks faic tous entrer dans îé Village , & on les loge parfaitement bienj, en les défraiant copieufement pendant tout le tems dQlx Négociation. Ceux qui abor- dent par eau détachent; un- Canot pendant., que les autres demeurent derrière , & dans le moment qu'il aproche du Village , on. envoie un autre Canot au-devant de lui pour krecevoir & pour.le conduire à THabita- iion , ouïes Céremoniesque je viensde dire iè fontauflj de la même manière. Ce grand- Calumet fert auflî à tous les Sauvages amis qui demandent pafïïige , foit par terre , (bit en Canot , pour aller à la auerre ou à îa^- Des Armoiries de quelques Nations Sauvages^:.. APrèstouîcequeje vousaidit deTigno- rance des Sauvages à l'égard des Scien- ces , vous ne trouverez pas étrange de ce. qu'ils ignorent auiîi celles du BLifon. Lesfi- gures ici jointes vous paroîtront ridicules , j'en fuis lur , car elles le font efFcCtivement? . mais au bout du compte il faut fe contenter d'excufer ces miférables làns Te moquer de.- leur imagination extravagante. Il fuilit que ces Armoiries leur fervent , telles que vous . hs voiez , au feul ufage que voici. Lorfqu'un parti xie Sauvages a fait quel- . que coup.fur les enaemis ^ en quelque en?»- nS- DU où- irs. ire du. OU' ai- :etv D.iSv (Te ^-' \ko^ le- :c. sG. de & a- :u- ble eu propofent , on ks faic tous entrer dans té. Village , & on les loge parfaitement bienj,. en les defraiant copieufement pendant tout le tems dehi Négociation. Ceux qui abor- dent par eau détachent; un. Canot pendant., que ks autres demeurent derrière , de dans le momeat qu'il aproche du Village , orv. envoie un autre Canot au-devant de lui pour larecevoir & pour le conduire à THabita- iion , oLi les Cérémonies que je viens de dire fc font aulîi de la même manière. Ce grand- Calumet fert auiïî à tous les Sauvages amis qui demandent pafïïige , foit par terre , foit en Canot , pour aller à la suerre ou à la- Chaire, . "^ Des Armoiries de quelques l^ations Sauv.iges»: AP/èstoutcequeje vous ai dit deTigno- raoce des Sauvages à l'égard des Scien- ces 5 vous ne trouverez pas étrange de ce. qu'ilsignorentauiîi celles du Blafon. Les fi- gures ici jointes vous paroîtront ridicules , j-en fuis fur, car elles le font effectivement ? , mais au bout du compte il fautfe contenter d'excufer ces miféiables làns fe moquer de.^ leur imagination extravagante. Il fuilic que ces Armoiries leur fervent, telles que vous. Iqs voiez , au feul ufage que voici. Lorfqu'un parti de Sauvages a fait quel-, que coup.fur les enaeaiis ^ en quelque eii:^- - 4 4 ^ ra ^ ^ 4- EAàâ à II II â. ââââ.àA. è.. â- âk j^^uiùMiL ^p ^b '■'"'■ G • (3 ^3 (^ ^ 3 (^ 9 ^ 9 ii ^ ^-<- prop Viïh en ic le te dent que le iD< cnvo la rec lion iefo Caluj qui d en C Chai A ces , ' qu'il; j;ures j'en f\ mais; d'exc leur j ces A Lo quec É^è^â. à^M-CÂ. î> E l' a m E ri QJU E. 2"Ù^^ droit que ce puKTe être , les vainqueurs ont ■ le foin de peler des arbres jufqu'à cinq ou lîx pieds de hauteur à tous les endroits ou. ils s'arrêtent en s'en retournant en leurs^ PâYs ; enfuite à Thonneur de leur vidoire ils y peignent certaines images , ayec du charbon pilé , & broie dans la graifTe oa- dans l'huile. Ces marques, que vous ver-i rez dépeintes &- expliquées au chapitre fui- vant demeurent comme gravées fur cet arbre dépouillé dejfon écçrce , quelquefois. dix ou douze ans fans que la pluie les puiiïe effâccr. Ils font ceci pour faire connoîtreaux a!- lans & aux venans l'exploit qu'ils ont fair». Les armes de la Nation & même quelque- fois la marque particulière du Chef du par--' îi , y font peintes avec les couleurs , &c. dont jcrne luis avifé de vous faire la-def- - cription. Les cinq Nations Outaouafes portent de Sinople à quatre Elans de .S^^/e cantonnez & regardant les quatre angles de l'écu au mon- ceau de gravier en coeur. Les Hinoh portent à la feuille de Hêtre,,, âu p:.v;! on à'argftit. Les "NadoufJfiSy ou S doux ^ portent à reçu- , rcuil de Gueule mordant une C-trouille à'oro Les '/'iions portent au Caftor de Sable acrQVf-i f'^. une Cabane (ï argent a\x milieu. 4*m éujg. ^ I o Mémoires V., Les Outagamts portent à la prairie de ^ino- ^/e traverfée d'une Rivière ferpentanî en pal, à deux Renards de Gueule aux deux extré» mitez de la Rivière , Chef & pointe. Lts Ponteouatafnis apellez Puants , por-- tent au chien d'^rg-fw/- dormant fur une natte à'or. Ceux- Ci fuivent moins les régies du- Blafon que les autres. Les 0//w?^w//.f portent à l'Ours de Sdbléy déchirant de (es deux pattes un arbre de 5î- mple^ mou (Tu & couché en face. Les Outchipoues apdkT. Sauteurs portent à l'aigle de Sable perché fur le fommet d'un Pvocher d'argent y de dévorant un hibou de GHeuif. Explication des Hiéroglyphes ici dépeints marque quex:'eftjufi:ement à rOrient de ce Village qu'onaété. Car il faut remarquer^ que fi Ton eut marché à l'Occident, les ar-* mes de ces Sauvages feroient placées à l'en- droit ou efl la main, & la main feroit tour- née & placée à l'endroit où iorK ces armcs^ d^ine Cabine & deux arbres, F, A coté de certe Lettre vous- voie» douze marques , qui (îgiiifientxîouze dizai- nes d'hommes comme à la Lettre A. La Ca-* bane avec ces deux arbres étaDt les armei des Tfonontouans , fîgnifie que ce font -des gens de cette Nation. Et Thomme qui pa-i roît couché marque qu'ils ont été furpiis.. - G. Vous volez à coté de cette Lett-e une maflTuë & onze lêces , ce qui fignitîe - qu'on a tué onze Tfonontouans , & les cir.q ' hommes debout fur cinq marques fignifienï autant de dixaines de prifonniens de guerre qu'on amène. H. A côté de cette Lettre vous voicz dans un arc neuf têtes, c'eft àdire que neuf des agreileurs ou du parti vainqueur , que j'ai fupofé erre François , ont été tuez , dfc les douze marques qui paroiiïent au dtflous fjgnifient un tel nombre de blciTcz. J. A côté de cette Lettre vous voiex des, flèches décochées en l'air, les unes dor D E l' a m E R I' Ojy ^« '^^ r^à ks autres delà , qui {ignitient une bonne -défenfc ou une réfiftance vigoureufedepart -& d'autre. K Vous voiez les flèches filant tou- ites d'un nnêmecôiés fupoié que les vaincue l'ont été en fuVant ou en fe battant en re- traite, en confufîon & en defordre. Tout ceci réduit en quatre mots veutdi- -re que i2o. François éz^nt partis de Ai(?wr^,i^ ^u premier quartier de la Lune de Juillet, naviguèrent vingt-un jours : enfuite après avoir tait trente-cinq lieues à pied, ils Iuf- prirent ii o.Tfanontouans à. l'Orient de leur Village , d'entre lefquels onze perdirent la vie & cinquante furent pris, avec perte .de la part des Trançois de neuf hommes Se de douze bleffez ^ le combat aiant.été fort ■ opiniâtre. Nous conclurons delà vous & moi que jnous devons bien rendre grâces à Dieu de nous avoir donné les moiens d'exprimer nos penlées & nos fentimens par le fimple arran- _gemen:de 2 5. Lettres, fur tout, de pouvoir . écrire en moins d'une minute un difcoiirs fdont les Âméricdins ne fauroient donner , l'intelligence dans une heure avec leurs im- pertinens Hiéroglyphes ; le nombre qu'ils en ont 5 quoi qu'allez médiocre , eft capable ■ d'embarrafTer extrêmement l'efpritd'unE»- :ropeen , ce qui fait que je me fuis contenté :d'agrendre les. plus ellenuels plûtôt^pai Jié- ZT4 Mémoires cefîité que par curiofité. Je pourrois vous en voier d'autres aufli extra vagans que ceux- ci , mais comme ils ne vous feioient d'aucu- ne utilité , je m'épargnerai la peine de les ^racer fur le papier , en vous épargnantle jems de les examiner. Je fuis 5 Monfieur , &lc. la manière dont les Sauvages fe régalent , & ' comment ils font cuire leur manger» Ï 'A vois oublié de dire quelque chofe de la manière dont les Sauvages fe régalent, ce qui parmi eux n'eft pas une chofe de peu de conféquence , parce qu'il ne fe fait rien -d'éclatant qu^il ne commence ordinaire- ment par un régal. Qi^and quelqu'un des Sauvages veut ré- caler fes amis il les envoyé inviter de bcn- ne heure, a peu près de la même manière qu'il fe pratique en France , perfonne ne sexcufe de s'y trouver j car fe feroit faire un affioftt de refufer la perfonne qui invi- te; d'oij Ton voit fouvent quetel fort d'un fe{lin,qui du mêmiC pasrentredansun autre. Les conviez étans arrivés à la Cabane de icelui qui régale , l'on met la chaudière fur le feu , grande ou petite, félon le nombre des perfbnnes qu'on doit traiter. Les vian- des étant cuites & prêtes à fervir on avertit DE l' A M E K I QJJ E. 2, 1 5 tout le monde de s'aprocher , en leur difant Saconchetit ^ Siicmcheta ^ c'eil-à-dire , venez au fcflin , venez au feftin. Aufïi toc chicun s'avance , porant en fa main ion Ouragan Ôc fa Miccïne. Ui) Ouragan c{)i une efpece d'é- cuelle faite d ecorce de Bouleau , lemblable aux Gatnelles de bois dont fe fervent les Matelots fur Mer pour manger leur foupe : La Micoine efi une cueillere de bois faite avec un Coiitagan , c'efb-à dire un couteau cro- chu par le bout , dont fe fervent les Sauva- ges pour faire leurs ouvrages de bois. En entraiit dans la Cabane chacun s'adied fur des nattes mifes de côté & d'autre ; les hom- mes piennenr ie haut bout , & les femmes avec les cnfans fe mettent plus bas, tout de fuite. Le monde étant entré on prononce le mot du [eftin ,/après-quoi il nVft plus per- mis à pcrfonne d'y entrer , fuffe même un des conviez , parce que l'on s'imagine que cela porteroit malheur , ou empécheroit l'effet du fiftia qui a toujours fa fin bonne ou mauvaife. Les mots du feflin font N^^- quatre y c'eft-à-dire la chaudière efl cuite. Ces paroles lé prononcent à haute voye par le maître du ftfiin , ou par une autre per- fonne à qui il a donné ordre. Tout le mon- de répond tout haut H.9 , & frape di^ P^"'ing contre terre :,puis il dit Gagnencyoury , c'efl- à-dire le Chien efl: cuit. Il efl à propos de remarquer que le chien "trè M E M 0 I R ES -pafTe chez les Sauvages pour une viande dé- licate , c'efl: le mets le plus délicieux que les Sauvages puiiïent fervir. 11 n'y a point de fe- Hin de conTéquence oii le principal mets ne foit le Chien : Je ne fçîi (i c'eft un bon man- ger, mais les François qui fe font trouvez! ces fortes de régales avouent que cela n'eft pas mauvais. Les Ghicns fauvages ne rciïem- blent aux nôtres que par la facilité qu'ils ont d'aprendre la chaiïe du Cajlar ôcdc VOngnd^ car il tient entièrement de nos Renard?^, ^ont il a route la reflfemblance ; & le froid extrême qu'il fouffi e jour & nuit , couchant en tout temps hors de fa Cabane aufli-bien l'Eté que l'Hiver , ne contribue pas peu à leur rendre la chair tendre & délicate. Le Maître prononce donc tout haut Gagner myourj y il y a un 'Chien de cuit; ou bien Sconontonyoufy ^ il y a un Orignal de cuit-, car il nomme toutes les viandes que Ton fak cuire dans la chaudière les unes après les autres; à chaque fois qui les nomme cha- cun répond H(? , & frape du poing contre terre pour marquer leurs joy es & aprouver rexcellence du feftin. Après cela le chef de la Cabane prend les Ouragans d'un cha- cun, les remplit, avec une grande M/co/w^, des viandes Cuites dans la chaudière , & continue à les remplir tant que ladite chau- dière (oit vuide. il faut aufli que chacun imangece-que l'on lui fert, car s'il ne le fai- fok Ô E l' A M E R I QJJ E. 'et y ifoît pas ce feroit faire honte à celui qui trai- te : Mais fi abfokiment il ne pouvoir pas tout manger ce que Ton a fervi , il ellobli- ' gé de [c racheter par quelque petit prefcne ' qu'il fait au maître de la Cabane. De quelque anîiP.al que (c faiïe le fcftiii » l'on p efentc toujours la tête toute entière ^au premier Capitaine , pour honorer fa ver- tu 6c Ion courage. C'eft aiuli la coutume que celui qui régale o.e mange point pen- dant tout ]e repas , mjiis pour entretenir la compagnie il chante ou conte quelqu^me de fes belles adions'-Js guerre , ou de fes ancêtres ; après que tout eft fait chacun Çq retire fan^ boire , car on n'en prefente ja« mais à moins que Ion n^en demande , ce qui arrive fort rarement , parce que, com- me je l'ai dît dans d'autres endroits , Voa ti'y mange rien de trop falé , & qui exci- te à boire. La nourriture ordinaire des Sauvages eft le pain de bled d'Inde , & h S agami te qui €0 eft faite» Civique famille fubhfte de la pèche ^ Châfle &c de ce qu'elle iémj , aiant au a^it de terre qu'il leur elt néceflaire pour ]i:vt ^propre lubliftauce. Pour manger le bled d'Inde en pain, ils font un peu boilillir le grain dais l'eau; ap:ès quoi ils Veifuyent & le font fecher au Soleil , plus le broyen^ ^ans un grand mortier de bois ^ le petrifliiîi 1 \ 8 M E M O I R E s avec l'eau tiède , Ôc le Ibnt cuire fous la cen- , dre chaude , envelopé des feiiilles du mt- me bled ; & faute des feuilles ils le lavent ' quand il eft cuit. Ils mêlent ordinairement , dans la pâte des fraifes , framboif^s, meures fauvages , bluets , de autres petits fruits fecs . & verds , pour lui donner goût , parce qu'il n'en a pas , & eft fort fade de lui-même. La Sagamitê ^ quMsapellent Otet^ cftcom- pofée de bled d/Lide cru , mis en farine fans en fé parer ni la £eurni le Ion , qu'ils font bouillir affez clair avec un peu de viande & & de poidon , s'ils en ont. Pendant que la Sagamite cun ils ont foin de la remuer iou- vent avec \t Stoça , de peur qu'il ne s'atta- che au fond de la chaudière. La S.igdmité cft toute la nourriture des Sauvages , 6: cû. leur viande , leur pain , & leur-tout , après- quoi il n'y a plus rien à atendre pour le re- pas. Aiiparavant l'arrivée df 5 François dans les païs Septentrionaux, tous les meubles des Sauvaî^es n'étoient que de bois d'écorce ou de pierre : Des pierres ils en faifoient (des haches & des couteaux , & du bois 8c de fécorce toutes les autres uftenciles de ménage ; Mais tomme ils n'avoient pas encore fufage des ch.iudieres avant l'arri-. vée des François , iK creufoient des troncs d'arbres en vormu d'auge , où ils faiioient cuire ou piCuÔL mortitier leurs viandts Ta-nr. u.Faj.aSy ui de- 'Uta ^i i Soleil couchai 1 1 8 Mémoires avec l'eau tiède , Ôc le font cuire fous la cen- dre cÎTaude , envelopé des feiiilies du mt- me bled ; & faute des feiiillcs ils le lavent ' quand il eft cuit. Ils mêlent ordinairement dans la pâte des fraiies , frambojfo, meures fauvages , bluets , de autres petits fruits fecs & verds , pour lui donner goût , parce qu'il . n'en a pas , & ell: fort fade de lui-même. La Sagamhé y qu'ils apellent Otet, cftcom- pofée de bled d.'Iiide cru , mis en farme fans en féparer ni la Reurni le fon , qu'ils font bouillir aifez clair avec un peu de viande & & de poidon , s'ils en 'ont. Pendant que la Sagamite cun ils ont foin de la remuer lou- vent avec \t Stûça , de peur qu'il ne s'atta- che au fond de la chaudière. Li Sagamité cft toute la nourricure des Sauvag.s , Ô<^ cd leur viande , leur pain , & leur-tout , après- quoi il n'y a plus rien à atendrepour le re- pas. Auparavant l'arrivée des François dans les • païs Septentrionaux, tous les meubles des Sauvaî^es n'éîoient que de bois d'écorce ou de pierre : Des pierres ils en faifoient jies haches ^c. des couteaux , & du bois de de l'écorce toutes les autres uftenciles de ménage ; Mais comme ils n'avoient pas encore Tufai^e des chaudières avant l'arri-. vée des François , ils creufoient des troncs d'arbres en (orm. d'auge , où ils faiioient cuire ou piCuôc niorcitier leurs viandes Tarn. a-.Fajiffy Soleil couchaiitr- 1 a q .d fi t F c l i a ^^ .?" IjOÀI des Oui Castors <:i<:^it- _A rr<.^qtunj .s-iir-prciuittt Av venant inc7nuf. r Tf.CkaJlciirj: }-(jsscitiMccs xiaianta la fcncOiih'c ^ . CS^fiivaqc: J^iirpns ctf^aii proicniuicr de ^lu-rre ■ hu. ,■« vcJ d^jf.-ndanlrr .-^7 ai/ pa ^.Iro^iicns us<:]i- - ^urus Canots dcA fitiuinij T.Troejum, Ca!uvi. D s L* A M E R I Q^U E. %ï^ en cette manière : ils failoicnt un grand feu 5 & mettoieiK dedans quantité de cail- loux & de giés , qu'ils jettoicnt cnfuite dans le tronc d'arbre creufé , rempli d'eau^x» dans lequel étoit la viande & le poiilûm qu'ils vouloieot faire cuirco Je fuis » Monfieur > vôtre , Sec. "^ié^ K £ 2. O 3DICT ION AIRE DE LA LAN G U E DES SAUVAGES. .j;^*ig''AURoîsbicn pu vous cnvoicr^un DidionaircHc - S tous les mots Sauvages , fans en excepter aucun, 1 avec piufieurs phrafes curleu'cs , mais cela ne vous eût été d'aucune utilité ; il fuiUt que vous vous voiïeï. les plus ordinaires dont on fc fcrc à tout moment. Il y en a fiiffiramment pour un honimc qui voudroit palier en Canada j car fi pendant la travcrfe il aprcnoit tous ceux cjui font ici , il pour- roic parler & fe faire entendre des Sauvages après les ^voir fréqucntcx deux eu trois mois. • ïl n'y a que deux Mtres Langues en toute l'é- tendue du Caiiada , que je renferme dans les bor-' lies àn'SltuytàcMi/iJJîpt, au delà ^duquel il y en a une infinité d'autres que peu A" Européens ont pu aprendre jufqu'à prcfcnc , à caufe du peu d'babitu- %z qu'ils ont eu avec les Sauvages qui y fbntfituez. Ces deux Mcres Langues , font la Huronne & VAlgonkine. La première fc fait entendre âçs Ira- qucis , n'y aiant pas plus de différence entr'elles que du Normand au François, il y a aulîi des Sauvages qui habitent fur lesCôtes de la Nouvelle Tork qui ont le même langage , à quelque chofe près. Les ^»- dafiogfteronsylzs Torontogueronons^ les "Errieronor, s ^ ôc pluficurs autres Nacions Sauvages que les Iro- qaçis ont totalement détruites , parloient auffi la même Langue , s'erîtcndant parfaitement bien. La Jecoadc Langue cft aulïï cRiméc en ce Pais là que Langue DES Sauvages, iit Îe-Grec & le Latin le font cnliurope , quoiqu'il fcmble que les Algonkins , dont elle cft originaire, la dcshonorent par le peu de gens qui refte de cette Nation , n'étant pas deux cens hommes tout au phis. Il faut remarquer que toutes les Langues de C/s- nad(t , à la refervc de celles dont je viens de parler, ne différent pas tant de l'^/^ij/-^i»e , que l'Italica de l'Efpagnol » ce qui fait que tous les Gucrr'ers& les Anciens de tant de Peuples différens fe piquent de la parler avec toute forte de délicatelfe. Elle cîl tellement nécelîaire pour voia*;cr en ce Païs-là ^ qu'en quelque lieu où l'on puifi'e aller , on ell af- furé de fe faire entendre à toutes fortes de Sauva"» ges , foit à V Acadie , i la B^ie de Hud^on , dans les Lacs & même chez les /r^gom, Langue DIS Sauvasi s. 225 Arriver , j'arrive , Ta'iouchm, Aflez , c'eft aHez , MimtUc, Avare , Safnki^. Aviron , Appoué Auiouri'hui , Ningom, Avoir , Tinduîa. Autrefois , piraonigo. Autre , Coûtai^. Avoine , folle Avoine , inconnue en Europe > Af^- lomtn. Anglois , Ouittfa,' amin': dachtrini. Admiration des Sauvages , c'eft admirable^ FilaoiiXj en ce cas c'eft par dérifion. B. TJ Arbe , Mifchtton. _0 Baril , jioyent^.ra^. Bague , anneau, Dibilinchilifon, Baies , Alomn. Barbue , Poiiton , MafarJie). Batefcu , fjfil à fa'v.- - du feu , S conte': mn. B-Ts , chaulles , Mnas Battre , je bacs , Packité. Brave , courageux Soldat , Simaganis* Beau , Olichtchin. Beaucoup , Nibda. Bien-rôt , bjgatch. Bien , voilà qui eft bien , Oucoiielim, Bien , & bien , & donc , Achimiach, Bois à brûler , Mitti:- Bled d'Inde , Mttamm. Blanc , Oua.bi. Boire , je bois , Mini'^cue» Ben , KoueUtch Borgne , Pas'Angoé. Bouclier , pah.xkoa. Boyau , Olz'.iîch Bouillon , ou {^wc , Oilrd'ou. Bord , de l'autre bord, ou coté , Gx.tmîn' . K ^ 2r^4 D-I CTTONKA IRE DE î. A BqÎlCUX , K^'ùkaté j Bdureille , Chlchigom, ■ \ Brochet , Kjnongé. Bouiflic , on fuc de farine de bled l'Inde , Mii4^ _ 1 ' min^bon-, \ C. Ck^Qt t ^n'imiX y Amik, ^ C.a , or fus , Mmppe. Capot 5 Capotioniam. Canard , Chichip, Cartor , peau de Caftor , Apiminikeue» Canot , ChhTian. Camarade , chez mon Camarade , 'Nitckl , H/-4.. chi^ioue. Cacheté , en cacheté , Kimouch» Cabane , Ouikiouam. Capitaine , Chef , Okimx» C'en cft fait , Chuyé. Cerf , Micheoné. Cendre , poudre , pouflicre , Vingoê, Cela , Manda, Cckii la , M Ah A,. Chauderon , Ahi^ons, Chaudière , Aj^ik Chevreuil , Aouas{(ch. Chcmife , Papa'xtoutan. Challcr, je chailc , ijeujfe. Chercher , ]e cherche Nantaotterims, ._ Chemin , Mtck.in. Chaud , Autchatté, Cheveux , Lijfis. Chez moi , 'Entayctn'i, Chien , Al.m . Petit Chien , Alimons, Chacun , - epegi,i. Changer , je change, Mifconfch * Ciel , terre d'enhaut , Sptmmka,.&Hîni. Corps , Ydo, î. ANGU E DES S ATIV \ GES. ^2^J, Connoître , je connois , Ki'^erema^ Coucher , Outpemd. Comment , Tant, CoLueau , Moc'-.oman. Couteau croc lui , Cauta^an» Courage , ysi courage , Tagouamtjjt. Couverture de laine blanche , OHabionian, Combien , TantxfoH ou 1 (inimiltk. Courir , Vitchibut» Cul , Mislioafaif. Culote , circonlocution , ce qui cache le cul , r\,«4 pol-itie ]\pafaé>. Champs enfem^ncez , ^itteganink Chanter , Chichin. Conftruirc Vailîcaux ou Canots, Chimfinikf^ C * , Masliimout» Croire , Tt\eriwa. Cueiliiere. j Miekouan. D. DAnfcr , je danfe , Nimi, Danfe des Sauvages , au Ton Jes calebafTcs, Chichilyue. Darder , je darde, terme ufitc pour dire , &c. VfA* chipaoua. D'abord , Outhuttch. DMiberer , réfoudre , je détermine , TihelinÂn^^ " Dérober , J^oir de l'efprit , JsihouAchA. Ef^rit , intelligence 5 être invifiblc , M(tnit9ff, Efclavc , OK^c':an. Etoile , Alan . En deçà , Vndachdthi. Bgal , feinblablc , l'un comme l'autre , lahiff €outch, Eturgeon , poiflon , Lame'\ Etonnant , c'eft étonnant ou admirable , Zttemi, F. F Aire , je fais , Tochiton Fatig^uer , ]t fuis fatigué , Ta oufi, . Faim , j'ai faim , Pac':até» î^icher , je rae fâche , Iskattffi. îaire ou tirer du feu d'une pierre , Scouiechi. faire la cuifîac , ]t fais chaudière , terme , TtH^. Séioue. Langue des Sauvages. 217 Fer , TioHi-tbi .• Femme , Ic^oue, Fille , IckoueJl'ens Fort , forEcrellc , Ouac' ai^an. Fore , ferme , dur, Michkaona. Fore , homine de force , M^ch Kaoue^, Fourche , Najj'aoufi[oHaî. Frerc , Nic^inich. France , Pais des François , idiftigotiLhioHe\ tnd4* lakiam. Froid , avoir froid , Kikatch. Fuzil , Fas':ifiiKan. Famcr , je fume du tabac , Penta'oi. Fumer , faire fumée , Sagajfox, François , apcilez conftrudtcurs de VaifTeaux , MtttU goHsh. Fils , eafant , Nitianis. Fortifier, je fais des forts , Ouac' ai'.:t G. C> Arder , je confcrve , Ganaouerim», I Gagner au jeu , je gagne , Packitarp. Grand , en mérite , valeur , courage , &CC. Kitchi» Grand , haut MentttoH. Gouverner , je difpofc , JibtrimA, Graifl'c , Pimite. Gens , peuples , Iriné. Guerre, Nonfobali. Guerriers , N>inîobalftchi'^. Gouverneur Général de Canada, Jr»/f^; o' ima firnnr» ganich , c'eft-à-dirc , grand Capitaine de guer ■ m ,ûi:grxnd Chef des Soldtits Guerroyer, faire la guerre, Nanîotfbalima, Geler , l{t^m. îi géle fort , Kiffims magat. H. HA''r , j'abhorre , Chinguerimx, Hache grande , Agacl^outt. Hache pscitc , Agaçkonetons, K C ^î8 Dictionnaire de t Ji, . Haut , en haut , Sfimink. Herbe , Myask, Hiver , Pipoupi. Hier , Fitchilago. Homme , Alifinape. Honorer , Macï^nou^la, Hiverner , je pafTe l'hiver , P'tpsumcbs, Hurons , peuples , Nadouek. I. ÎRoquois , au plurler , MfttchînAdoae\^ Jamais , )^aonfc''>, dmmcioîiPi. Moirié , N^6'/>/. Mal, cela va mal, cela ne vaut rien, Napitcb-^ Malatat. N. NOn nennî , Ka. Nez, Yach. Nouvelles , Tépatchimou ^ 'Kan. Nouvelles, je porte nouvelles, Tépatkhi??Sût'U . Nuit, Debikat. .. Noir, Mackxte. Nager , ramer. Tafoue. Naviguer , je navigue , Pimifca. O, Oui , Ml ou MinJiOHti. Oui fans doute , vraiment oui j AnU Q.U ^i^t^j^ i^o Dictionnaire de la Oifeau , Filé, Orignal /- Elan , Monsi Ours , Mackoua. Ourfin , petit Ours , Makons, Où.eft-ii ? De quel côté eft-il ? Tanipi apL D'où viens- tu i" De quel côté viens-fu f Tanipierk^ dayen-r. Où vas-tu ^ de quel côté vas-tu? Taga, KitiJA. Orignal , jeune & petit , Manichich, Où , Ta. P. PArlcr , Gâ,loula, Pain Pa bonchikan. Part , en quelle part , Tanins» Pais , JEndalahian^ Paix , ?^/j^. Paire la Paix , Ve\a>HhL - Parent, Taouema. Payer, je paye , Tipaham, Pas encore , ^4 Mafchi. Parce que , ou , d'à itanc que , Mîommh^ Parefieux , Yiittimi. Perdrix , Piiefioue. . Peau , Packtkin. Perfonne , Kagouetkh ou Kaoit^<*. Pcrifer , avoir opinion , Tileltndfm^ Petit , Ouaûiloucheins. Pcre, mon père , Noup;é. Pendant que , Megottîih. Peu , Me Mungis, Peine , être en peine , ctrc inquiet , Tdimijll. Piflcr , Mtnfi. Pile, mortier de bois à piler da bled d'Inde , j|*«- tagan. Pitié , avoir pitié , Chx&utnma^ rt?siua{;Gr, , Ttrengan, Pierre , ajftn. Pipe, calumçt, foaga^, , Langue DES Sauvages, 23 % f luyc , ILimtou^n. . Plein , Mousktneî. Plat d'Erable , Sonh ' Mickoan, Puis , enfuicc , Mipidach. Poltrons , Kikons, poiflons blancs , Attikamek» Pourcclaine , grain de poiircclaine 3 Aomi^ Point à\i tout , Kjitna.77undn, Poil d;s animaux, PioUel. Portage , Cappatagan. Porter , Pitou, ou Pita, Pourfuivre , Nopinala- Point du tout , Ying^ouetch, Pourquoi, Taninentien. Poudre à tirer , Pingoe Mach/tie, Prendre, je prens , Takounan. Printemps , Mirockumink, propre , Safega, Prier Dieu , TaU^ntu Kitchi Manitetii Proche , Pechouetch. Perdre au jeu , je peis , Packilague. QUi eft-ce ? Ouaneouiné. Qui eft celui-là ? Ouaneoniné hâàlA^ Qii'.y-a-t'il f Keliouanen. R. RAcinc , Otijiihoues. Raifon > avoir raifbn , Tepi^. Rencontrer , Nantounêou». Repofer , Chinkchtn. Reo;arder , Ou^tbemo. Regretter , GoiUlomUt Rivière , Sipim. Rien , Kakegofé» Rire , Kapi, Robe , Ochola. Jkoi cie France , grand Chef des François , Mstfig^ft » 2 ^'1 D I C T T O îT N'A î R E DELA Rouge , couleur , Mif^oue. Rouge , poudre rouge ediméc des Sauvages , 0/r^s-j lamar. Kcnzïà j Outagami, •- Raifin , Choem^n. Refpedle/ , Tahmis^-a. S, SAc ,' M as'; moût. Sachet à tabac , Kftfpitagani Sans doute» Anîetatoubfj» ■ Sang 5 Mifl^otie. Saluer , Mackaoîd^. Sable , Negaa-. Savoir , ¥j{^erind:tn. Soldat , Simagunicr). Soleil , Kjfu Souliers , Mackifin, Suer, Maîotuoii. Songer , penfer , TileUnday^. -"' T, TAbac , SemA. Talfe d'écorce , OuUgan» Terre , Acîis ou Ackomn. Tête , ■Ùujh.i\ouan. Tems , il y a long-cems , Chachaye ^hf^nlg^n,- : Tout par tout , Alonch, hogo^ Tomber , Van' ijin. Tourterelle , hâ.imi, . Toujours , Ka\ell. Tout , Ka,)(inx. Troquer , Tataouan, Très - fort , Magat . Trifte , être crilb , TaliJJim^o. • Trouver, Nantouneoua. Trop, Ojfam. Trop peu Offame mangi$t, . Tser i Nifft. j Jica , pxcn , ZmanâHi. Langue des Sauvages. 2^. Tèirs , Miffouîé. V. VAiiFcau j ou grand Canoc , Kitcht Chiman. Valeur . c'eft de valeur, de conféquencc, &C. - Vcrfer , Sihikinan. Vérité , en vérité , Kjkeî. . Vent , Loutin. Ventre , MifchimoHt, Venir , Pi?nittchx, Vite , Ouslthik. Village , Ouden-'ink. Vin , (uc ou bouillon de raifîn î Choimin ahcu*. Vifiter , rendre vifîtc , Pimiiœtijf^, Vieux , Ktouecheins. Vivre , Noutchimopi, Viande , Outas. V ^ , Patchagon. Voilà qui ePc, bien , OueoiiUm. Vokr , piller, dérober ^ F^mouSin^. Voir , Ounhemo Vouloir , Onifch. Vie, Noutchimouin. V Y. I Euft, Oîiskinchîk. Je me contente de mettre ici feulement les qua^ tre tems de l'indicatif d'un feul verbe, fur quoi on pourra fc régler pour tous les autres. J'aurois bien pu m'étendre un peu plus fur cette matière i mais il y auroit tant de chofes à dire qui m'entraîne-* ■ roicnt de l'une à l'autre , qu'il faudroit à la fin me I léfoudre â faire une Grammaire en forme. Aimer, Sa{i(i. Prefent. 3'aime , Nifa^ia. Tu aimes , ]^i f^{ia. ^ Il aime , Ou /«4?V» ,• 2^4 Dictionnaire delà Nous aimons , Ni ja'dAmin. Vous aimez l\ifakiaoHa. Nous & vous aimons , i\tfal^ia?mKaûuJ^, Us aiment , SAkiaoua';, Imparfait. J'aimois Ni frlïxbctn. Tu aimois , 1 t fr/i^han. 31 aimoit , Cn j.\ki^-han. Nous aimions , Nt [Al-tamincihxn. Vous aimiez . H^t [a.. ïnoiiiihAn. Nous & vous ajinions , Ki fakiminouaban. Ils aimoient , Sa.jabani[, J'ai aimé , Ni kifal^is. Tu as aimé , l^i hfakia. Il a aim^ , Ou kifal-ia. Nous avons ï^imé , Ni ' ifa' iawm. Vous avez aimé, r t kiaff.^'tArjùn Nous & vous avons aimé . ,J >jfii iaminaonf^» Ils ont aimé , Kifaktao^aç. J'aîmerai , Ning.ifa'ia, Tu aiiiieras , J^i gafa ta. Il aimera, C» gafakin. Nous aimerons, Nin gafa' iamin, "Vous aimerez, Ki gafa taoua. Nous & vous a merons , / gffiffi[iamina0ua^ '^h zlmçiont , Gafal^iaouak. Aime , A f al; ta, Aimons , Jf^.{iata, i*. l'cgard rîes noms ils ne fe déclinent point , îe plurier fe forme d'un , c\-n finit cn voyelle à la fin du mot , par exemple : Altfincipe , c]ui fî- gnifie un homme j on dit au plurier Alifinane!; , c'cft-à-dire, àçs hommes ; & s'il finit par undi confoiic, on n'a qu'à ajouter ik ^ par exemple »?#-' r AN GUE DES S A U VA G E S. 2^t ^^j^fîgnifie une Ifle , auquel mot pofanc i^ à ÎJt ^n ) On trouvera AàiniJJtk , qui font des Ifles. Ce «icme que Pas ifi lan , qui fignific un fufîl au (in* g^ilier , & Fasl^ifigAnili , des fufils au pluricr. Maméve de compter des Algonkins. UN , Tcglk^ Deux . Ninch. Trois , Nijfoae. Quatre , Ntou. Cinq j K ^ran. Six , Ningo-4touajf9ii. Sept , Ninchounijon. Huit , Nîjfoucjfou. Neuf , ChdngajJ'oa. Dix j Mitîajfoti. Onze , Mittajfiu , z?*;/?/ , fegl\* Douze , Mitajfo'i acht ntnch. Treize, Mïtajfou. acht niffoue. Quatorze , Miiaffou ^chi neou. Quinze, Mitaffou achi nar^n. Seize , MitaJfoH Acht ningotouAfftu. D"x-fepr , Mit^.ffôH nchi ninchounffoii*. Dix-hu:t , Mitajfou achi niJfonaJfoM» Dix-neiif, Mtr^^JJeu acht cha.-.gajfotê^ Vingt , Nmchîanx, Vingt-un , Ninchrana acht pegi^. Yingc-denx, Niruhtan^ acht ntr.ck» Yingt'tro's , N'nchc na fichi niJJoue„ Vingt quatre , Ninchtana acht ntoii. Vint-cinq , Ktnchtana arhi naran. Vingt- fix , Ninehîanat acht ningotouajj'oii. Vingt fept , NinchtAn.x acht hty.çhoaffoté. Vingt-huit, N^uht^na acht mjfo.ijfo. Vingt- neuf , Ninchciiaa acht changajfc. . Trente , Nijfouemïtxna. Trence-un, NtJfoi^èmUana acki ^egi^y ^§^ 2 3^ D î C T T ONNAîRE DE LA Quarante , Neoumitana. Cinquante, Naran tnitaria. So-ixante , NtngoHîoua(Joii mït:tna» Septante , Ninchouajfou Tnitana.- H-uItante , Niffou.ijjou mitAna. Nonantej Chan^a-jJ&n mitmi^% Cent, MitaJToii mitAn». Mille , Mitajfoii miîa,ffou mita.n,%. Q^iand on (çaura une fois compter jufques à cent^ on pourra facilcme:it compter par dixainesdc mille Jufques à cêni mille , cjui eft un nombre quafi in- connu des Sauvages , &: par conféquent inuiice en leur Langue. Au rcde , il faut prendre garde de bien pronon^ cer toutes les lettres des mots , & d'appuyer fur les A , qui fe trouvent à la fin. On n'a pas de peine -à le faire , car il n'y a point de lettre du gozier ,iii du Palais , comme k / confone des Efpagnals j letir g GU leur X , non plus que comme le th des Art- glois , qui met une langue étrangère à la torture. Je dirai de la Langue dcsHurons & des Iroquoîs une chofe allez curieufe, qui eft , qu'il ne s'y trouve point de Izxutslab'n^les ■, c'eft à ûlïtàth ^ f ^ tn, p^ Cependant cette Langue des Hurons paroït être fore belle & d'un Ton tout a fait beau 3 quoi qu'ils ne fer- ment jamais leurs lèvres en parlant. Les Iroquois s'en lervent ordinairement dans leurs Harangues , Se dans leurs Confeils , lors qa'ils en-, trent en négociation avec les Frarifois où les An- glais. Mais entre eux ils ne parlent que leur langue maternelle. Il n'y point de Sauvages en C«w^^^ qui veuillent parler rrarifois , à moins qu'ils ne crovent qu'on pourra concevoir la force de leurs paroles , rcUé- ment qu'ils le veulent bien lavoir avant que de s'cx- pofer à vouloir s'expliquer, à moins que la néceJÎî- té ne les y oblige , lors qu'ils fe trouvent avec des Gçurcurs de bois .qui n'entendent pas leur Langue. "Langue des Sauvages. 2 ^17 Je dis donc , pour reveaiî à celle des HuYons 3 ^ue n'ayant point de lettres labiales , non plus c]ue les Iroqnois , il efl: preirpe impo/Tible que les uns ni ks autres pu-iTcnt jamais bien apprendre îe François. J'ai pafle quatre jours à vouloir faire prononcer a à^sHi*- . 70ns les lettres Uxbtciles , naeis je n'ai pu y réulFir , & je crois qu'en dix ans ils ne pourront dire ces mots , Bon , Vils, Monfieur , Fontchurtrain ; caf au lieu de dire Bon , ils diroient Ouon , aj lieu de 'Vils , ils prononceroient Rils i au lieu de Monfietir , Caounjieur ^ au lieu de Ponichartrain , Contchnf train. J'ai mis ici quelques mots de leur Langue , afin que vous voicz par curioiïté la différence qu'il y a ds-îa précédente i celle-ci , dont vous pourriez faire telle remarque qu'il vous plaira. Au rcitc , elle fe parle avec beaucoup de gravité le prcfquc tous les mots ont àcs afpirations , l'-î^ devant être prononcée le plus qu'il eft polTiblc. Je ne fachc point qu'aucune Langue Sauvage de Canada ait de l'F. Il eft vrai que les Ejfanapés & les Gnacfitares en ont i mais comme ils font fituez au . '^clà du Mijfijftpi fur la Rivière Longue , ils font au** delà des bornes du Canf^da, Quelques mots Hurons. A Volt de l'efprît , Hondioni^, Efprit . Divinité , Oc{L Le feu 5 T/lJha. Le fer , Oouijla. Femme, Ontehtien, .îufil, Ouraouenta. Se fâcher ,^ être fâché , Oungfirotil^, Il fait froid , Outoirha GrailTe , S^oueton. Homme , Onnonhout' Bicr , Htorheha. 2X^ Dt'-ttoMN AIRE DE L'A je fuirc , Tftflafit, JLoin , Deherén. Loutre , Taouinet, Non , StAA Oui , Endae. Caîumec , pipe , G^tnnondnoUfi. Froche , Tous' einhia. Sol-iats , Shjnragnetté. Saluer Ignoron. Des Souliers, Arrachiotc. Je trafique , Attendinon. Tout à- fait , Tiaotindt, Tous , Aouetti. Tabac , Gyngoua. . C'cft de valeur , difficile /de confec[ucnCê , 'G-«»3' noYon. S'en aller , S(tYa,s\ou(i. Avare , Onnonflé. Beau , propre , Akouafii. Beaucoup • Atoronton. Voilà qui ç[[ bien , Andeja* Je bois , Ahirrha. Bled d'Inde , Ofineh/t. Des Bas, ^rrhich. Une Bouteille , Gatfeta. Brave , qui a du cœur , Sovgùitehi^ C'en cft faic , ffouna. Mon "^rere , Yaf/l. Mon Camarade , Tattarc, Le Ciel , Toendi. Cabane , HonnonchtA^ ■ Cheveux , Eonhora, Capitaine , Otcon. Cil" en , /^<^nierr)n. Doucement, Skenonhdi Poux , Sî^en^n. Je d:s , Aîfztia. .••^i ^. 5*w'' ^-